Explosion au passage d'un convoi de l'ONU, six soldats syriens blessés
AFP
Deraa (Syrie) - Une charge a explosé mercredi à l'entrée de la ville de Deraa, dans le sud de la Syrie, au passage d'un convoi d'observateurs de l'ONU à bord duquel se trouvait leur chef le général Robert Mood, blessant six soldats de l'armée régulière, selon un photographe de l'AFP.
C'est la première fois qu'une explosion se produit au passage des observateurs déployés depuis le 15 avril en Syrie pour y surveiller un cessez-le-feu continuellement ignoré, même si le photographe a précisé que "la charge a explosé après le passage des quatre véhicules de l'ONU".
Derrière ces véhicules se trouvaient ceux de l'armée syrienne et des journalistes qui ont été "projetés en l'air", a-t-il souligné, ajoutant que six soldats avaient été blessés.
Le général norvégien Mood était accompagné par plusieurs officiers, dont son porte-parole Neeraj Singh, mais aucun d'entre eux n'a été blessé. Les journalistes aussi sont sortis indemnes malgré la force du souffle.
"Avec ces explosions, le régime veut éloigner les observateurs du terrain alors le peuple syrien demande qu'on augmente leur nombre", a indiqué Samir Nachar, membre du bureau exécutif du CNS.
Il a accusé le régime de vouloir "corroborer sa théorie sur la présence de terroristes et de salafistes en Syrie, ce qui est contraire à la réalité". Le régime, qui ne reconnaît pas la contestation qu'il réprime dans le sang, accuse depuis mars 2011 des "terroristes" de semer le chaos.
Ailleurs dans le pays, les troupes syriennes pilonnaient Douma, près de Damas, ignorant toujours le plan de Kofi Annan, jugé par l'émissaire international comme étant probablement "la dernière chance d'éviter la guerre civile" dans le pays.
M. Annan, qui a défendu son plan de paix mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU, a reconnu qu'il était "très difficile de convaincre" le régime de Bachar al-Assad et la rébellion de déposer les armes.
De fait, la répression et les combats a fait plus de 800 morts depuis l'annonce du cessez-le-feu le 12 avril, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Mercredi, trois membres des forces gouvernementales et un civil ont péri dans de nouvelles violences.
Avertissant que sa mission "n'était pas illimitée dans le temps", M. Annan a néanmoins signalé que "ce plan reste l'unique chance de stabiliser le pays", malgré "l'inquiétude profonde" de le voir "s'enfoncer dans une guerre civile complète".
Son porte-parole a écarté la possibilité d'une deuxième visite de l'émissaire dans l'immédiat à Damas, après celle en mars.
Interrogé sur les législatives qui se sont tenues lundi en Syrie sur fond de violences, M. Annan a répondu que le gouvernement devrait comprendre qu'il "faudrait peut-être de nouvelles élections".
Selon lui, la consultation n'est pas celle qui est prévue dans son plan de paix, qui préconise un "dialogue" entre gouvernement et opposition.
En Syrie, le dépouillement des voix se poursuivait toujours deux jours après un scrutin qualifié de "mascarade" et de "farce" par l'opposition et la communauté internationale.
"Nous ne pouvons pas encore fixer une date pour les résultats des législatives", a indiqué à la télévision publique le chef de la commission électorale, indiquant qu'un nouveau vote devrait encore avoir lieu mercredi à Hassaka, dans le nord-est.
Constatant qu'il "y a toujours de sérieuses violations" même si "l'activité militaire a légèrement diminué", M. Annan a appelé à "arrêter les tueries". Il a réaffirmé que les violations étaient commises aussi bien par les troupes que par les rebelles.
Selon des diplomates qui ont suivi son intervention à New York, M. Annan a exprimé la crainte que les violations des droits de l'Homme, les arrestations et les tortures "ne s'intensifient". Des personnalités connues pour être des partisans de la non-violence ont été arrêtées, a-t-il noté.
A Genève, M. Annan a indiqué qu'il espérait que les 300 observateurs de l'ONU seraient tous déployés d'ici la fin du mois, estimant qu'ils "auront à ce moment là un impact bien supérieur".
Soixante-six observateurs sont actuellement sur place, répartis en six endroits du pays, a précisé un porte-parole du département des opérations de maintien de la paix de l'ONU, André-Michel Essoungou.
De son cô té, le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a noté une "réduction sensible" de l'utilisation des armes lourdes par l'armée. Mais des opérations militaires plus discrètes continuent, ainsi que des vagues d'arrestations à grande échelle, a-t-il ajouté.
"Les Etats-Unis restent déterminés à accroître la pression sur le régime (du président) Assad et sur Assad lui-même afin qu'il quitte le pouvoir", a pour sa part affirmé l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice.
Près de 12.000 personnes, en majorité des civils tués par les forces gouvernementales, ont péri en Syrie depuis mars 2011, selon l'OSDH.