Festival de Cannes: Les séries, l'avenir du cinéma ?
AFP
Paris - Deux séries figurent cette année dans la sélection officielle (mais hors compétition) du Festival de Cannes, temple du cinéma d'auteur. Une consécration pour un genre qui a conquis tous les publics et abolit peu à peu la frontière avec le 7e art.
En signe de filiation, ce sont deux séries de réalisateurs de cinéma primés à Cannes qui auront les honneurs de la Croisette : la saison 2 de "Top of the Lake", de la Néo-Zélandaise Jane Campion, seule femme à avoir remporté la Palme d'or ("La Leçon de piano", 1993), et la 3e saison de "Twin Peaks", de l'Américain David Lynch ("Sailor et Lula", Palme d'or 1990), 25 ans après les deux premières.
Une exposition inédite même si, en 2010, Cannes avait accueilli "Carlos", mini-série de trois épisodes d'Olivier Assayas.
D'autres grands festivals de cinéma leur ont déjà entrouvert leurs portes : l'an dernier le festival de Berlin, avec désormais une section dédiée, a fait projeter en séance spéciale les premiers épisodes de "Night Manager", série inspirée de John Le Carré, et la Mostra de Venise a montré le début de "Young Pope", de Paolo Sorrentino.
Aux Etats-Unis, les Golden Globes récompensent à la fois des films et des séries depuis 1962 et, depuis cette année, les MTV Awards, rebaptisés MTV Movie & TV Awards, récompensent à la fois films et séries.
Pour l'instant, Cannes ne mélange pas les genres. Mais l'an prochain, la ville accueillera un festival dédié à ce format: "Cannes Series", soutenu par Canal+ et dirigé par l'ex-ministre française de la Culture Fleur Pellerin.
Autant de signes du poids croissant des séries par rapport au monde du cinéma, en termes de spectateurs, de budgets et d'influence culturelle.
Émancipées de la télévision, elles se consomment largement sur internet, jusqu'aux téléphones portables, grâce à de nouveaux services illimités comme Netflix, CanalPlay, Amazon Prime, SFR Play ou Hulu. De quoi conquérir des dizaines de millions de spectateurs, plus qu'aucun réseau de salles. Elles se consomment à la chaîne et captent une bonne part du temps de loisirs.
Aux Etats-Unis, le nombre de séries produites par an a plus que doublé depuis 2006, passant de 192 à 455 en 2016, selon FX Research. Et une sur cinq est produite par un service de vidéo en ligne.
Leur budget peut en outre dépasser ceux des films : Netflix investit des milliards dans des créations originales. Selon le magazine Première, "Marco Polo" a coûté 9 millions de dollars par épisode, "The Crown", sur la vie d'Elizabeth II, 14 millions de dollars, soit neuf fois plus que "Moonlight", Oscar du meilleur film 2017.
En France, Canal+ a déboursé près de 3 millions d'euros par épisode de "Versailles".
Des budgets permettant d'attirer des stars d'Hollywood : Matthew McConaughey dans "True Detective", Anthony Hopkins dans "Westworld", Nicole Kidman dans "Top of the Lake" et "Big Little Lies"...
Les séries n'hésitent plus non plus à décliner de grands films, comme celle tirée de "Fargo" des frères Coen. Les sagas littéraires sont aspirées, comme le cycle de "Fondation" d'Asimov, transposé en série en 2018 sur HBO.
Et à l'inverse, le concept des épisodes contamine l'édition et le cinéma, comme pour les films de "Harry Potter".
"Vouloir créer des scissions entre le cinéma et les séries, c'est tomber dans un débat daté", résume Pierre Langlais, spécialiste des séries à l'hebdomadaire culturel français Télérama.
"Il y a bien longtemps que les deux formats dialoguent. Hitchcock faisait une série il y a plus de quarante ans, et des légendes comme Steve McQueen ont fait leurs débuts à la télé. Aujourd'hui, les cinéphiles qui dénigrent les séries sont minoritaires, et presque tous les +sériephiles+ sont des amateurs de grand écran", assure-t-il.
"La série n'est pas la +petite soeur+ du film", conclut cet expert. "Elle est son compagnon, et n'a aucune raison de ne pas être considérée comme son égal".
Une exposition inédite même si, en 2010, Cannes avait accueilli "Carlos", mini-série de trois épisodes d'Olivier Assayas.
D'autres grands festivals de cinéma leur ont déjà entrouvert leurs portes : l'an dernier le festival de Berlin, avec désormais une section dédiée, a fait projeter en séance spéciale les premiers épisodes de "Night Manager", série inspirée de John Le Carré, et la Mostra de Venise a montré le début de "Young Pope", de Paolo Sorrentino.
Aux Etats-Unis, les Golden Globes récompensent à la fois des films et des séries depuis 1962 et, depuis cette année, les MTV Awards, rebaptisés MTV Movie & TV Awards, récompensent à la fois films et séries.
Pour l'instant, Cannes ne mélange pas les genres. Mais l'an prochain, la ville accueillera un festival dédié à ce format: "Cannes Series", soutenu par Canal+ et dirigé par l'ex-ministre française de la Culture Fleur Pellerin.
Autant de signes du poids croissant des séries par rapport au monde du cinéma, en termes de spectateurs, de budgets et d'influence culturelle.
Émancipées de la télévision, elles se consomment largement sur internet, jusqu'aux téléphones portables, grâce à de nouveaux services illimités comme Netflix, CanalPlay, Amazon Prime, SFR Play ou Hulu. De quoi conquérir des dizaines de millions de spectateurs, plus qu'aucun réseau de salles. Elles se consomment à la chaîne et captent une bonne part du temps de loisirs.
Aux Etats-Unis, le nombre de séries produites par an a plus que doublé depuis 2006, passant de 192 à 455 en 2016, selon FX Research. Et une sur cinq est produite par un service de vidéo en ligne.
Leur budget peut en outre dépasser ceux des films : Netflix investit des milliards dans des créations originales. Selon le magazine Première, "Marco Polo" a coûté 9 millions de dollars par épisode, "The Crown", sur la vie d'Elizabeth II, 14 millions de dollars, soit neuf fois plus que "Moonlight", Oscar du meilleur film 2017.
En France, Canal+ a déboursé près de 3 millions d'euros par épisode de "Versailles".
Des budgets permettant d'attirer des stars d'Hollywood : Matthew McConaughey dans "True Detective", Anthony Hopkins dans "Westworld", Nicole Kidman dans "Top of the Lake" et "Big Little Lies"...
Les séries n'hésitent plus non plus à décliner de grands films, comme celle tirée de "Fargo" des frères Coen. Les sagas littéraires sont aspirées, comme le cycle de "Fondation" d'Asimov, transposé en série en 2018 sur HBO.
Et à l'inverse, le concept des épisodes contamine l'édition et le cinéma, comme pour les films de "Harry Potter".
"Vouloir créer des scissions entre le cinéma et les séries, c'est tomber dans un débat daté", résume Pierre Langlais, spécialiste des séries à l'hebdomadaire culturel français Télérama.
"Il y a bien longtemps que les deux formats dialoguent. Hitchcock faisait une série il y a plus de quarante ans, et des légendes comme Steve McQueen ont fait leurs débuts à la télé. Aujourd'hui, les cinéphiles qui dénigrent les séries sont minoritaires, et presque tous les +sériephiles+ sont des amateurs de grand écran", assure-t-il.
"La série n'est pas la +petite soeur+ du film", conclut cet expert. "Elle est son compagnon, et n'a aucune raison de ne pas être considérée comme son égal".