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En s'apprêtant à célébrer du 25 au 28 courant, le 15ème anniversaire du Festival des Andalousies Atlantiques, Essaouira met en avant, avec fierté et détermination, sa vocation d’espace privilégié d’ouverture humaniste et d’écoute respectueuse de l’autre.
Pour ce rendez-vous automnal tant attendu par les férus de la bonne et originale musique, l’Association Essaouira-Mogador a choisi, cette année, encore de relever ce défi porté par une équipe militante et engagée pour aller de l’avant et défendre la vocation universelle à laquelle Essaouira a choisi d’identifier sa destinée.
C’est cette histoire que le Festival des Andalousies Atlantiques a choisi de raconter au fil notamment, des traditions musicales du judaïsme du Tafilalet et des pièces les plus symboliques du Melhoun, du Chgouri ou du Matrouz judéo-arabe. Une histoire emblématique du vivre-ensemble en terre d’Islam. Une histoire qui ne veut pas être celle de la nostalgie le temps d’un concert mais, une histoire qu’Essaouira a choisi d’écrire au futur, un futur incarné depuis 15 ans par ce Festival comme aiment à le répéter les responsables de l’Association Essaouira-Mogador.
En portant haut les couleurs de la diversité culturelle, pilier central du Maroc de la modernité, Essaouira donne ainsi une nouvelle jeunesse à son histoire enracinée dans une mémoire judéo-musulmane, nourrie au fil des siècles par la proximité et l’échange.
C’est tout le propos du Festival des Andalousies Atlantiques, rendez-vous, désormais, incontournable de l’agenda culturel et artistique du Maroc et qui pour cette quinzième édition, a choisi à travers douze concerts de laisser la place la plus large à l’inédit et à la créativité.
Essaouira va ainsi, et entre autres, réussir l’exploit de donner rendez-vous sur la même scène à Raymonde El Bedaouia et à Hajja El Hamdaouia, accompagnées par le Maestro Ahmed Cherkani à la tête de son orchestre. Ces deux icônes de la scène marocaine n’ont jamais chanté ensemble. Il fallait Essaouira pour oser ce rendez-vous qui fera date.
Cette édition sera aussi maghrébine autour de la grande Hayat Boukhriss que chacun connaît et qui invitera sur scène et à ses côtés Rym Hakiki venue d’Alger et la Tunisienne Syrine Benmoussa. Trois grandes dames qui ont le talent de nous dire, chacune à sa façon, notre Maghreb réuni dans un répertoire qui ne connaît pas de frontières.
Autre moment d’exception à l’espace '’Monde’’ de Dar Souiri pour revivre le legs de deux des plus grands poètes andalous, Ibn Arabi et Ibn Gabirol. Un concert à deux voix, celle de Said Belcadi, maître du Madih et du Samaa au Maroc et celle de Curro Pinana, l’héritier du canteminero en Espagne.
Auparavant et dès la soirée d’ouverture le jeudi 25 courant, cette édition hors normes nous aura proposé sur la scène du grand chapiteau de la Place El Menzeh, un concert grandiose avec près d’une centaine de musiciens et chanteurs dirigés par Anass El Attar à la tête du légendaire orchestre Mohamed El Brihi.
Avec son Rbab du 18ème siècle, Anass El Attar et ses musiciens accueilleront l’imposante chorale des «Mélomanes de la Musique Andalouse» qui sera rejointe par le Mounchid Ahmed Marbouh et les Cantors Benjamin Bouzaglo et Hay Korkos avec à leurs côtés, la diva du Melhoun Sanaa Marahati, pour donner à ce premier concert les accents et les mots du répertoire de Samy Al Maghribi, Albert Suissa et Salim Halali.
Ouverture en fanfare donc, clôture en apothéose, sans compter ces rendez-vous «Au-delà de Minuit» que les habitués connaissent bien avec, cette année, une quarantaine de maîtres du Madih et du Samaa qui rendront hommage à Abdelmajid Souiri, un fils de la cité, grand artiste qui nous a quittés le 2 avril dernier.
Dimanche prochain dans la matinée, avant de se dire au-revoir, en première au Maroc, projection à Dar Souiri du film de Hanna Assouline «Les Guerrières de la Paix», qui sera suivie d’un débat.
C’est dire que tous les ingrédients sont réunis pour une édition exceptionnelle, une édition de toutes les promesses.