Feu vert de l'UE à l'achat controversé de BSkyB par News Corp

AFP

Bruxelles - La Commission européenne a donné mardi son feu vert sans conditions au projet controversé de News Corp, le conglomérat du magnat des médias australo-américain Rupert Murdoch, d'acheter complètement le bouquet satellitaire britannique BSkyB.

Feu vert de l'UE à l'achat controversé de BSkyB par News Corp
La Commission estime en effet que l'opération ne présente pas de dangers pour la concurrence en Europe, dont elle est la gardienne.

Bruxelles précise que "ses conclusions portent uniquement sur les aspects liés à la concurrence de l'opération envisagée", et pas sur ceux de la pluralité des médias au Royaume-Uni, selon elle "du ressort des autorités britanniques".

Son autorisation "ne préjuge en rien de l'issue de l'enquête ouverte par les autorités britanniques compétentes pour examiner la compatibilité de l'opération avec l'intérêt légitime du Royaume-Uni relatif à la pluralité des médias", insiste-t-elle.

News Corp, qui détient déjà près de 40% du capital de BSkyB, avait proposé en juin d'en acheter les parts restantes pour 7,8 milliards de livres, une offre rejetée par la direction de BSkyB qui la jugeait insuffisante.

Plusieurs concurrents de poids de News Corp, dont la BBC et le Daily Telegraph, s'étaient unis en octobre pour demander au gouvernement de bloquer l'opération qui, selon eux, "pourrait avoir des conséquences graves et d'une grande portée sur la pluralité des médias" au Royaume-Uni.

Ils s'inquiètent notamment d'une synergie entre l'opérateur de télévision et les puissants titres britanniques du groupe News Corp (The Times, The Sun, The Sunday Times et The News of the World), notamment sur l'internet.

L'Eglise anglicane s'est elle aussi jointe aux critiques sur ce rapprochement, au nom également de la pluralité des médias.

Le ministre britannique du Commerce Vince Cable a saisi début novembre l'autorité nationale de régulation des télécoms, l'Ofcom, qui doit lui remettre un rapport le 31 décembre. Il décidera ensuite s'il soumet le dossier à la Commission de la concurrence britannique.

Bruxelles a rappelé mardi qu'un examen sous l'angle du pluralisme des médias couvrait de "larges" aspects, comme le caractère suffisant du nombre, de la sphère d'activité et de la diversité des personnes qui contrôlent les médias.

Beaucoup plus ciblées, les règles de concurrence visent essentiellement à éviter une hausse des prix ou une dégradation des services qui seraient préjudiciables aux consommateurs.

De ce point de vue, la Commission reconnaît avoir décelé de "sérieuses préoccupations quant aux accords exclusifs conclus entre BSkyB et les six grands studios hollywoodiens pour la diffusion en première +fenêtre+ de télévision payante de films d'appel".

Néanmoins, le rapprochement avec News Corp "n'aggravera pas outre mesure la situation qui prévaut déjà aujourd'hui sur le marché", note-t-elle.

De même, si BSkyB fait partie du même groupe que les bouquets de Murdoch Sky Italia et Sky Deutschland, Bruxelles juge "peu probable" que cet ensemble soit "en mesure d'imposer aux détenteurs de droits sur des contenus une modification des pratiques actuelles (...) qui irait dans le sens de négociations simultanées (sur les droits de retransmission) couvrant plusieurs pays".

Bruxelles a également estimé que News Corp et BSkyB ne disposaient "pas du pouvoir de marché requis" pour lier les achats d'espaces publicitaires sur les journaux de l'un et les chaînes télévisées de l'autre.

BSkyB a salué la décision de Bruxelles et assuré "continuer à coopérer dans le cadre de la procédure au Royaume-Uni".


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