Flottille: Israël lance la bataille médiatique sur le net
AFP
Jerusalem - Critiqué de toute part après l'assaut sanglant de commandos israéliens contre une flottille humanitaire en route pour Gaza, Israël a contre-attaqué avec un barrage de clips vidéos pour tenter de prouver que les militants à bord ont déclenché les violences.
L'Etat hébreu affirme que ses troupes ont été violemment attaquées à leur abordage du Mavi Marmara et n'ont tiré que pour se défendre. Les militants accusent en revanche les commandos d'avoir commencé à tirer dès l'abordage, poussant les passagers à se défendre.
Au départ, ce sont des images chaotiques d'un abordage des soldats qui ont circulé dans le monde entier. Un clip de passagers en sang et des journalistes appelant à l'aide est transmis en temps réel du pont du navire, provoquant l'indignation internationale.
Face au tollé, Israël a mis en marche sa machine de propagande, diffusant sur YouTube un tas de clips vidéos pour appuyer sa version des faits.
Un clip de commandos d'élite se faisant battre par des militants est devenu l'un des principaux succès de cette machine.
"Plus de 1,6 million de personnes ont regardé ces images. Elles ont aussi été utilisées sur des blogs et des forums", affirme le lieutenant Aliza Landes, le chef du département média de l'armée.
D'autres images prises des caméras de surveillance du bateau montrent des militants se préparant à l'affrontement.
"On peut les voir distribuer des bâtons en métal et mettre des masques. On peut voir les lumières du bateau (israélien) qui s'approche alors c'est clair qu'ils se préparaient à la bataille, dit le lieutenant Landes. YouTube est le meilleur outil que nous avons, et les vidéos montrent des images fortes".
Israël a été critiqué pour avoir utilisé pour cette campagne des images confisquées à des journalistes à bord du navire, comme l'interview d'un militant avant le raid disant sa volonté de devenir un martyr.
Le site de micro-blogs Twitter a aussi été largement utilisé, les deux parties le noyant de messages au moment de l'assaut. Mais la plupart venait des organisateurs de la flottille qui commentaient les images diffusées en direct sur internet.
Chaim Shacham, directeur de l'information aux Affaires étrangères, affirme qu'Israël est conscient de l'importance de cette bataille médiatique.
"C'était très clair pour nous que ce serait une course aux images", dit-il à l'AFP, précisant que la marine avait des cameramen à bord des hélicoptères et des bateaux de patrouille. Filmer faisait partie du plan.
Tous les clips mis en ligne par Israël ont été montés, ne portent aucune date et ne montrent que des scènes confortant la version israélienne. Mais ils n'expliquent pas ce qui s'est passé avant ou après.
M. Shacham nie que ces images déforment la réalité. "Elles racontent aussi bien l'histoire des soldats que des protestataires, et montrent clairement les soldats aborder avec leurs cordes d'attache et se faire frapper".
"Les images arabes et turques sont très révélatrices. Elles montrent les jihadistes à bord du bateau avec l'intention de frapper les soldats de toutes leurs forces," ajoute-t-il.
Mais pour Yariv Ben Eliezer, un expert en gestion de propagande, les efforts israéliens sur internet ont été très minimes et trop tardifs. "Nous avons perdu la guerre de la propagande bien avant qu'elle ne commence. Nous sommes considérés par le monde comme Goliath et les militants +humanitaires+ comme David, alors quoique nous fassions nous sommes perdants".