Flottille pour Gaza: les relations entre la Turquie et Israël au plus mal
AFP
Ankara - Les relations entre la Turquie et Israël, jadis alliés stratégiques dans la région, sont au plus mal après le raid meurtrier des forces israéliennes sur la flottille d'aide pro-palestinienne au large de Gaza, dont un navire turc, qui a provoqué une très vive réaction d'Ankara.
Cette opération meurtrière "peut entraîner des conséquences irréparables sur nos relations bilatérales", a averti le ministère des Affaires étrangères, où l'ambassadeur israélien, Gabby Levy, a été convoqué pour un entretien d'une vingtaine de minutes.
"Une telle action contre des civils impliqués seulement dans des activités pacifiques est inacceptable", a précisé le ministère: "Israël devra supporter les conséquences de cette attitude, qui constitue une violation de la loi internationale". "Nous examinons les actions que nous pourrions décider selon le droit international", a dit un diplomate turc à l'AFP.
Le vice-Premier ministre turc, Bulent Arinc, a tenu une réunion d'urgence avec de hauts responsables, dont le ministre de l'Intérieur, le chef de la marine et le chef des opérations militaires, selon l'agence Anatolie. M. Arinc remplace le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, en visite au Chili.
Le chef d'état-major des armées, le général Ilker Basbug, a interrompu une visite en Egypte à la suite du raid et aussi en raison d'un attentat contre une base navale turque.
La police a renforcé les mesures de sécurité devant la résidence de l'ambassadeur israélien à Ankara, où 200 personnes ont manifesté contre le raid israélien. Les manifestants ont organisé une prière devant le domicile de l'ambassadeur.
A Istanbul, 400 manifestants scandant des slogans hostiles à Israël se sont rassemblés devant le consulat israélien. D'importantes forces de police étaient sur place, et il n'y a pas eu d'incidents majeurs.
Un responsable de l'organisation humanitaire turque IHH a dit avoir reçu des images vidéo du navire turc Mavi Marmara, au large de Gaza, qui montrent "les blessés rassemblés au milieu du bateau comme un troupeau de moutons". "Nous avons reçu des informations disant qu'une personne est morte d'une blessure par balle à la tête et une autre de plusieurs blessures. Nous n'avons pas pu les identifier", a déclaré Veysel Basar, cité par Anatolie.
800 personnes sont à bord du Mavi Marmara, dont des femmes et un bébé de six mois, selon lui.
Les relations entre la Turquie et Israël, marquées par la signature 1996 d'un accord de coopération militaire, n'ont cessé de se dégrader depuis l'opération israélienne à Gaza fin 2008, et les vigoureuses déclarations anti-israéliennes de M. Erdogan, qui dirige un gouvernement islamo-conservateur.
En janvier, l'ambassadeur de Turquie en Israël a été humilié en public au ministère des Affaires étrangères, et en avril, M. Erdogan a vivement attaqué Israël, qualifié de "principale menace pour la paix" au Proche-Orient.
La tension entre les deux pays s'est accentuée lorsque la Turquie et le Brésil ont signé un accord sur le nucléaire avec l'Iran, pays soupçonné par les Occidentaux de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Cet accord signé le 17 mai a été qualifié d'"imposture" par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, .
Plus généralement, Israël voit d'un très mauvais oeil le réchauffement spectaculaire des relations entre la Turquie et les pays arabes ou musulmans, Iran, Irak, pays du Golfe et surtout Syrie.
En 2008, la Turquie avait agi comme médiateur entre la Syrie et Israël, mais ce processus a pris fin lorsque Ankara a condamné l'offensive israélienne à Gaza.