A l'énoncé du verdict, Céline Lesage, femme menue, aux cheveux très bruns tirés en queue de cheval, est restée figée. Mère d'un garçon de 13 ans, elle encourait la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de 18 ans de sûreté.

"J'ai conscience que j'ai tué mes bébés, les enfants que j'ai eus avec mes deux compagnons, mais c'est trop dur... Je me fais tellement horreur que je me voile la face. (...) Je voudrais comprendre, mais j'y arrive pas", a-t-elle répété à l'audience.

Ses crimes avaient été découverts le 17 octobre 2007 quand Luc Margueritte, 39 ans, père du sixième bébé tué, avait découvert les corps en décomposition des nouveau-nés entreposés dans des sacs poubelle dans la cave de leur domicile de Valognes.

Le parquet avait requis une peine de 16 ans de prison, assortie d'une période incompressible de 8 ans.

La cour d'assises, au jury quasiment à parité hommes-femmes a assorti cette condamnation d'un suivi socio-judiciaire d'une durée de 10 ans, avec une peine de cinq ans supplémentaires en cas de non-respect.

Les actes commis par Céline Lesage constituent une des plus graves affaires d'infanticides de ces 30 dernières années en France.

Elle était jugée moins d'un an après Véronique Courjault, dont le procès à Tours (centre-ouest), en juin 2009, avait créé un débat en France sur le déni de grossesse, un mécanisme par lequel certaines femmes refuseraient leur condition de femme enceinte, au point de parvenir à en dissimuler les signes physiques et à ignorer leur état parfois jusqu'à l'accouchement.

Véronique Courjault, qui avait été condamnée à 8 ans d'emprisonnement, était accusée d'avoir tué trois de ses nouveau-nés, les deux derniers en 2003 et 2004 en Corée du Sud, où travaillait son mari.