France : C'est l'Otan et rien d'autre
Courrierinternational.com
Lorsque Charles de Gaulle a décidé de quitter le commandement militaire intégré de l'OTAN, il y a plus de quarante ans, la France considérait sa force de dissuasion nucléaire, sa force de frappe*, comme l'emblème de son indépendance et de sa souveraineté.
On ne peut donc que se féliciter de la décision de Nicolas Sarkozy de réintégrer pleinement l'Alliance atlantique. Elle répond à l'engagement qu'il avait pris, en devenant président il y a deux ans, de remettre la France sur une voie plus internationaliste. Cette décision est également porteuse de responsabilités, notamment celle de jouer un rôle plus important dans les opérations de l'OTAN, en particulier en Afghanistan – ce qui pourrait se révéler difficile à faire accepter au Parlement français lorsque la question sera soumise au vote, la semaine prochaine.
Reste un fait qui donne à penser que Nicolas Sarkozy entend avoir le beurre et l'argent du beurre. Entre autres conditions, le chef de l'État français a répété que les États-Unis devaient se défaire de leur méfiance à l'égard d'une structure européenne de défense. Washington accueille manifestement bien l'idée d'un nouveau renforcement de la dimension militaire de l'Union, quelles qu'en soient les modalités. Mais Nicolas Sarkozy doit comprendre qu'il n'y a pas de compromis possible qui permettrait à la France à la fois de jouer un rôle de premier plan dans la défense européenne et d'être membre à part entière de l'OTAN. Le souhait de l'UE de créer sa propre armée a toujours été une ambition malvenue et vouée à l'échec : le pays qui sera toujours le premier pourvoyeur d'hommes, à savoir la Grande-Bretagne, ne souhaite pas en faire partie. En réintégrant le commandement militaire de l'Alliance, la France doit accepter que, dans un avenir prévisible, l'OTAN soit la seule structure de sécurité supranationale digne de ce nom.
---------------------------------
* En français dans le texte.