France : Des salariés de Continental saccagent la sous-préfecture de Compiègne

lepoint.fr

Près de 300 salariés sur les 1.120 de Continental ont saccagé mardi des bureaux de la sous-préfecture de Compiègne après le rejet par le tribunal de Sarreguemines - où se trouve le siège social de l'entreprise - de leur demande de suspension ou d'annulation de la fermeture de l'usine de Clairoix dans l'Oise.

France : Des salariés de Continental saccagent la sous-préfecture de Compiègne
Des bureaux ont été dévastés, des ordinateurs et des dossiers renversés. Beaucoup de dégâts matériels donc, mais pas de blessés. Ils ont aussi mis à sac le poste de garde de l'usine de Clairoix. "Ça fait des mois qu'on entend dire que les Continental sont des gentils. C'est fini, les gentils. Ça fait cinq semaines qu'on retient les gens, là on n'a pas pu", a expliqué Xavier Mathieu, délégué CGT de Continental à Clairoix. "Déjà, dès le premier jour, ils voulaient tout exploser et (mettre) le feu à l'usine."
La ministre de l'Intérieur a "condamn[é] les dégradations commises à la sous-préfecture de Compiègne, en marge de la manifestation des salariés du site Continental de Clairoix". "Tout en comprenant la détresse et l'inquiétude des salariés de l'entreprise", Michèle Alliot-Marie a rappelé "que de tels agissements ne sauraient être tolérés" et assure que "tout est mis en oeuvre pour identifier les auteurs". Une enquête a été ouverte et une plainte déposée. Le Premier ministre François Fillon a pour sa part qualifié mercredi sur France Inter de "pas acceptables" ces violences, assurant qu'elles donneront lieu à "des poursuites judiciaires". "Il y a une petite minorité, très petite minorité qui rend les choses très difficiles", a-t-il considéré, jugeant que "même les organisations syndicales ont du mal à jouer leur rôle plein de médiateur dans cette crise".
Luc Chatel propose des discussions tripartite
Si le 31 mars dernier, le procureur du tribunal de Sarreguemines avait plaidé pour une suspension de la fermeture de l'usine, la juge des référés du TGI Élisabeth Rigal en a décidé autrement. Elle a débouté les salariés de Continental "sur tous les points", dans leur demande de suspension ou d'annulation de la procédure de fermeture de l'usine de Clairoix, prévue pour 2010. "Le tribunal a reconnu que Continental avait bien rempli ses obligations légales dans le cadre de la procédure d'information et de consultation des partenaires sociaux", a commenté un porte-parole de la direction. "C'est le pire scénario, nous sommes catastrophés", a déclaré de son côté Pierre Rubeck, délégué syndical central CFTC.
Après les incidents de Compiègne, le secrétaire d'État à l'Industrie Luc Chatel, qui a soutenu que "l'État se préoccupait du dossier depuis des mois",
a proposé des discussions "tripartites" entre les salariés de Continental et la direction autour du gouvernement. Les syndicats, qui demandaient une médiation de l'État, ont fraîchement accueilli cette initiative. "C'est une déclaration de plus. Le jour où Luc Chatel me téléphonera pour me dire la réunion est tel jour, à telle heure , on verra", a réagi Xavier Mathieu. "De toute façon, tripartite ou pas, si Continental confirme, l'État dira au moins on a essayé et l'usine fermera."
Réunion entre personnel et direction à Nice
Invité de Public Sénat mardi, le ministre en charge de la Relance Patrick Devedjian a évoqué de son côté des "pistes sérieuses" de reprise de Continental. "J'ai discuté avec d'éventuels repreneurs et il y a des gens qui sont intéressés, c'est pas facile à sortir techniquement mais c'est possible", a-t-il souligné, précisant qu'il ne s'agissait pas de Michelin. Une déclaration que Luc Chatel a nuancée mercredi matin, en rappelant que "sur tous les dossiers il y a toujours une tentative" de trouver des repreneurs, et qu'il s'agit pour Clairoix d'"une hypothèse" qui "n'en est qu'au début". Le secrétaire d'État a aussi évoqué un travail sur "la réindustrialisation du site" avec l'implantation d'autres activités.
Représentants du personnel et de la direction devaient se retrouver dès mercredi à Nice pour un comité central d'entreprise centré sur les mesures d'accompagnement social de la fermeture de Clairoix. Ils se rendront dans la foulée à Hanovre, en Allemagne, où sont prévues jeudi une assemblée générale des actionnaires du groupe et une manifestation des salariés français et allemands de l'équipementier. Faisant valoir les difficultés actuellement traversées par l'industrie automobile, Continental avait annoncé le 11 mars qu'il fermerait d'ici la fin mars 2010 son usine de Clairoix, qui emploie 1.120 salariés, et celle de Hanovre, qui en compte 780.


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