France : Le voile, toujours sujet à polémiques
AA - Fatih KARAKAYA
Samedi dernier, la présidente du principal syndicat d'étudiant en France, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) à l’université Paris-IV (la Sorbonne), Maryam Pougetoux, avait réagi auprès de la chaine française M6 afin de donner la position de son syndicat sur la réforme des universités que le gouvernement français avait adopté en février dernier. Mais cette interview a provoqué la polémique sur les réseaux sociaux et même au sein du gouvernement car la jeune femme porte le voile.
Interrogée par les journalistes de FranceInfoTv, Marlène Schiappa, Secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, a surenchéri mercredi sur la chaine publique en se positionnant contre l'étudiante voilée.
"Ça m'interpelle, non pas parce que c'est une étudiante qui porte le voile (c'est son droit le plus strict) mais ça m'interpelle que l'Unef ait choisi comme porte-parole une personne qui a des signes manifestes de promotion de l'islam politique", déclara la ministre.
Aussitôt dans la journée, Lilâ Le Bas, présidente de l'UNEF National a accordé une interview à la même chaine pour apporter son total soutien à sa présidente locale.
"C’est grave que Marlène Schiappa, en tant que secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, tienne de tels propos et préfère alimenter une polémique qui ne devrait pas en être une, plutôt que de soutenir fermement et clairement une femme qui se fait harceler et insulter depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux", a-t-elle déploré.
Répondant à la question de savoir si le voile "était compatible avec les valeurs de l'UNEF", la jeune présidente a estimé qu'il n'y avait "rien de contraire" tout en balayant les critiques.
"C’est problématique que la ministre prétende que, parce qu’une femme musulmane porte le voile, elle ne puisse pas être féministe et même pire serait soupçonnée d’islamisme. Au contraire, aujourd’hui quand on est une femme, on doit pouvoir défendre l’ensemble des femmes", s'est-elle défendue.
Prenant aussi position contre l'interdiction des signes religieux à l'université, elle a affirmé que son syndicat "souhaite que l’ensemble des femmes puissent avoir accès à l’enseignement supérieur et faire les études de leur choix, qu’elles croient à une religion ou non".
La polémique avait démarré par un poste Facebook ironique du professeur de théorie politique Laurent Bouvet, cofondateur du Printemps républicain, mouvement lancé en mars 2016 qui plaide pour une laïcité de restriction tendant à invisibiliser l'Islam à travers, notamment, l'interdiction du voile, qui avait publié la capture d'écran du reportage avec le commentaire suivant : " A l'UNEF, la convergence des luttes est bien entamée. C'est la présidente du syndicat à l'Université Paris-Sorbonne qui le dit".
Aussitôt, un autre membre, Céline Pina, fondatrice du mouvement laïque controversé « Viv(r)e la République » a condamné le soir même, par un autre Facebook, "l’infiltration et le noyautage du syndicalisme étudiant en France par le mouvement les Frères musulmans". Selon, Pina, "le premier objectif des frères musulmans serait la jeunesse et le pouvoir au sein des universités".
Son poste a été partagé des milliers de fois par des internautes proches de ce mouvement que dénonce régulièrement l'Observatoire de la laïcité, qui émet des avis consultatifs auprès du gouvernement français.
Il n'en fallait pas moins pour attiser d'autres messages haineux aussi bien des anonymes que des personnalités comme l'ex-député Julien Dray, fondateur de SOS Racisme et de l’Unef, qui fait savoir son désaccord en affirmant que "la direction du syndicat qui accepte cette jeune dame comme dirigeante souille tout notre combat mené dans les universités".
Face à ces polémiques, des soutiens de la jeune femme se sont également organisés pour dénoncer le racisme et l’islamophobie.
"Après Mennel, Yassine Belattar, Mohamed Saou ou moi, la chasse aux musulman.e.s (présumé.e.s) qui ont l’outrecuidance de se rendre visibles se poursuit. Le but : nous expulser de la sphère publique. Mais on est là, chez nous", s’est indignée sur son twitter la militante antiraciste française Rokhaya Diallo.
Dès le lendemain, des internautes ont lancé l'hashtag #SoutienAMaryam qui est devenu rapidement viral et partagé par des milliers d'internautes.
L'association Lallab qui avait déjà était au cœur des polémiques dans le passé, en étant accusé d'être l'étendard de l'islamisme, a également apporté son soutien.
"Lallab condamne fermement ce déversement de haine et cyber-harcèlement que subit Myriam. Parce que femme et voilée, elle n’aurait donc pas le droit de s’exprimer ? Nous nous battrons contre celles et ceux qui silencient ces femmes et alimentent ainsi l’islamophobie", pouvez-t-on lire dans un tweet posté avec le même hashtag.
L'association générale des étudiants de Paris, un autre syndicat, s'est aussi montré critique face aux messages haineux et a apporté tout son soutien à l'étudiante.
"Indignés face aux commentaires islamophobes et antilaïques tenus à l'encontre d'une militante parisienne de @unefP4, le militantisme n'a pas de visage", répondaient les responsables de l'association.
A coupe d'arguments, les "anti" et les "soutiens" de l'étudiante campent sur leur position. La polémique semble s'éterniser même si les acteurs changent.
Auparavant, Mennel, une chanteuse française d'origine syrienne avait subi les mêmes critiques pour avoir participé en février dernier, avec son voile, à une émission de téléréalité. Face aux messages de haine, elle avait décidé d'abandonner le concours.
En tout cas, une fois de plus, c'est la place de la femme musulmane voilée qui est remise en question dans la société française qui sous couvert de lutte contre l'islamisme, exclue de plus en plus, ces femmes de la sphère publique.
"Ça m'interpelle, non pas parce que c'est une étudiante qui porte le voile (c'est son droit le plus strict) mais ça m'interpelle que l'Unef ait choisi comme porte-parole une personne qui a des signes manifestes de promotion de l'islam politique", déclara la ministre.
Aussitôt dans la journée, Lilâ Le Bas, présidente de l'UNEF National a accordé une interview à la même chaine pour apporter son total soutien à sa présidente locale.
"C’est grave que Marlène Schiappa, en tant que secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes, tienne de tels propos et préfère alimenter une polémique qui ne devrait pas en être une, plutôt que de soutenir fermement et clairement une femme qui se fait harceler et insulter depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux", a-t-elle déploré.
Répondant à la question de savoir si le voile "était compatible avec les valeurs de l'UNEF", la jeune présidente a estimé qu'il n'y avait "rien de contraire" tout en balayant les critiques.
"C’est problématique que la ministre prétende que, parce qu’une femme musulmane porte le voile, elle ne puisse pas être féministe et même pire serait soupçonnée d’islamisme. Au contraire, aujourd’hui quand on est une femme, on doit pouvoir défendre l’ensemble des femmes", s'est-elle défendue.
Prenant aussi position contre l'interdiction des signes religieux à l'université, elle a affirmé que son syndicat "souhaite que l’ensemble des femmes puissent avoir accès à l’enseignement supérieur et faire les études de leur choix, qu’elles croient à une religion ou non".
La polémique avait démarré par un poste Facebook ironique du professeur de théorie politique Laurent Bouvet, cofondateur du Printemps républicain, mouvement lancé en mars 2016 qui plaide pour une laïcité de restriction tendant à invisibiliser l'Islam à travers, notamment, l'interdiction du voile, qui avait publié la capture d'écran du reportage avec le commentaire suivant : " A l'UNEF, la convergence des luttes est bien entamée. C'est la présidente du syndicat à l'Université Paris-Sorbonne qui le dit".
Aussitôt, un autre membre, Céline Pina, fondatrice du mouvement laïque controversé « Viv(r)e la République » a condamné le soir même, par un autre Facebook, "l’infiltration et le noyautage du syndicalisme étudiant en France par le mouvement les Frères musulmans". Selon, Pina, "le premier objectif des frères musulmans serait la jeunesse et le pouvoir au sein des universités".
Son poste a été partagé des milliers de fois par des internautes proches de ce mouvement que dénonce régulièrement l'Observatoire de la laïcité, qui émet des avis consultatifs auprès du gouvernement français.
Il n'en fallait pas moins pour attiser d'autres messages haineux aussi bien des anonymes que des personnalités comme l'ex-député Julien Dray, fondateur de SOS Racisme et de l’Unef, qui fait savoir son désaccord en affirmant que "la direction du syndicat qui accepte cette jeune dame comme dirigeante souille tout notre combat mené dans les universités".
Face à ces polémiques, des soutiens de la jeune femme se sont également organisés pour dénoncer le racisme et l’islamophobie.
"Après Mennel, Yassine Belattar, Mohamed Saou ou moi, la chasse aux musulman.e.s (présumé.e.s) qui ont l’outrecuidance de se rendre visibles se poursuit. Le but : nous expulser de la sphère publique. Mais on est là, chez nous", s’est indignée sur son twitter la militante antiraciste française Rokhaya Diallo.
Dès le lendemain, des internautes ont lancé l'hashtag #SoutienAMaryam qui est devenu rapidement viral et partagé par des milliers d'internautes.
L'association Lallab qui avait déjà était au cœur des polémiques dans le passé, en étant accusé d'être l'étendard de l'islamisme, a également apporté son soutien.
"Lallab condamne fermement ce déversement de haine et cyber-harcèlement que subit Myriam. Parce que femme et voilée, elle n’aurait donc pas le droit de s’exprimer ? Nous nous battrons contre celles et ceux qui silencient ces femmes et alimentent ainsi l’islamophobie", pouvez-t-on lire dans un tweet posté avec le même hashtag.
L'association générale des étudiants de Paris, un autre syndicat, s'est aussi montré critique face aux messages haineux et a apporté tout son soutien à l'étudiante.
"Indignés face aux commentaires islamophobes et antilaïques tenus à l'encontre d'une militante parisienne de @unefP4, le militantisme n'a pas de visage", répondaient les responsables de l'association.
A coupe d'arguments, les "anti" et les "soutiens" de l'étudiante campent sur leur position. La polémique semble s'éterniser même si les acteurs changent.
Auparavant, Mennel, une chanteuse française d'origine syrienne avait subi les mêmes critiques pour avoir participé en février dernier, avec son voile, à une émission de téléréalité. Face aux messages de haine, elle avait décidé d'abandonner le concours.
En tout cas, une fois de plus, c'est la place de la femme musulmane voilée qui est remise en question dans la société française qui sous couvert de lutte contre l'islamisme, exclue de plus en plus, ces femmes de la sphère publique.