France : Quand le voile devient symbole de discorde
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Dans un contexte social de plus en plus anxiogène, où laïcité et liberté religieuse s’affrontent au quotidien en France, le voile, symbole d’appartenance à l’Islam, est entré dans les débats politiques et médiatiques, de plus en plus acerbes au fil des années.
Il y a de quoi susciter l’indignation, à l’image de l’historienne et féministe américaine, Joan Scott qui dénonce, à travers son livre « La politique du voile » (ed. Amsterdam), les controverses que suscitent le voile islamique en France depuis les années 1980.
Entre amalgames et préjugés, pour une poignée d’extrémistes, combattre les visibilités religieuses est devenu une mission patriotique.
Mais au-delà de la recherche d’une tranquillité et d’une sécurité, devenues utopiques, la haine de l’autre s’est transformée en arme redoutable, dépassant par la désinformation le citoyen lambda qui semble se métamorphoser en justicier auto-proclamé d’une laïcité qu’il ne sait plus définir.
«Une banalisation du racisme et de l’islamophobie » dénoncée par Edwy Plenel, journaliste et cofondateur de Mediapart (un site d’information indépendant), dans son ouvrage « Pour les musulmans » qui s’élève aussi contre les intégristes de la laïcité.
Racisme ordinaire et islamophobie à peine dissimulée, arborés fièrement au nom d’une laïcité dénaturée, font, selon les organisations de lutte contre l’islamophobie comme ORIW, du quotidien des musulmans de France un combat où l’amalgame règne et où la tolérance et le respect ne sont plus des droits, mais des vertus qui se méritent.
Un mérite qui a un prix, celui de l’assimilation ou de l’acceptation de vivre de manière discrète.
Néanmoins, selon les militants anti-islamophobie, faire ses preuves n’est plus suffisant, la conception même d’un mode de vie où l’acceptation de l’autre, quelles que soient ses croyances et sa culture, s’éloigne un peu plus chaque jour.
Pour d’autres, en revanche, comme Soufiane Zitouani, professeur de philosophie et auteur « Confessions d'un fils de Marianne et de Mahomet », ce voile est « l’étendard de l’islamisme ».
Le communautarisme, ainsi dénigré, paraît hostile à un vivre ensemble imposé par l’anéantissement des différences qui sont pourtant les fondements de la richesse culturelle d’un pays.
Selon Vildan Simsir, membre d’ORIW : « Les premières victimes de ce repli social sont ces femmes qui, vêtues seulement d’un voile qui les différencie des autres, osent se dresser face au reste du monde. Une visibilité insultante pour ces intolérants qui se soulèvent, déguisés tantôt en patriote revendiquant une légitimité de par ses origines, ou en féministes arguant lutter pour les droits de la femme, à condition qu’elle corresponde à son image».
Le voile, régulièrement placé au cœur de débats sociétaux, politiques et médiatiques virulents, instrumentalisé en contexte électoral, est devenu le symbole de la discorde.
Une hystérie autour du voile propre à la France selon Joan W. Scott, historienne et professeure à l’Institute for Advanced Study de Princeton, dont les travaux se sont orientés à partir des années 1980 vers l’histoire des femmes dans une perspective de genre.
L’auteur de l’essai « La politique du voile », publié aux éditions Amsterdam, explique : « Je m’intéresse à la manière dont le voile est devenu un écran sur lequel sont projetés des images d’étrangeté et des fantasmes de dangerosité – dangerosité pour le tissu social français et pour l’avenir de la nation républicaine ».
Il ajoute : «Je m’intéresse, en outre, à la manière dont la représentation d’un « autre », homogène et dangereux, est venue conforter une vision mythique de la République française, une et indivisible».
Il souligne, enfin, que les multiples facteurs qui alimentent ces représentations fantasmatiques : racisme, culpabilité et peur postcoloniales, idéologies nationalistes, notamment le républicanisme, le sécularisme, l’individualisme abstrait et, tout particulièrement, les normes françaises en matière de conduite sexuelle, sont considérées comme étant, à la fois, «naturelles et universelles. »
C’est ainsi qu’au dépend d’un idéal, censé rassembler les diversités sous une même bannière, dans une optique d’égalité et au nom de la liberté des droits fondamentaux, les musulmans de France se sentent mis au ban de la société et dénoncent un acharnement politique et médiatique à leur encontre.
Selon Vildan Simsir : « accusées d’être les ennemies de la République, ces femmes stigmatisées et rejetées simplement à cause d’un voile, demeurent les victimes facilement accessibles à l’incarnation du fantasme islamophobe et anti-musulman, causé par une manipulation des consciences au travers des discours de personnalités politiques qui ne savent se différencier que par leur haine de l’autre ».
En définitive, cette question du voile devient une paranoïa collective, une dérive obsessionnelle d’une société désinformée, qui prend de l’ampleur au fil des années, sans que la moindre action ne soit prise par les autorités, ni même au niveau législatif, puisque à ce jour, aucune loi ne sanctionne les actes anti-musulmans, à proprement parler.
Entre amalgames et préjugés, pour une poignée d’extrémistes, combattre les visibilités religieuses est devenu une mission patriotique.
Mais au-delà de la recherche d’une tranquillité et d’une sécurité, devenues utopiques, la haine de l’autre s’est transformée en arme redoutable, dépassant par la désinformation le citoyen lambda qui semble se métamorphoser en justicier auto-proclamé d’une laïcité qu’il ne sait plus définir.
«Une banalisation du racisme et de l’islamophobie » dénoncée par Edwy Plenel, journaliste et cofondateur de Mediapart (un site d’information indépendant), dans son ouvrage « Pour les musulmans » qui s’élève aussi contre les intégristes de la laïcité.
Racisme ordinaire et islamophobie à peine dissimulée, arborés fièrement au nom d’une laïcité dénaturée, font, selon les organisations de lutte contre l’islamophobie comme ORIW, du quotidien des musulmans de France un combat où l’amalgame règne et où la tolérance et le respect ne sont plus des droits, mais des vertus qui se méritent.
Un mérite qui a un prix, celui de l’assimilation ou de l’acceptation de vivre de manière discrète.
Néanmoins, selon les militants anti-islamophobie, faire ses preuves n’est plus suffisant, la conception même d’un mode de vie où l’acceptation de l’autre, quelles que soient ses croyances et sa culture, s’éloigne un peu plus chaque jour.
Pour d’autres, en revanche, comme Soufiane Zitouani, professeur de philosophie et auteur « Confessions d'un fils de Marianne et de Mahomet », ce voile est « l’étendard de l’islamisme ».
Le communautarisme, ainsi dénigré, paraît hostile à un vivre ensemble imposé par l’anéantissement des différences qui sont pourtant les fondements de la richesse culturelle d’un pays.
Selon Vildan Simsir, membre d’ORIW : « Les premières victimes de ce repli social sont ces femmes qui, vêtues seulement d’un voile qui les différencie des autres, osent se dresser face au reste du monde. Une visibilité insultante pour ces intolérants qui se soulèvent, déguisés tantôt en patriote revendiquant une légitimité de par ses origines, ou en féministes arguant lutter pour les droits de la femme, à condition qu’elle corresponde à son image».
Le voile, régulièrement placé au cœur de débats sociétaux, politiques et médiatiques virulents, instrumentalisé en contexte électoral, est devenu le symbole de la discorde.
Une hystérie autour du voile propre à la France selon Joan W. Scott, historienne et professeure à l’Institute for Advanced Study de Princeton, dont les travaux se sont orientés à partir des années 1980 vers l’histoire des femmes dans une perspective de genre.
L’auteur de l’essai « La politique du voile », publié aux éditions Amsterdam, explique : « Je m’intéresse à la manière dont le voile est devenu un écran sur lequel sont projetés des images d’étrangeté et des fantasmes de dangerosité – dangerosité pour le tissu social français et pour l’avenir de la nation républicaine ».
Il ajoute : «Je m’intéresse, en outre, à la manière dont la représentation d’un « autre », homogène et dangereux, est venue conforter une vision mythique de la République française, une et indivisible».
Il souligne, enfin, que les multiples facteurs qui alimentent ces représentations fantasmatiques : racisme, culpabilité et peur postcoloniales, idéologies nationalistes, notamment le républicanisme, le sécularisme, l’individualisme abstrait et, tout particulièrement, les normes françaises en matière de conduite sexuelle, sont considérées comme étant, à la fois, «naturelles et universelles. »
C’est ainsi qu’au dépend d’un idéal, censé rassembler les diversités sous une même bannière, dans une optique d’égalité et au nom de la liberté des droits fondamentaux, les musulmans de France se sentent mis au ban de la société et dénoncent un acharnement politique et médiatique à leur encontre.
Selon Vildan Simsir : « accusées d’être les ennemies de la République, ces femmes stigmatisées et rejetées simplement à cause d’un voile, demeurent les victimes facilement accessibles à l’incarnation du fantasme islamophobe et anti-musulman, causé par une manipulation des consciences au travers des discours de personnalités politiques qui ne savent se différencier que par leur haine de l’autre ».
En définitive, cette question du voile devient une paranoïa collective, une dérive obsessionnelle d’une société désinformée, qui prend de l’ampleur au fil des années, sans que la moindre action ne soit prise par les autorités, ni même au niveau législatif, puisque à ce jour, aucune loi ne sanctionne les actes anti-musulmans, à proprement parler.