François Morellet, un artiste tout en légèreté et impertinence

AFP

Paris - Il se dit frivole. Son oeuvre a surtout l'élégance de la légèreté. L'artiste François Morellet, bientôt 85 ans, conjugue l'apparente austérité de l'abstraction géométrique avec une bonne dose d'impertinence et d'humour.

François Morellet, un artiste tout en légèreté et impertinence
Ce peintre et sculpteur, dont le Centre Pompidou présente les installations à partir de mercredi, est né le 30 avril 1926 à Cholet, en Anjou.

Son père admire Alfonse Allais. "Cela a eu beaucoup d'influence sur moi", explique François Morellet, qui adore l'absurde et enchaîne les blagues.

Son grand-père maternel puis son père dirigent une usine de jouets et de poussettes.

L'usine familiale constituera longtemps un fil à la patte pour François Morellet, tout en lui assurant des revenus. Il y entre en 1948 puis en devient le patron, jusqu'en 1975, date à laquelle l'usine est vendue. Une libération pour l'artiste qui peut enfin se consacrer entièrement à son art.

Côté études, il opte pour des études de russe. Et ne coche pas la case Beaux-Arts même s'il pratique la peinture depuis l'âge de 14 ans.

Pas de regret pour cet anticonformiste. "Aux Beaux-Arts, au bout de deux semaines, les étudiants deviennent autres. Ils se sentent une âme", déclare-t-il.

"Certains artistes ont un message. Moi, je ne délivre pas de message", souligne-t-il. "Dans mes oeuvres, j'essaie de mettre le moins possible de moi-même", ajoute l'artiste qui s'appuie sur la géométrie, le calcul des angles, le nombre Pi et le hasard pour créer.

"Ma théorie, c'est que l'artiste prépare des terrains à pique-nique pour les visiteurs. A lui de les rendre attirants", ajoute-t-il.

Les déjeuners champêtres ont compté dans la vie de François Morellet. C'est lors d'un pique-nique, en juin 1944, qu'il rencontre Danielle Marchand, qui devient son épouse deux ans plus tard.

Près de 67 ans plus tard, Danielle est toujours à ses côtés, soutien indéfectible de l'artiste auquel elle a donné trois fils.

A la fin des années 1940, François Morellet découvre les arts premiers au musée de l'Homme. Une "révélation", dit-il. Il apprécie particulièrement les "tapas" océaniens, sortes de feutres en écorces d'arbre couverts de formes géométriques.

Pour sa première exposition, en 1950 à Paris, il présente des peintures d'inspiration primitiviste. Puis se tourne vers l'abstraction.

En 1952, la visite de l'Alhambra de Grenade constitue une seconde révélation. Il crée alors ses premiers "systèmes", avec des règles du jeu concises qui déterminent le développement de l'oeuvre, en dehors de toute subjectivité.

En 1957, Morellet, qui habitait une petite ville non loin de Cholet, se réinstalle dans sa ville natale. La demeure, entourée d'un jardin, est charmante. C'est là que vit et travaille toujours l'artiste.

Dans les années 1960, Morellet est membre du GRAV (Groupe de recherche d'art visuel) qui rassemble des artistes de différentes nationalités autour de l'abstraction géométrique. Le collectif, qui mise sur l'interactivité avec le public, fait preuve d'un esprit révolutionnaire avant de se dissoudre en 1968.

Morellet est de plus en plus apprécié et reçoit ses premières commandes publiques. L'Allemagne surtout s'intéresse à lui et achète ses oeuvres. "C'est le meilleur pays pour moi depuis le début", dit-il.

C'est en Bavière que Morellet reçoit sa troisième révélation artistique, dans les années 1990, avec le baroque tardif. "Il n'y a pas un saint qui ait l'auréole droite. Un vrai plaisir", dit-il.

Depuis les années 1980, la France a consacré plusieurs rétrospectives à l'artiste notamment au Centre Pompidou en 1986 et au Jeu de Paume en 2000.

"J'arrive à un stade merveilleux où même les gens qui ne m'aiment pas achètent mes oeuvres", lance-t-il en riant.


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