Frappes en Syrie: Assad menace de représailles
AFP
Londres - Le président syrien Bachar al-Assad a averti lundi qu'il fallait "s'attendre à tout" en cas de frappes contre son pays alors que le monde attend le résultat du vote du Congrès américain sur le recours à la force demandé par Barack Obama.
"Je ne suis pas devin, je ne peux pas vous dire ce qui va arriver", a-t-il dit sans exclure l'emploi d'armes chimiques "si les rebelles, ou des terroristes dans la région, ou tout autre groupe, en possèdent".
Il a ajouté qu'une attaque américaine reviendrait à mener "une guerre qui va aboutir à soutenir Al-Qaïda et les gens qui ont tué des Américains le 11-Septembre" lors de l'attentat contre le World Trade Center.
A Londres, le chef de la diplomatie américaine John Kerry a affirmé lors d'une conférence de presse que "la fin du conflit en Syrie requérait une solution politique", estimant qu'"il n'y a pas de solution militaire".
Mais "le risque de l'inaction est plus grave que le risque découlant d'une action", a-t-il assuré, affirmant ne pas avoir "de doutes sur la chaîne des responsabilités" syriennes.
Interrogé sur ce que le régime syrien pourrait faire pour éviter des frappes, John Kerry a répondu : "Bien entendu il (Bachar al-Assad) pourrait restituer l'intégralité de son arsenal chimique à la communauté internationale, dans la semaine à venir, tout rendre, tout sans délai (...) Mais il n'est pas prêt de le faire, et il ne le peut pas", a ajouté le secrétaire d'Etat. Son porte-parole a précisé que cette remarque purement "rhétorique" ne constituait pas une offre de négociation faite à Damas.
A Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov assurait au même moment que des frappes en Syrie provoqueraient une "explosion de terrorisme en Syrie et dans les pays voisins". Il a également jugé qu'une "solution politique était encore possible", affirmant que Damas était toujours "prêt à des négociations de paix".
"Sans conditions préalables"
"Nous sommes en effet prêts à participer à une rencontre à Genève sans conditions préalables", a ainsi affirmé le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, en référence à l'organisation d'une nouvelle conférence internationale de paix proposée en mai par Moscou et Washington.
Le ministre a toutefois averti que la position du régime syrien changerait en cas de frappes.
Le monde a désormais les yeux rivés sur le Congrès américain, où l'issue du vote sur le recours à la force apparait de plus en plus incertain.
Conscient de jouer à la fois la crédibilité des Etats-Unis et de sa propre présidence, Barack Obama devait lancer une offensive tous azimuts pour convaincre les élus républicains et démocrates.
Il devait enregistrer pas moins de six interviews avec des chaînes de télévisions diffusables à compter de lundi soir, avant de s'adresser le lendemain aux Américains depuis le bureau Ovale.
Au Sénat, le débat sur la résolution autorisant l'usage de la force, déjà adoptée en commission, ne commencera formellement que mardi. Un premier vote important pourrait intervenir dès mercredi.
A l'heure actuelle, la résolution sur les frappes prévoit une durée limite de 60 jours, prolongeable à 90 jours, et l'interdiction de déployer des troupes de combat au sol .
A Paris, le président français François Hollande prêt à s'associer à des frappes, a promis de s'adresser à son opinion, mais après le vote du Congrès et la remise du "rapport des inspecteurs" de l'ONU qui ont enquêté sur l'attaque présumée chimique du 21 août dans les faubourgs de Damas.
Pour la plupart des Etats de l'UE, ce rapport attendu dans les jours à venir est une étape essentielle, susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations de recours aux gaz toxiques. Pour autant, le rapport ne devrait pas établir qui est à l'origine de ces attaques.
Selon la presse américaine, le Pentagone se prépare à des frappes pendant trois jours, avec un barrage massif de tirs de missiles de croisière.
Israël a de son côté déployé ce week-end son bouclier antimissile près de Jérusalem.