GP de Chine : Red Bull et Renault au sommet

sports.yahoo.com/Stéphane VRIGNAUD

Sebastian Vettel a offert à Red Bull sa 1ère pole position samedi à Shanghai, devant Fernando Alonso (Renault) et Mark Webber (Red Bull). Soit trois voitures motorisées par le Losange.

Après Toro Rosso, Sebastian Vettel a ouvert le palmarès de Red Bull en décrochant la première pole position de l'écurie de Milton Keynes. En 2008, à Monza, il en avait fait de même pour Toro Rosso, avant de gagner dans la foulée. Samedi, la 2e position de pointe du "Shanghai kid" a relevé de l'exploit, car bien peu de pilotes auraient surmonté le stress auquel il fut soumis.
Avec sept tours matinaux en guise de préparation à la séance décisive, et l'obligation d'économiser sa monture, apparemment touchée par des problèmes persistants de suspensions arrière, l'Allemand de 21 ans a fait preuve d'un formidable cran. En effet, pour passer le cut de la Q1 et de la Q2, il n'avait aucune sans marge d'erreur. "Tout s'est fait à la dernière minute. Je n'ai fait qu'un tour chrono en Q1, à la fin en 'medium', et aussi en Q2, 'en très tendre'", a-t-il expliqué.
"Comme on l'a vu, ça suffisait mais ce ne fut pas facile car nous avions un problème avec la voiture", a-t-il poursuivi. "Nous devions tourner le moins possible. La voiture était rapide, j'ai de suite été bien classé en Q1 et Q2. Mais je n'avais qu'un tour, et tout écart de trajectoire ou toute erreur m'éliminait. En Q3, dans le premier run, tout le monde s'épiait entre équipes en regard de l'amélioration de la piste en Q2. Nous ne savions pas à quoi nous attendre dans le premier run avec la lourde charge d'essence. Il ne s'agissait pas de s'adapter : il fallait que tout marche dès le début. Par chance, j'ai fait un très bon tour. J'étais très content, même si vers la fin de mon tour mes pneus étaient bien entamés. C'était pile ce qu'il fallait et après le dernier virage, j'avais encore un bon grip. Je suis donc très, très content. Nous avons cette pole. Vendredi avait déjà été une bonne journée. Nous avions eu quelques problèmes ce matin (ndlr, suspension arrière en libres) et ce n'était pas idéal. C'était comme en Australie : moins je tournais en essais libres et plus j'allais vite en qualification ! Je suis ravi pour l'équipe. Je lui adresse un grand merci, spécialement aux mécaniciens qui ont travaillé très durs, toute la nuit".
"Une voiture complètement nouvelle ce matin"

Vettel imperturbable, ce n'est pas nouveau. Ce qui l'est plus, c'est la qualité désormais manifeste du châssis Red Bull, toujours dépourvu de KERS et de double diffuseur. Comme quoi les détracteurs du "gang des diffuseurs" n'étalent pas que des arguments valables. Néanmoins, Fernando Alonso a montré l'impact du dispositif sur la Renault, car le comportement de la R29 fut transformé samedi par l'ajout d'un extracteur à carénage spécial livré en urgence, dans la nuit. Résultat : une 1ère ligne pour le double champion du monde 2005-2006, ce qu'il n'avait plus goûté depuis son Grand Prix national, en 2008.
"C'est un week-end étrange pour nous, avec une voiture complètement nouvelle ce matin", a raconté l'Espagnol. "Je n'avais fait que trois tours chrono en libres 3 (six en tout) et je suis allé en qualification avec des doutes, en aveugle. Nous ne savions pas comment la voiture allait répondre. Nous sommes donc extrêmement contents du résultat. C'est une grosse motivation pour toute l'équipe qui a bossé à fond ces trois-quatre dernières semaines. Les gars n'ont dormi qu'une heure ou deux heures cette nuit. Quand les gens font un boulot pareil, il faut sortir une perf au volant".
"Les deux premières courses de la saison n'ont pas été un désastre", a-t-il encore précisé. "La voiture se comportait bien et n'était simplement pas assez rapide. En trouvant 0.3 ou 0.4 sec, on gagne 8 ou 9 places. C'est ce qui est intéressant dans ce championnat : tout pas en avant réalisé, toute nouvelle pièce mise sur la voiture peut faire gagner beaucoup de positions". Néanmois, les poids des monoplaces révélés donnent une autre lecture de la hiérarchie : avec respectivement 637 kg, 644 kg et 646.5 kg, les monoplaces de Vettel, Alonso et Webber sont de loin les plus légères.
Les Brawn muselées
Voilà qui va peut-être faire retomber la pression chez son patron Flavio Briatore, qui s'active en coulisses afin de priver Brawn GP de ses moyens de développement en coupant le robinet à euros. Il avancerait pour cela un argument choc : l'écurie-trublion serait considérée aux yeux de la FIA comme une nouvelle venue, et pas comme le nouveau nom de Honda. Privée des 30 millions de revenus TV 2008, donc...
Lorsque Sebastien Vettel assena son coup fatal, à la fermeture de la piste, son coéquipier australien Mark Webber détenait la pole depuis cinq minutes. Fernando Alonso a ensuite intercalé sa R29 pour mono former un trio de propulseurs Renault, une première depuis le GP du Portugal 1996 (Hill, Villeneuve, Alesi). L'explication tient en partie au fait que Viry-Châtillon a été autorisé cet hiver à remettre son V8 à niveau. Pour un gain spectaculaire de 20 chevaux.
En tous les cas, Brawn a vu le vent nouveau souffler. Rubens Barrichello s'est rangé au 4e rang (659 kg). Pire, Jenson Button, poleman lors des deux premiers Grands Prix, a chuté au 5e niveau (661 kg). "Ce fut une bonne qualification mais on a pu voir à quel point la F1 peut progresser rapidement", a constaté le Brésilien. "Nous avons été surpris de voir que les Red Bull étaient rapides et la compétition a été forte devant. Elles seront dures à battre. Mais nous avons une bonne stratégie et Jenson et moi connaissons le chemin du podium".


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