George W. Bush publie ses mémoires et défend sa présidence
AFP
Washington - George W. Bush, pratiquement silencieux depuis qu'il a quitté la Maison Blanche, fait son retour sur le devant de la scène avec la publication mardi de ses mémoires, dans lesquels il justifie sa "guerre au terrorisme" et, avec un bémol, l'invasion de l'Irak.
George W. Bush
La sortie des mémoires, tirés à 1,5 million d'exemplaires, s'accompagne d'un "plan médias" qui a vu M. Bush, 64 ans, accorder lundi soir à la chaîne NBC son premier entretien télévisé depuis qu'il a cédé les clés de la Maison Blanche à Barack Obama début 2009.
En près de 500 pages, les mémoires du 43e président (2001-2009) reviennent sur son mandat marqué par les attentats du 11-Septembre et les guerres qu'il a engagées en Afghanistan, puis en Irak.
Sur NBC, M. Bush a assuré qu'il avait été "une voix dissidente" au sein de son administration en s'opposant à la guerre en Irak, avant de finalement se rallier au recours à la force contre Saddam Hussein en 2003.
"Je ne voulais pas utiliser la force (...) Je voulais donner une chance à la diplomatie", a expliqué l'ancien chef d'Etat.
Selon un extrait de son livre publié par les médias, M. Bush assure que "personne n'a été aussi écoeuré et en colère que moi quand on n'a pas trouvé d'armes de destruction massive" en Irak, alors que cela avait justifié les hostilités.
Mais sur NBC, il a refusé de s'excuser devant les Américains d'avoir engagé la guerre: "S'excuser signifierait que cette décision était mauvaise".
Il justifie aussi le recours au supplice de la baignoire employé à l'encontre du cerveau auto-proclamé des attentats du 11-Septembre, Khaled Cheikh Mohammed.
"Oh que oui", répond M. Bush, interrogé par la CIA pour savoir si elle peut utiliser cette technique d'interrogatoire sur le Pakistanais, selon un extrait du livre publié par le Washington Post.
George W. Bush explique qu'il pensait que le suspect possédait des informations vitales sur des attentats en préparation et qu'il reprendrait la même décision si cela pouvait sauver des vies.
Il révèle aussi avoir envisagé de se séparer de son vice-président, Dick Cheney, qui lui a offert de se retirer du "ticket" républicain avant la réélection de 2004.
"J'ai effectivement songé à accepter l'offre", déclare M. Bush selon le New York Times. M. Cheney était devenu "un abcès de fixation pour les médias et la gauche. Il était considéré comme un être sans coeur agissant dans l'ombre, comme le Dark Vador de l'administration", relève M. Bush.
Mais le président a fini par estimer qu'il avait besoin de lui pour l'aider "à faire le boulot".
M. Bush rapporte avoir traversé le pire moment de sa présidence lors d'un incident consécutif à l'ouragan Katrina, qui a dévasté La Nouvelle-Orléans en 2005 et a valu l'accusation d'incompétence à son administration. Le rappeur Kanye West l'avait alors accusé à la télévision de ne pas se préoccuper des Noirs.
"Il m'a traité de raciste", se souvient l'ex-président, selon un extrait de l'interview accordée à NBC. "Je ne l'ai pas digéré à l'époque et je ne le digère toujours pas (...) Ce n'était pas vrai et ça a été l'un des moments les plus écoeurants de ma présidence".
Dans un entretien au quotidien britannique Times publié mardi, l'ex-président révèle que le Premier ministre Tony Blair, à la veille de la guerre d'Irak, était prêt à sacrifier son gouvernement et sa fonction pour se maintenir aux cô tés de Washington plutô t que de céder à une motion de défiance à la chambre.
"Si cela doit me coûter le gouvernement, qu'il en soit ainsi", aurait-il déclaré à M. Bush qui le mettait en garde.