Ghardaïa, la perle du Sud algérien paralysée par les heurts communautaires
AFP
Ghardaïa - Ghardaïa, haut lieu du tourisme algérien avec son marché historique et son architecture classée, est paralysée depuis des mois par la peur née de heurts meurtriers entre communautés berbère et arabe dans cette ville millénaire aux portes du Sahara.
Lundi matin, la ville offrait un spectacle de désolation. Autour de la grande place du marché qui grouille habituellement de commerçants et de clients, de grandes traces noires s'étalaient sur les façades ocres: nombre de bâtiments ont brûlé.
La tension restait palpable et la ville était largement quadrillée par des forces de l'ordre arrivées en renforts, selon un journaliste de l'AFP sur place.
La dernière vague d'affrontements intercommunautaires a fait trois morts samedi soir, selon les autorités, et quelque 200 blessés.
Trois jeunes chaâmbas (arabes), Ibrahim Metahri, Azzedine Ben Taleb et Mohamed Bekai, tués mercredi soir dans des circonstances non élucidées, devaient être enterrés dans l'après-midi.
- Des flammes et de l'amertume -
Aux boutiques incendiées des mozabites, des berbères de rite minoritaire ibadite, s'ajoutent désormais celles des chaâmbas, qui flambaient encore dimanche soir malgré l'intervention des pompiers.
Le "Rahala", le magasin le plus célèbre du marché, n'est plus qu'un tas de débris alors qu'il ouvrait contre vents et marées depuis plus de 60 ans.
"Je ne fermais mon magasin que lorsqu'il y avait des heurts, et dès que ça cessait, je rouvrais", raconte son propriétaire, Hadj Mabrouk Zahouani, à l'AFP. "Mais j'ai perdu le magasin et son contenu", s'insurge-t-il.
Ses clients venaient de tout le sud algérien, largement désertique, pour acheter vaisselle, vêtements et chaussures typiques de Ghardaïa. Selon son gendre, Seddik, un pompier, les dégâts dépassent les 50 millions de dinars (près de 500.000 euros).
Les dommages sont encore difficiles à évaluer. Mais Bahmed Babaoumoussa, un membre du comité du quartier mixte de Thénia, évoquait samedi, pour cette seule zone, des pertes de plus de quatre millions d'euros.
Dans l'artère principale de Ghardaïa, la rue du 1er novembre majoritairement arabe, les commerces sont fermés en raison des tenions. "Les mozabites n'habitent pas au centre-ville mais ils ont des commerces ici", explique Moussa, un postier d'une trentaine d'années.
On reconnaît facilement aujourd'hui leurs boutiques, d'abord en raison d'une lourde protection policière mais aussi par des tags sur leurs murs: "ceci est un magasin mozabite" ou "Irhal (dégage)".
- Tensions et pénuries -
Certains cafés ont rouvert lundi, après la visite la veille du nouveau Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, pour tenter de calmer le jeu. Mais ils ne vendent que du thé. Il y a pénurie de café avec la fin des approvisionnements auprès des grossistes mozabites.
Un officier de police posté dans cette artère très grouillante d'habitude n'imagine pas Ghardaïa sans ses commerces et le "tourisme florissant alimenté surtout par les bijoux et tapis typiques de Ghardaïa".
Cette zone de ksours, sorte de mini-citadelles, aux chemins tortueux et aux maisons basses arrondies, dont l'architecture a inspiré les plus grands bâtisseurs modernes, est classée au patrimoine mondiale de l'Unesco.
Connue sous le nom de vallée du Mzab, elle abrite la minorité mozabite -qui compte au total 300.000 âmes en Algérie pour 38 millions d'habitants- dont la principale activité a toujours été le commerce. Les chaâmbas ont surtout travaillé dans l'administration.
Saleh Echeikh, un professeur de droit mozabite de l'Université de Ghardaïa, veut voir "une troisième partie dans le conflit actuel: les groupes criminels, dont se plaignent aussi bien les mozabites que les chaâmbas". "Ce sont eux qui ont provoqué la fermeture des magasins et la paralysie de l'activité commerciale par toutes leurs agressions", juge-t-il, évoquant la multiplication des vols depuis un an.
Il dénonce aussi "une prolifération de la drogue, bien que cette région soit connue pour être conservatrice".
Ghardaïa, qui "n'était qu'une ville de transit" de la drogue provenant notamment de l'extrême sud algérien et du voisin marocain, est devenue "une ville de consommation", selon lui.
Les chaâmbas réfutent l'argument. "La drogue circule encore plus dans les grandes villes et les villes frontalières. Alors pourquoi ces villes n'ont-elles pas aussi pas flambé?", s'interrogent-ils.
La tension restait palpable et la ville était largement quadrillée par des forces de l'ordre arrivées en renforts, selon un journaliste de l'AFP sur place.
La dernière vague d'affrontements intercommunautaires a fait trois morts samedi soir, selon les autorités, et quelque 200 blessés.
Trois jeunes chaâmbas (arabes), Ibrahim Metahri, Azzedine Ben Taleb et Mohamed Bekai, tués mercredi soir dans des circonstances non élucidées, devaient être enterrés dans l'après-midi.
- Des flammes et de l'amertume -
Aux boutiques incendiées des mozabites, des berbères de rite minoritaire ibadite, s'ajoutent désormais celles des chaâmbas, qui flambaient encore dimanche soir malgré l'intervention des pompiers.
Le "Rahala", le magasin le plus célèbre du marché, n'est plus qu'un tas de débris alors qu'il ouvrait contre vents et marées depuis plus de 60 ans.
"Je ne fermais mon magasin que lorsqu'il y avait des heurts, et dès que ça cessait, je rouvrais", raconte son propriétaire, Hadj Mabrouk Zahouani, à l'AFP. "Mais j'ai perdu le magasin et son contenu", s'insurge-t-il.
Ses clients venaient de tout le sud algérien, largement désertique, pour acheter vaisselle, vêtements et chaussures typiques de Ghardaïa. Selon son gendre, Seddik, un pompier, les dégâts dépassent les 50 millions de dinars (près de 500.000 euros).
Les dommages sont encore difficiles à évaluer. Mais Bahmed Babaoumoussa, un membre du comité du quartier mixte de Thénia, évoquait samedi, pour cette seule zone, des pertes de plus de quatre millions d'euros.
Dans l'artère principale de Ghardaïa, la rue du 1er novembre majoritairement arabe, les commerces sont fermés en raison des tenions. "Les mozabites n'habitent pas au centre-ville mais ils ont des commerces ici", explique Moussa, un postier d'une trentaine d'années.
On reconnaît facilement aujourd'hui leurs boutiques, d'abord en raison d'une lourde protection policière mais aussi par des tags sur leurs murs: "ceci est un magasin mozabite" ou "Irhal (dégage)".
- Tensions et pénuries -
Certains cafés ont rouvert lundi, après la visite la veille du nouveau Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, pour tenter de calmer le jeu. Mais ils ne vendent que du thé. Il y a pénurie de café avec la fin des approvisionnements auprès des grossistes mozabites.
Un officier de police posté dans cette artère très grouillante d'habitude n'imagine pas Ghardaïa sans ses commerces et le "tourisme florissant alimenté surtout par les bijoux et tapis typiques de Ghardaïa".
Cette zone de ksours, sorte de mini-citadelles, aux chemins tortueux et aux maisons basses arrondies, dont l'architecture a inspiré les plus grands bâtisseurs modernes, est classée au patrimoine mondiale de l'Unesco.
Connue sous le nom de vallée du Mzab, elle abrite la minorité mozabite -qui compte au total 300.000 âmes en Algérie pour 38 millions d'habitants- dont la principale activité a toujours été le commerce. Les chaâmbas ont surtout travaillé dans l'administration.
Saleh Echeikh, un professeur de droit mozabite de l'Université de Ghardaïa, veut voir "une troisième partie dans le conflit actuel: les groupes criminels, dont se plaignent aussi bien les mozabites que les chaâmbas". "Ce sont eux qui ont provoqué la fermeture des magasins et la paralysie de l'activité commerciale par toutes leurs agressions", juge-t-il, évoquant la multiplication des vols depuis un an.
Il dénonce aussi "une prolifération de la drogue, bien que cette région soit connue pour être conservatrice".
Ghardaïa, qui "n'était qu'une ville de transit" de la drogue provenant notamment de l'extrême sud algérien et du voisin marocain, est devenue "une ville de consommation", selon lui.
Les chaâmbas réfutent l'argument. "La drogue circule encore plus dans les grandes villes et les villes frontalières. Alors pourquoi ces villes n'ont-elles pas aussi pas flambé?", s'interrogent-ils.