Google, pratiquement seul à braver la censure chinoise

AFP

New York - Le groupe internet Google reste pratiquement seul parmi les grands groupes technologiques américains à braver la censure chinoise, les autres poids lourds du secteur ayant obstinément gardé le silence sur son initiative.

Google, pratiquement seul à braver la censure chinoise
Pourtant Microsoft et Yahoo! sont, tout comme Google, présents en Chine. Ce sont aussi, tout comme Google, des membres fondateurs de l'organisation "Global Network initiative", lancée en 2008 pour "protéger la liberté d'expression et le droit à la vie privée" des internautes.

Mais interrogé cette semaine sur l'initiative de Google de cesser de se plier à la censure sur son moteur de recherche Google.cn, Yahoo! est resté dans le plus total silence.

"Ce n'est pas notre boulot de réparer la Chine", avait lancé l'an dernier la directrice général de Yahoo!, Carol Bartz.

Microsoft a quant à lui réitéré sa position déjà exprimée en janvier, quand Google avait annoncé ses intentions: "nous reconnaissons que différentes sociétés peuvent arriver à différentes conclusions", a fait valoir le groupe dans un communiqué. "Nous communiquons régulièrement avec des gouvernements, notamment la Chine, pour défendre la liberté d'expression, la transparence et l'état de droit. Nous continuerons à le faire".

Le fondateur du groupe Bill Gates a été moins diplomatique envers Google. "Il faut décider si l'on veut obéir aux lois des pays où l'on est présent, ou pas. Et si la réponse est non, alors il faut peut-être arrêter d'y être présent", avait-il dit en janvier, assurant qu'en tout état de cause, "les efforts des Chinois pour censurer internet sont très limités".

"Il est facile de les contourner", avait-il assuré.

Le co-fondateur de Google Sergey Brin a peu apprécié. "Je suis particulièrement déçu" par Microsoft, a-t-il dit au quotidien britannique The Guardian cette semaine. "Tel que je le comprends, ils n'ont pratiquement pas de part de marché (en Chine), donc finalement ils s'expriment contre la liberté d'expression et les droits de l'homme juste pour contredire Google".

M. Brin, né à Moscou, est arrivé aux Etats-Unis à l'âge de six ans. Il a expliqué au Wall Street Journal qu'il avait été personnellement réticent à l'implantation de Google en Chine en 2006, et qu'il avait été le principal partisan au sein du groupe de la fin de la censure.

En fait, explique à l'AFP Rebecca MacKinnon, ancienne directrice du bureau de CNN en Chine et l'une des animatrices de la Global Network Initiative, Yahoo! a vendu l'exploitation de sa marque en Chine au groupe chinois Alibaba, dans lequel il a cédé ses dernières parts à l'automne. On peut donc difficilement lui reprocher son silence aujourd'hui.

Quant à Microsoft, Mme MacKinnon relève que son adhésion à l'initiative commune avec Yahoo! et Google ne lui interdit pas d'être présent en Chine, mais exige de sa part "transparence et responsabilité" à l'égard des internautes chinois.

"Cela n'apporterait pas grand chose de dire que la Chine fait beaucoup de choses pas bien et que donc le secteur des technologies doit se désengager", argumente Mme McKinnon, soulignant que les autorités de très nombreux pays exercent une dose de surveillance ou de censure.

"Il est trop tô t" pour dire que Microsoft trahit ses principes, conclut-elle.

Jusqu'à présent, Google a été imité seulement par la société de gestion de noms de domaine Go Daddy, qui a annoncé avoir cessé de vendre des noms de sites avec le suffixe chinois .cn. Mais cette activité pèse assez peu sur ses comptes.

Du cô té des autres sociétés de technologies interrogées par l'AFP, nul n'a fait mine de vouloir se retirer.


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