Grève à Fos: la menace d'une pénurie de carburants se précise

AFP

Paris - La menace d'une pénurie de carburants en France se précise, alors que la grève des terminaux pétroliers de Fos-Lavera risque d'obliger quatre raffineries à s'arrêter faute de brut et que le gouvernement a autorisé la circulation des camions-citernes pour le 2e dimanche consécutif.

Grève à Fos: la menace d'une pénurie de carburants se précise
 "La situation est très préoccupante", a estimé vendredi le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), Jean-Louis Schilansky.

Selon lui, "on pourrait avoir des problèmes d'approvisionnement" en carburants dans le Sud-Est "vers le 20 octobre", tandis que le gouvernement se veut plus rassurant.

Quatre des six raffineries alimentées par le port de Marseille pourraient en effet devoir s'arrêter "dans le courant de la semaine prochaine", selon le responsable de l'organisation patronale.

"Les deux autres ont plus de stocks de brut, on pense qu'elles peuvent fonctionner encore quelque temps", a-t-il ajouté.

Les terminaux de Fos-Lavera alimentent six raffineries en France: les quatre raffineries de l'étang de Berre et quatre autres qui sont approvisionnées via le pipeline sud-européen (l'une à Feyzin, près de Lyon, et l'autre à Reichstett dans le Bas-Rhin). Ces raffineries représentent 40% environ des capacités françaises de raffinage.

Prenant acte de l'urgence de la situation, le ministère de l'Ecologie et de l'Energie a autorisé exceptionnellement les camions-citernes à circuler dans toute la France le dimanche 10 octobre, pour la 2e semaine de suite. La mesure s'appliquera aussi le 17 octobre.

"Nous mettrons en place les acheminements nécessaires afin qu'il n'y ait aucune rupture dans les stations et dépôts de carburants", a assuré vendredi le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau.

Les agents des terminaux pétroliers de Fos-Lavera ont entamé vendredi leur 12e jour de grève, à l'appel du syndicat CGT. Ils protestent contre la mise sur pied d'une filiale chargée de gérer ces terminaux dans le cadre de la réforme portuaire.

Cinquante et un navires étaient bloqués en rade vendredi dont trois chimiquiers, 11 navires propane/butane, 19 pétroliers de brut, 15 pétroliers de raffinés et trois péniches.

M. Bussereau a rappelé que la Corse avait déjà été ravitaillée par un navire provenant de Sardaigne et que "sur le continent, les réserves représentent plusieurs mois de consommation".

Moins optimiste, Jean-Louis Schilansky souligne au contraire que l'appel à la grève reconductible dans les douze raffineries françaises à partir du mardi 12 octobre "va compliquer la situation".

"On évaluera la situation en fonction de l'ampleur et de la dureté du mouvement" mais "il y a un risque d'aggravation si les grévistes bloquent les expéditions des raffineries", a-t-il affirmé.

La CGT du port de Marseille a brandi vendredi la menace d'"une pénurie de carburant dans les prochains jours".

"La pénurie, ce n'est pas nous qui la maîtrisons, ce sera la conséquence de l'autisme du gouvernement", a déclaré Jean-Michel Michelucci, responsable de l'union régionale CGT de la Fédération chimie.

Vendredi matin, les stations-services de Corse étaient prises d'assaut après la livraison la veille de 6.000 m3 de gasoil pour ravitailler l'île. La préfecture a lancé un "appel au civisme" pour éviter "de créer artificiellement une situation de pénurie".

Les restrictions de carburant concernant le gazole ont été étendues à l'essence sans plomb sur l'île de Beauté: l'approvisionnement des véhicules est limité à 30 litres par véhicule et par jour.

Selon M. Schilansky, la grève a déjà coûté entre 25 et 30 millions d'euros à l'industrie pétrolière.

"Les précédentes grèves du port de Marseille ont duré 12 jours et avaient pris fin avant que des raffineries aillent à l'arrêt. Si ça arrive, ça serait une première", a-t-il estimé.


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