Grève du contrôle aérien: désordres dès mardi soir, pagaille dans le ciel mercredi

AFP

Paris - Opposés à un projet européen de fusion du contrôle aérien, les aiguilleurs du ciel ont lancé une grève de mardi soir à jeudi matin, la troisième depuis le début de l'année, qui devrait se traduire par de fortes perturbations en pleine période de vacances estivales.

Grève du contrôle aérien: désordres dès mardi soir, pagaille dans le ciel mercredi
 Les désordres commenceront mardi entre 19H00 et 20H00 et iront croissants : 20% des vols seront annulés mercredi à Roissy, 50% à Orly et l'ensemble des aéroports français devraient être touchés, a prévu la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

La situation devrait revenir à la normale au cours de la journée de jeudi.

Chaque compagnie aérienne informe ses voyageurs et peut tenter de les acheminer via d'autres vols. Air France assurera "100% de ses vols long-courriers, 80% de ses vols court et moyen-courriers à Paris-Charles de Gaulle et 50% de ses vols court et moyen-courriers à Paris-Orly".

A Orly se greffe un mouvement des caissiers de parkings, salariés d'Aéroports de Paris, mais sans impact sur les trafics.

Le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, a jugé mardi que la grève dans le contrôle aérien était "en période de vacances scolaires tout à fait inadaptée et inappropriée", tout en soulignant que les contrôleurs aériens exercent un "métier difficile".

Ils sont notamment soumis à un service minimum, avec des astreintes obligatoires, en particulier pour assurer les liaisons avec la Corse et les DOM-TOM.

Pour Martial Duqueyroix (CGC), "il est scandaleux d'accuser les syndicats alors que nous avons tout fait pour éviter la grève".

L'intersyndicale (CGT-CGC-FO-Unsa/Iessa-Unsa/Icna), qui affirme représenter un peu plus de la moitié du personnel de la DGAC, refuse une fusion du contrôle aérien français avec celui de cinq pays pour former le Fabec, le bloc d'Europe centrale, dans le cadre d'un ciel unique européen.

Les syndicats seraient favorables à une coopération, qui permettrait de conserver le statut et les conditions de travail des agents de la DGAC (12.000 fonctionnaires dont 4.000 aiguilleurs du ciel).

Le personnel, qui avait déjà fait grève sur ce thème deux jours en janvier et quatre en février, redoute à terme un éclatement de la DGAC dans un contexte de réduction des postes (495 emplois en 2011-2013).

Mercredi est le jour prévu pour la signature d'un protocole d'accord social triennal, dans lequel figure déjà la concrétisation du Fabec, dénoncent les syndicats, qui attendent pour fin juillet un rapport de médiation sur ce sujet de l'ancien eurodéputé (PS) Gilles Savary.

Charles de Courson, rapporteur (NC) du budget du transport aérien, a fait valoir, lundi soir sur France 3, que le Fabec pourrait créer "un nouveau statut" pour les contrôleurs des six pays, dont les conséquences "peuvent être très favorables" en termes de rémunération.

Selon lui, les contrôleurs français touchent 120.000 euros annuels (brut), alors que la moyenne européenne s'élève à 180.000 euros. Mais les contrôleurs en Europe travaillent 160 jours par an contre 120 à 130 jours effectifs en France, a-t-il souligné.

A la suite d'un rapport de la Cour des comptes, la DGAC a activé début juin des badges de sécurité pour mieux connaître les emplois du temps des contrôleurs.

Cette mesure a conduit certains agents à "appliquer de manière pointilleuse la réglementation", entraînant des retards, selon la DGAC, qui estime cependant que "ce mouvement s'essouffle".

Il n'y a pas qu'en France que le contrôle aérien est dans la tourmente : en Espagne, nombre d'agents de Barcelone sont en arrêt-maladie et le gouvernement espagnol a annoncé mardi qu'il enverrait si nécessaire des militaires pour les remplacer alors qu'il soupçonne une grève déguisée.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :