Grippe A (H1N1) : cacophonie autour de la forme pédiatrique du Tamiflu®
Destination Santé
Il est toujours très difficile aujourd'hui, pour les parents d'enfants infectés par la grippe A (H1N1), d'obtenir la délivrance par un pharmacien, du Tamiflu® (oseltamivir) prescrit par leur médecin.
A ce jour, il est exact que les 22 000 officines françaises ne disposent pas de la forme pédiatrique nécessaire pour prendre en charge la grippe chez les enfants de plus d'un an - de l'antiviral de référence contre le virus A (H1N1). La faute en incombe aux autorités françaises du médicament, qui ont sans doute péché par manque de clarté. Leurs recommandations aux pharmaciens, mal comprises par ces derniers, les ont placées dans une position inconfortable.
Dans une lettre adressée le 29 septembre dernier aux professionnels de santé, Roselyne Bachelot-Narquin précisait que les médicaments antiviraux prescrits par le médecin étaient « disponibles en pharmacie d'officine à l'exception des formes pédiatriques, dont le circuit de distribution est, pour le moment, réservé au secteur hospitalier ». Cette formulation explique pourquoi sur le terrain, les pharmaciens ont été si rétifs à délivrer du Tamiflu® pour les enfants.
Impréparation du dispositif gouvernemental
« Je ne peux pas faire de préparation pédiatrique à partir de la forme adulte », nous a confié un pharmacien de Clermont-Ferrand. Même argument à Bordeaux, « je ne fais pas de préparation ». Ou encore dans une officine de Montpellier, « vous devez aller à l'hôpital, nous n'avons pas de forme pédiatrique et nous n'avons pas le droit d'en préparer ».
Au cours d’une conférence de presse sur l’organisation de la chaîne du médicament face à la pandémie de grippe, cette information a été confirmée par Isabelle Adenot, Présidente du Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens. « Il est strictement interdit de déconditionner un médicament adulte pour le préparer en forme pédiatrique. Pour autant, la priorité ce sont les patients, donc face à ces demandes, le pharmacien doit pouvoir procéder à une préparation pédiatrique, sinon c’est ingérable face à l’angoisse des parents ».
Cette situation illustre l’impréparation du dispositif gouvernemental. Selon Isabelle Adenot, il devrait y être rapidement porté remède. « Dans quelques jours, le gouvernement devrait par décret, autoriser les pharmaciens à procéder à ce type de déconditionnement ». En attendant, les parents sont démunis…