Hand : Dans la peau de Guillaume Gille

L'Equipe.fr/Propos recueilli par Peggy Bergère

Depuis sa première sélection en Bleu en 1996, Guillaume Gille a fait partie de toutes les conquêtes tricolores. Champion du monde en 2001, d'Europe en 2006, et olympique l'été dernier à Pékin, il retrouvera dimanche la bouillante Arena de Zagreb et la Croatie pour y disputer sa quatrième finale dans une compétition majeure.

Hand : Dans la peau de Guillaume Gille
Pour notre site, l'excellent défenseur tricolore livre avec une touchante sincérité ses émotions et sensations à l'approche d'un tel rendez-vous.

Une finale mondiale est-elle différente d'une autre ?


« Hormis le contexte championnat d'Europe, championnat du monde et JO, une finale reste l'aboutissement de quinze jours, voire d'un mois de travail, parfois plus pour les Jeux. C'est la dernière marche, le moment où tu vas pouvoir te bagarrer pour ce qu'il y a de plus beau. Il n'y a pas vraiment de différence, tu te retrouves juste à vouloir valider la plus belle des récompenses. Tu as envie de mordre dans tout, tu as envie de profiter de ces moments-là car ils sont rares dans une carrière de sportif, tu as envie de faire de ce moment un truc à toi, tu as envie de marquer cette heure de l'empreinte de ton équipe. Et tu as quand même envie de te préparer comme un match normal, face une équipe que tu connais bien. Sous certains aspects, c'est une préparation complètement classique. »

L'aborde-ton pour autant comme un autre match ?


« On y pense tout le temps, à la finale. Tout ce qu'on fait jusqu'au lendemain est centré sur la finale. Le temps que tu passes pour récupérer, le temps que tu prends à te faire soigner, à essayer de bien te régénérer, le peu de temps d'entraînement qu'il faut optimiser... Tout est centré sur le même objectif : être bons en finale. Je ne sais pas si je vais bien dormir cette nuit (ou pas). Je pense que oui car il y a quand même un peu de fatigue. Mais c'est certain qu'il y aura une excitation un peu inhabituelle... On ne joue pas le premier match du tour préliminaire. »

Quand l'excitation commence-t-elle à se manifester ?

« Je sais que demain (dimanche), je vais me lever et que ma première pensée sera : ''Aujourd'hui, on a un gros truc à mener ensemble. On a un super match à livrer''. Ce sera en filigrane toute la journée. Je ne dis pas que je vais être en permanence en train d'y penser. Mais chaque geste, chaque rendez-vous planifié est aussi programmé pour qu'il y ait une montée en puissance, pour que tu rentres dans l'événement. »

Quand sentez-vous la pression monter d'un cran ?


« Pendant la première partie de la journée, on est plus sur de la réflexion, de la visualisation. On essaie de penser à ce qui va nous tomber sur le coin de la gueule et à la manière dont il faut s'y préparer. C'est au moment où on rentre dans le bus et qu'on part vers la salle qu'on change de dimension au niveau de l'approche. A ce moment-là, tu es vraiment sur autre chose. Tu sais que tu es à deux heures du début du match. Tu passes sur une phase beaucoup plus forte où chacun est vraiment concentré sur ce qui va lui être demandé. Tu as l'impression que chacun est en train d'emmagasiner de l'énergie pour tout ressortir au moment du match. »

Par quel moyen ?

« C'est très variable. Je peux écouter de la musique, je peux discuter. Je n'ai pas nécessairement besoin de m'isoler. J'ai une période où j'ai envie d'être un peu tranquille mais très vite, j'ai envie de retrouver le contact avec le ballon, avec les copains. Parce que c'est ce qu'il va se passer, on ne va pas être tout seul, on va être ensemble et on aura besoin d'être ensemble. »

Superstitieux, Guillaume Gille ?

« Non. Je n'avais pas non plus de manie particulière avec mon frère (Bertrand, en pause internationale). Bien évidemment, il y a des rituels. S'habiller avant un match, même s'il n'y a pas d'ordre particulier, c'est un peu comme enfiler l'armure. Ça fait partie d'un rituel important. Tu mets tes pompes, ton maillot, ton short, ton survêtement : ça y est, tu es dans la peau d'un joueur, et plus du tout dans celui qui est en train d'attendre à l'hôtel. »

L'entrée dans l'Arena de Zagreb...

« C'est une grosse décharge d'adrénaline. C'est bon. C'est énorme. De pouvoir rentrer dans cette fournaise, cette antre où on a l'impression que tout est fait pour qu'on soit les vaincus de cette confrontation... Qu'on soit comme pendant une corrida où on sait que quoi qu'il arrive, le taureau va passer l'arme à gauche. On sait aussi que dans ce match-là, on peut être celui qui gâche la fête, celui qui peut complètement ternir l'aventure des Croates. Ça a un côté très sympa... »

Quelques secondes avant le début du match, la Marseillaise retentit...

« Ça n'est pas facile de mettre des mots sur des émotions, sur des sensations... On n'est pas tout le temps dans l'introspection, en train de se demander « qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je le fais ? »... C'est fort quoi ! T'es là, tu chantes la Marseillaise, tu sens tes potes à côté... Au niveau symbolique, c'est fort ! Chanter la Marseillaise avec ton maillot bleu-blanc-rouge... Tu sais que tu représentes ton pays et que tu vas jouer un truc de malade ! C'est le dernier moment où vraiment ça monte. Et, après, tu sais que tu vas pouvoir tout libérer. »

Dès le coup d'envoi ?

« Ça dépend des matches, et heureusement ! Rien n'est écrit... Ce dont je parle est un ressenti individuel. Ça n'est la même chose pour personne. Ça dépend des gens, des personnalités. Moi, j'essaie juste d'utiliser tout ce qui peut se passer avant un match comme énergie positive pour m'engager dans l'action. »


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