Heurts meurtriers entre tribus amazoniennes et police péruvienne
Reuters
Trente-trois personnes ont sans doute été tuées et une centaine d'autres blessées vendredi dans des affrontements entre la police péruvienne et des tribus de l'Amazonie opposées à l'octroi de concessions à des compagnies minières étrangères dans la forêt équatoriale du nord du Pérou.
Les chefs indigènes ont accusé des policiers opérant à bord d'hélicoptères d'avoir ouvert le feu sur des centaines de manifestants pour mettre fin au blocage d'une route à 1.400 km au nord-est de Lima.
Les manifestants, très en colère, ont répliqué en prenant en otages un groupe de policiers près d'une station de pompage de la société nationale des pétroles, Petroperu. Ils ont menacé d'y mettre le feu si les policiers ne renoncaient pas à vouloir disperser les manifestations en cours en Amazonie.
"Nous retenons 38 policiers en otages", a déclaré un manifestant à la radio RPP. "Nous sommes 2.000, prêts à incendier la station", a-t-il averti.
Des milliers d'Amérindiens s'emploient depuis avril à bloquer routes et voies d'eau pour obtenir l'abrogation d'une série de lois adoptées l'an dernier pour encourager des compagnies étrangères à investir en Amazonie.
L'ÉCHEC DU PREMIER MINISTRE
Ce conflit, qui conduit certains à réclamer la démission du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur, souligne les divisions profondes qui demeurent au Pérou entre les élites fortunées de Lima et les communautés indiennes miséreuses des zones rurales.
"Je tiens le gouvernement du président Alan Garcia pour responsable d'avoir ordonné ce génocide", a déclaré à la presse à Lima le chef indigène Alberto Pizango. Le gouvernement a lancé un mandat d'arrêt contre lui pour avoir encouragé le mouvement de protestation.
Imputant les violences aux manifestants, le président Garcia a estimé que le moment était venu de mettre fin aux blocages des routes, des rivières et des installations énergétiques.
"Le gouvernement se doit d'agir pour imposer l'ordre et la discipline", a dit de son côté le Premier ministre, Yehude Simon.
Cet ancien militant de gauche, auquel Alan Garcia a fait appel voici un an pour tenter d'éviter des troubles sociaux dans le pays, n'a pas réussi à négocier l'arrêt des blocus en cours dans le bassin de l'Amazonie.
La compagnie argentine Pluspetrol, qui avait déjà pratiquement arrêté les activités de sa concession 1AB dans le Nord péruvien, a fait savoir qu'elle y cessait la production. Elle extrait en temps normal un cinquième environ de la production pétrolière péruvienne.