Himmich : La culture ne doit pas continuer à être considérée comme un "luxe"
Propos recueillis par Fadwa El Ghazi
Assilah - Le ministre de la Culture, M. Salem Himmich a estimé que la culture ne doit pas continuer à être considérée comme un "luxe" mais plutôt en tant qu'élément permettant à l'homme de sentir son humanisme sous différentes formes et manifestations.
Pour relever ces défis, M. Bensalem Himmich affirme qu'il va falloir miser sur la motivation des ressources humaines et la promotion de l'esprit de modernité et d'initiative chez les jeunes, soulignant à ce propos la nécessité de faire un état des lieux du secteur, pour connaître ses points de force et de faiblesse, avant de passer progressivement à la mise à profit des compétences individuelles.
Le ministre a indiqué, d'autre part, qu'il s'attèlera à identifier les besoins du ministère dans le but d'améliorer son budget, à travers la sensibilisation des acteurs économiques au rôle joué par la culture dans le processus de développement humain, jugeant nécessaire de s'ouvrir sur d'autres sources de financement pourvu que les projets soient bien ficelés.
Le ministère sera appelé à mettre sur pied une «banque d'idées» réalisables sur les proche et moyen termes, parallèlement à un ensemble de mécanismes pour leur mise en œuvre qui seront pris en charge par les directions et les délégations du département, a-t-il poursuivi.
M. Himmich a annoncé, par ailleurs, qu'il va tenir une série de rencontres avec un certain nombre d'intellectuels et d'artistes sur ce qu'ils estiment urgent et censé promouvoir les compétences créatives.
Le département de la culture élaborera de nouvelles politiques de partenariat avec des associations et établissements culturels à l'intérieur et en dehors du Maroc, a-t-il assuré, soulignant dans ce cadre que les préparatifs du Salon international de l'édition et du livre (SIEL) se feront d'une manière rationnelle afin d'obtenir des résultats concrets.
Ainsi, les volets organisationnel et logistique de la prochaine édition du SIEL seront confiés à une entreprise spécialisée et des quotas seront définis pour les différentes catégories de participants (éditeurs, libraires et exposants de produits multimédia), a-t-il expliqué, ajoutant que les espaces du Salon seront érigés en rendez-vous de réflexion collective et constructive.
Evoquant le recul du taux de lecture auprès de la société marocaine, M. Himmich a affirmé que la politique du ministère sera axée sur la sensibilisation des jeunes à l'importance de la lecture et sèmera en eux l'amour de la "pensée éclairante" et de la connaissance.
M. Himmich, qui a présidé un colloque sur la "Dimension culturelle de l'Union pour la Méditerranée : Le Maghreb et l'Europe" dans le cadre du Moussem
culturel international d'Assilah (31ème édition), a exprimé son optimisme quant à l'avenir de cette manifestation culturelle qui a perduré plus de 30 ans et qui a des prolongements au niveau international.
Le Moussem se veut "un extraordinaire croisement" de nature à resserrer les liens entre des artistes, des diplomates et des écrivains de tous les coins du monde, a-t-il dit.
Professeur de philosophie à l'Université Mohammed V de Rabat, M. Bensalem Himmich est auteur bilingue (en arabe et en français) d'œuvres littéraires et philosophiques, dont "De la formation idéologique en islam", "Partant d'Ibn Khaldoun, penser la dépression", "Le livre de fièvre et des sagesses", "Au pays de nos crises: essais sur le mal marocain" et "le Savant" (Al Allama, histoire romancée d'Ibn Khaldoun) ainsi que "Le Calife de l'épouvante".
Il est lauréat de quatre Prix, dont le Prix du Grand Atlas (2000), Prix Naguib Mahfouz (2002) et Prix Sharjah-UNESCO (2003) et trois de ses romans sont traduits en plusieurs langues.