Hollande détaille la doctrine de Paris sur la Syrie devant les ambassadeurs

AFP

Paris - François Hollande s'apprête à préciser mardi après-midi devant les ambassadeurs français la doctrine de Paris sur la Syrie au moment où les signes avant-coureurs de frappes aériennes contre le régime de Bachar al-Assad et ses forces armées se multiplient.

François Hollande et Ahmad Jarba
François Hollande et Ahmad Jarba

En une grosse demi-heure et dans le cadre solennel de la salle des fêtes de l'Elysée, le chef de l'Etat brossera les grands axes de la politique étrangère de la France, ouvrant la Conférence des ambassadeurs.

Mais cet exercice annuel, déjà dominé l'an dernier par la crise syrienne avec à l'époque le débat autour de la création de "zones tampon" pour contenir le flot des réfugiés et la reconnaissance du gouvernement provisoire formé par l'opposition, prend cette année une toute autre dimension.

"Tout va se jouer cette semaine", a confié François Hollande au quotidien Le Parisien paru lundi. Evoquant "plusieurs options", le président de la République a spécifié qu'elles allaient "du renforcement des sanctions internationales aux frappes aériennes en passant par l'armement des rebelles" syriens.

"On ne peut pas rester sans réagir"

"On laissera aussi un peu de temps au processus diplomatique mais pas trop non plus", a-t-il averti alors que le Conseil de sécurité des Nations unies reste paralysé par le soutien indéfectible de Moscou au régime de Bachar al-Assad.

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, l'a confirmé: la réaction sera "arbitrée dans les jours qui viennent".

Et pour François Hollande, "on ne peut pas rester sans réagir face à l'utilisation d'armes chimiques" qui aurait fait plus d'un millier de morts mercredi dans la banlieue de Damas. Le président français envisage donc une entorse à sa propre doctrine qui voudrait que la France ne prenne part à aucune intervention militaire sans le blanc-seing du Conseil de sécurité de l'ONU.

Pour contourner le veto russe et chinois à toute résolution sur la Syrie, les alliés pourraient invoquer, selon Paris, la notion de "responsabilité de protéger" des populations contre les crimes de guerre ou contre l'humanité. Héritière du "droit d'ingérence", elle avait été endossée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 2005.

Ils pourraient aussi se réclamer de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), un traité international de désarmement entré en vigueur en 1997.

En tout état de cause, François Hollande en appellera au respect du droit international dont il dira qu'il est foulé aux pieds depuis deux ans par le régime de Bachar al-Assad.

Un précédent est dans tous les esprits: en 1999 déjà, les Occidentaux avaient conduit des frappes aériennes contre les forces serbes au Kosovo, sans disposer d'un mandat de l'ONU, la Russie s'y opposant.

Dans ces conditions, la France pourrait se joindre à une intervention militaire internationale dont tout laisse à penser qu'il s'agirait de frappes dites "chirurgicales" contre des objectifs stratégiques, visant à dissuader le régime de recourir une nouvelle fois à ses armes chimiques et à "dégrader" ses moyens militaires. L'hypothèse d'un déploiement de troupes au sol semble en revanche exclue.

La France souhaite également une coalition la plus large possible avec, outre les Etats-Unis et les Britanniques, la participation de pays arabes ou de la Turquie.

Pour le reste, François Hollande devrait également s'exprimer sur l'Egypte et les "printemps arabes". Il "rappellera un certain nombre de principes, y compris à l'égard des Frères musulmans", soulignant qu'"aucune religion n'est incompatible avec l'exercice de la démocratie", glisse-t-on dans son entourage. 



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