Hollande en Centrafrique: "éviter toute tentation de partition"

AFP

Bangui - Le président François Hollande a fixé vendredi comme impératif d'"éviter la moindre tentation de partition" de la Centrafrique lors d'une visite à Bangui où il a salué l'action des soldats français qui ont "sauvé des milliers de vie".

"Il faut éviter qu'il y ait la moindre tentation de partition à l'Est de la Centrafrique", a déclaré le chef de l'Etat français dans une allocution devant les militaires de l'opération Sangaris, dont les effectifs ont été portés à 2.000 hommes.

Cela fait bientôt un an que la Centrafrique a basculé dans le chaos, avec le renversement en mars 2013 du régime de François Bozizé par la coalition rebelle à dominante musulmane de la Séléka.

Des mois d'exactions perpétrées en toute impunité par des combattants Séléka contre la population majoritairement chrétienne ont abouti à la formation de milices d'auto-défense anti-balaka, déclenchant un cycle infernal de violences interconfessionnelles.

Ces violences ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et entraîné l'exode de dizaines de milliers de civils musulmans terrorisés. Des groupes d'ex-rebelles Séléka se sont repliés vers les confins orientaux de la Centrafrique, faisant craindre à certains, dont le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, une partition de facto du pays.

- Armes et munitions à foison -

Depuis le déclenchement de l'opération Sangaris le 5 décembre, des "progrès considérables ont été accomplis" mais "il reste beaucoup à faire", a souligné M. Hollande devant les soldats, ajoutant que "d'ores et déjà, des milliers de vies ont été sauvées grâce à vous".

"La population est obligée de connaître l'exode. Les bandits terrorisent encore la population, notamment musulmane", a-t-il ajouté.

"La mission, c'est de permettre le rétablissement de l'ordre public" pour achever "la transition politique", avec des élections devant être organisées en principe au plus tard en février 2015.

"Le défi, c'est la lutte contre tous les ennemis de la paix sans distinction", a-t-il insisté: "aucun crime ne doit rester impuni".

A son arrivée à Bangui, pour sa deuxième visite depuis le 5 décembre, M. Hollande a eu un long entretien avec l'état-major de Sangaris et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.

Il a ensuite inspecté une partie des armes et munitions saisies par les soldats français: mortiers, mitrailleuses, lance-roquettes, lance-grenades, massues cloutées, machettes, arcs et flèches,...

"On n'imaginait pas qu'il y ait toute cette diversité d'armes", a-t-il commenté. Un officier lui a expliqué qu'"on récupère en moyenne une tonne d'armes de munitions par jour".

- "Etablir un Etat" -

Mais pour stabiliser durablement un pays à l'histoire particulièrement troublée, il faut un Etat, a rappelé le président français.

"Maintenant l'enjeu, ce n'est même pas de rétablir, mais d'établir l'Etat" et pour cela "il faut commencer par payer les fonctionnaires", a souligné M. Hollande qui s'est également entretenu avec la présidente de transition, Catherine Samba Panza.

Fonctionnaires et membres des forces de sécurité ne sont plus payés depuis des mois, un phénomène récurrent en Centrafrique.

Selon M. Hollande, les salaires seront rapidement versés grâce à une aide des pays de la région.

Mme Samba Panza a "remercié" le président français pour sa deuxième visite à Bangui depuis le déclenchement de l'opération Sangaris le 5 décembre.

"Sans votre intervention, sans votre implication, la République centrafricaine ne vous accueillerait pas dans ce calme relatif", a-t-elle ajouté.

Après leur entretien M. Hollande et Mme Samba Panza ont participé à l’archevêché de Bangui à une table ronde avec les dignitaires religieux du pays, qui appellent depuis des mois à la fin des violences entre communautés chrétiennes et musulmanes.

Face à la persistance des violences, la France a dû réviser ses objectifs initiaux.

La mission des 1.600 soldats de Sangaris devait à l'origine être brève. Mardi le Parlement français l'a prolongée, le gouvernement reconnaissant que les troupes étaient confrontées à des "difficultés considérables sur le terrain".

Paris ne voulait pas augmenter ses effectifs en Centrafrique mais, le 14 février, la présidence a dû se résoudre à envoyer 400 soldats en renfort, arrivés jeudi à Bangui.

La France souhaitait également la tenue d'élections générales avant la fin 2014. Cet objectif apparaît désormais irréalisable.

Les Français ont perdu trois hommes depuis décembre et les 5.700 militaires de la force africaine (Misca) 19.

Paris milite pour qu'une force de l'ONU de 10.000 hommes prenne le relais en Centrafrique. Amnesty International a également demandé vendredi au Conseil de sécurité de prendre "urgemment" une telle décision.


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