Intégration: vifs échanges entre gouvernement et UMP, Hollande intervient

AFP

Paris - Le président Hollande a voulu vendredi soir mettre un terme au vif échange entre Jean-François Copé et Jean-Marc Ayrault sur la politique d'intégration du gouvernement, en soulignant qu'un rapport soumis à l'exécutif n'était "pas du tout la position du gouvernement".

C'est la publication vendredi par Le Figaro du compte rendu détaillé d'un rapport sur l'intégration remis il y a un mois au Premier ministre - et sur lequel il ne s'était pas encore prononcé -, qui a mis le feu aux poudres, à quelques mois des municipales.

Ce rapport en cinq volets propose une "politique repensée" de l'intégration axée sur la lutte contre les discriminations et l'égalité des droits.

Les auteurs, des chercheurs et des experts, qui veulent "en finir avec les discriminations légales", préconisent entre autres mesures la "suppression des dispositions légales et réglementaires scolaires discriminatoires concernant notamment le +voile+", peut-on y lire.

Est aussi visée la circulaire de mars 2012 sur l'accompagnement des sorties scolaires qui empêche les mamans voilées d'accompagner les élèves lors des sorties scolaires.

Le président de l'UMP, qui a animé jeudi une convention de son parti sur l'immigration, y a immédiatement vu une occasion d'attaquer le gouvernement, avant même que celui-ci ne présente sa feuille de route début 2014. "Notre République serait en danger si vous cédiez à cette tentation en mettant en oeuvre, ne serait-ce qu'à minima, un rapport dont l'intention est de déconstruire (...) cette République", s'est insurgé Jean-François Copé, qui a tenu à "interpeller solennellement" François Hollande sur le sujet dans un communiqué.

L'ex-Premier ministre et rival de M. Copé, François Fillon, y est allé lui aussi de sa mise en garde, dans un communiqué distinct, contre "les dangers que constituerait l'application de ces rapports". "Ils diviseraient un peu plus les Français et alimenteraient tous les extrémismes", a fait valoir M. Fillon, fustigeant la "logique d'une nation mosaïque et communautariste".

Attendu dans l'après-midi à Rennes pour signer le Pacte d'avenir de la Bretagne, M. Ayrault a tenu à leur répondre sans attendre. Devant la presse convoquée à Matignon, le chef du gouvernement a assuré que son équipe ne voulait "évidemment pas" réintroduire les signes religieux à l'école.

Copé 'irresponsable et menteur'

"Ce n'est pas parce que je reçois des rapports que c'est forcément la position du gouvernement", a expliqué M. Ayrault.

A peine descendu de son avion, à 7.000 km de là, le président Hollande, en visite en Guyane, a enfoncé le clou: "Ce n'est pas du tout la position du gouvernement", a-t-il assuré. Interrogé sur les critiques de l'UMP, M. Hollande a répondu: "Je n'entends pas ce bruit, parce que ces rapports n'ont pas de traduction".

Un peu plus tard, le chef de l'Etat a clairement affirmé que la question du voile à l'école "ne fait pas débat" et a été "tranchée par le législateur et qu'il n'est en aucune façon question de revenir dessus".

Sur BFM-TV, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a lui aussi souligné que le rapport "n'engage pas le gouvernement". Les questions liées à l'intégration "sont des sujets sur lesquels la droite a profondément échoué. La volonté du gouvernement, c'est de refonder notre système d'intégration", a déclaré M. Valls.

Auparavant, M. Ayrault avait même traité M. Copé d'"irresponsable et (de) menteur". "Copé est à côté de la plaque, mais M. Copé a un problème, l'UMP a un problème, c'est son électorat qui file de plus en plus vers l'extrême droite et le Front national, il ne sait pas comment le retenir, au point de mentir", a-t-il poursuivi.

M. Ayrault a "dénoncé cette façon de faire qui est anti-républicaine", pas "digne" selon lui "d'un chef d'un grand parti".

En retour, M. Copé a estimé auprès du Figaro.fr que M. Ayrault "avait le choix entre rassurer ou assumer, il a préféré l'insulte". "Ce choix en dit long sur l'état de panique à bord qui règne dans l'exécutif", a ironisé M. Copé.

La présidente du FN, Marine Le Pen, avait elle vu vendredi matin une "très grave provocation" dans le rapport. Mettre en oeuvre ses préconisations "signifierait l'abandon définitif du modèle républicain, la mise en place d'une société ultra-communautarisé et divisée", selon elle.

Du côté du PS, on l'a relativisé, voire critiqué, alors qu'une réunion interministérielle doit se tenir "début janvier" à Matignon pour bâtir la future feuille de route du gouvernement en matière d'intégration des immigrés.

Thierry Mandon, porte-parole des députés PS, a ainsi affirmé que "l'orientation générale" de ce rapport "nous éloignerait de la seule voie possible: plus de République, plus de moyens notamment pour l'école".


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