Irak: 900 personnes tuées en janvier, les violences s'intensifient

AFP

Bagdad - Des kamikazes ont attaqué jeudi un bâtiment gouvernemental à Bagdad et pris des otages qui ont été libérés quelques heures plus tard par les forces de sécurité, alors que le bilan des violences en Irak a dépassé les 900 morts en janvier.

Cette dernière attaque survient alors que les violences s'intensifient à l'approche des élections prévues le 30 avril, des combats opposant en outre forces gouvernementales et insurgés, notamment des jihadistes de l'EIIL, dans la province d'Al-Anbar (ouest) depuis le début du mois.

Jeudi matin, six assaillants équipés de ceintures explosives avaient attaqué un bâtiment du nord-est de Bagdad abritant les bureaux d'une entreprise publique liée au ministère des Transports.

Ils avaient au départ tenté de faire exploser un minibus piégé à l'entrée principale, selon la police sur place. Mais le véhicule n'ayant pas explosé, un assaillant a fait détoner sa charge à l'entrée du complexe pour ouvrir la voie à ses camarades et un second a activé sa ceinture à un portail intérieur.

Les quatre autres assaillants ont par la suite retenu des otages dans le bâtiment pendant plusieurs heures avant d'être tués par les forces de sécurité, a expliqué à l'AFP le général Saad Maan, porte-parole du ministère de l'Intérieur.

En début d'après-midi, les forces de sécurité ont tué les assaillants et mis fin à la prise d'otages. Au moins deux personnes ont été tuées, un policier et un employé de l'entreprise, alors que huit autres ont été blessées, selon le général Maan.

"Au moment de l'attaque, les employés à l'intérieur du bâtiment ont réagi avec calme et fermé toutes les portes", a indiqué M. Maan à l'AFP. "Ils ont gardé tous les employés à l'intérieur".

"L'opération est maintenant terminée, et la situation maîtrisée."

Les forces de sécurité avaient bouclé tout ce secteur du nord-est de Bagdad qui abrite d'autres bureaux gouvernementaux, notamment le siège du ministère des Transports et un bâtiment du ministère des droits de l'Homme.

140.000 personnes ont fui les combats dans Al-Anbar

L'attaque n'a pas été revendiquée mais des insurgés sunnites de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, lié à Al-Qaïda) ont par le passé mené des attaques similaires à Bagdad.

Plus tôt jeudi, au moins six personnes ont été tuées et 20 blessées dans des attentats près d'un marché et un restaurant à Bagdad dans les quartiers de Kasra et Talbiyah, selon des sources médicale et de la sécurité.

Mercredi 16 personnes ont été tuées dans des attaques dont 9 dans l'explosion de voitures piégées dans des rues commerçantes de trois quartiers de Bagdad, Talbiyah, Chouala et Jadidah.

Au moins 911 personnes ont été tuées depuis début janvier dans les violences en Irak, soit un bilan plus de trois fois supérieur à celui de janvier 2013, selon un décompte de l'AFP, alors que des combats opposent depuis le début du mois forces gouvernementales et insurgés, notamment des jihadistes de l'EIIL, dans la province d'Al-Anbar (ouest).

Selon l'ONU, plus de 140.000 personnes ont fui les combats dans Al-Anbar, une province à majorité sunnite limitrophe de la Syrie où la guerre a contribué à faire ressurgir Al-Qaïda en Irak. Il s'agit du plus vaste déplacement de population en cinq ans dans le pays.

Le ministère de l'Intérieur a, dans ce contexte, publié pour la première fois une photo présentée comme celle d'Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l'EIIL, et appelé la population à "fournir toute information qui conduirait à la capture de ce criminel".

Lundi, les Etats-Unis ont annoncé qu'ils envisageaient de vendre à l'Irak 24 hélicoptères d'attaque Apache pour 4,8 milliards de dollars afin d'aider le pays à combattre l'insurrection notamment à Al-Anbar.

Des diplomates, dont le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, ont appelé les autorités à œuvrer en faveur d'une réconciliation nationale, les insurgés étant enhardis par le mécontentement de la minorité sunnite qui s'estime discriminée par le gouvernement dominé par les chiites.


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