Irak: Washington contre un référendum au Kurdistan, appels à l'unité

AFP

Bagdad - L'annonce d'un référendum d'indépendance par le président kurde irakien Massoud Barzani suscite des critiques américaines au moment où la communauté internationale pousse les dirigeants irakiens à s'unir face à l'offensive d'insurgés sunnites.

Massoud Barzani a demandé aux parlementaires kurdes de "préparer l'organisation d'un référendum sur le droit à l'autodétermination" de cette région du nord de l'Irak qui bénéficie déjà d'une large autonomie.

Alors que les appels à l'unité se multiplient en l'absence de consensus en vue d'un gouvernement d'union, la requête de M. Barzani a été mal accueillie, notamment à Washington où le porte-parole de la présidence a une nouvelle fois exhorté "toutes les parties à travailler ensemble".

"Nous continuons de croire que l'Irak est plus fort s'il est uni", a déclaré le porte-parole Josh Earnest.

Plus tard, le vice-président américain Joe Biden a rencontré à la Maison Blanche le chef de cabinet de M. Barzani, Fouad Hussein, soulignant "l'importance de former un nouveau gouvernement en Irak qui rassemblera toutes les communautés".

A Bagdad, l'émissaire de l'ONU, Nickolay Mladenov a lui mis en garde contre le "risque de sombrer dans un chaos similaire à la Syrie". Il a appelé les dirigeants irakiens à "mettre de côté (leurs) différends et ambitions personnelles" réagissant notamment à la séance du Parlement issu du scrutin du 30 avril, levée mardi dans une ambiance chaotique.

Les Parlementaires qui doivent se choisir un président, puis élire un président de la République chargé de désigner le futur Premier ministre, ont à nouveau rendez-vous le 8 juillet.

Parallèlement aux tractations pour tenter de mettre l'Irak sur les rails d'une unité politique à même d'enrayer l'avancée des insurgés sunnites, un rare développement positif a eu lieu vendredi dans le Nord du pays où un groupe de 46 infirmières indiennes retenues dans un hôpital à Tikrit doivent être libérées dans la journée.

La veille, 32 chauffeurs de poids-lourds turcs avaient été libérés par les jihadistes de l'Etat islamique (EI), un groupe ultra-radical qui s'est emparé de larges pans du territoire dans le nord et l'ouest irakien depuis le début d'une offensive lancée le 9 juin, face à des forces armées irakiennes peinant à les arrêter.

Dans les camps de fortune implantés à la lisière du Kurdistan, les déplacés irakiens sont confrontés à des conditions de vie difficiles et peinent à respecter le ramadan.

- Prise des champs pétroliers de l'Est syrien -

L'EI, qui a annoncé lundi l'établissement d'un "califat" sur les territoires conquis à cheval entre la Syrie et l'Irak, a gagné du terrain dans la province pétrolifère de Deiz Ezzor, dans l'est syrien, renforçant son emprise sur les régions qui font la jonction entre les deux pays.

Le groupe jihadiste, accusé d'exactions, s'est ainsi appuyé sur un afflux de combattants venus d'Irak et d'armes prises à l'armée dans ce pays pour s'emparer de la quasi-totalité de Deir Ezzor mais aussi des principaux champs pétroliers et gaziers de la province, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Avec la prise des importants champs d'Al-Tanak et Al-Omar, d'où les rebelles syriens se sont retirés, l'EI contrôle désormais tous les champs à l'exception de celui d'Al-Ward, dans la production est extrêmement faible, a précisé le directeur de cette ONG.

Face à la montée en puissance du groupe, qui mène l'offensive aux côtés de membres de tribus et d'anciens soldats de l'armée de Saddam Hussein, le plus haut gradé américain, le général Martin Dempsey, a souligné le besoin d'une "aide étrangère" pour reconquérir les territoires pris, précisant cependant que sa remarque ne présageait pas un engagement américain.

La première étape de la reconquête serait "d'avoir un partenaire irakien fiable prêt à doter son pays d'un projet auquel tous les Irakiens sont désireux de participer", selon lui.

Une perspective que les déclarations de M. Barzani sur le Kurdistan ont cependant éloignée. Outre la demande du référendum d'autodétermination, il a assuré que les forces kurdes "ne s'en iront sous aucun prétexte" de la ville disputée de Kirkouk, dont elles ont pris le contrôle à la faveur de l'offensive des insurgés.

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki avait auparavant balayé d'un revers de main les revendications de M. Barzani sur cette ville pétrolifère disputée, affirmant que personne n'avait "le droit d'exploiter les événements qui ont eu lieu pour imposer un fait accompli".


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