Irak: l'armée américaine se prépare au second rôle
AFP
Mossoul - Lorsqu'il est arrivé il y a six mois en Irak, le lieutenant américain Dan Wagner savait que son pays n'était plus aux commandes en matière de sécurité. Aujourd'hui, il est résigné à d'autres changements dans les prochains jours.
Hans-Rudolf Merz
"Mes hommes et moi voudrions bien faire le boulot mais c'est comme cela que ça va se passer", ajoute le chef de peloton du 3e bataillon, du 8e régiment de cavalerie. Ils font partie des 3.500 soldats américains basés à Mossoul.
Après le 30 juin, les troupes américaines ne seront plus autorisées à pénétrer dans les villes et agglomérations, selon l'accord de sécurité signé entre Bagdad et Washington l'an dernier.
Lors de chaque rencontre avec la presse à Bagdad, les officiers américains ressassent aux journalistes que depuis le 1er janvier ce sont les forces irakiennes qui dirigent les opérations.
Mais ce refrain est un peu moins usité à Mossoul, une ville où meurent encore des civils, des soldats, des policiers.
"VBIED (véhicule piégé)", lance Wagner sur sa radio, au moment où il entend la forte explosion d'une voiture piégée à un km de là, un rappel que l'Irak n'est pas encore totalement pacifié.
Le 1er juillet, l'armée et la police irakiennes auront seules la responsabilité de l'ordre dans les rues. Ce sera un test des capacités de ces forces nées du néant après le chaos qui a suivi l'invasion conduite par les Etats-Unis en 2003.
Dans ce quartier, où les rues sont remplies de détritus, un Irakien fait un signe de la main pour demander au lieutenant quand cesseront les coupures d'eau, un problème récurrent en Irak.
"La priorité va à d'autres quartiers où la situation est pire" répond l'officier, tout en surveillant la rue où des centaines d'enfants jouent maintenant que les vacances ont commencé. Des jeunes Irakiens ont récemment lancé des grenades sur les forces américaines, ce qui le pousse à la vigilance.
Le compte à rebours a commencé pour les soldats américains, mais le lieutenant et ses hommes restent silencieux sur leur nouveau rôle à Mossoul, un des derniers foyers pour les insurgés.
Dans un autre quartier, le lieutenant Joe Brown, dont les hommes accompagnent une unité de la police irakienne, explique que les soldats américains tentent de préserver les acquis obtenus lors des opérations de l'an dernier.
"Nous assistons à une baisse des attaques et nous pensons que c'est la conséquence des opérations de nettoyage. Maintenant nous essayons d'en perpétuer l'effet", dit-il.
S'adressant à un jeune officier irakien par le biais d'un interprète, il dit que ces patrouilles sont essentielles au maintien de la paix, un objectif entaché par la mort par balles d'un garçon de 18 ans dans une rue voisine le même jour.
"Aujourd'hui nous n'avons pas une cible précise mais ces patrouilles sont indispensables pour perturber l'ennemi. Ils ne savent pas pourquoi nous sommes là et c'est pourquoi il est important qu'ils nous voient", dit-il.
Mais Joe Brown, 30 ans, un ancien de l'armée de l'air, admet que ce retrait du 30 juin pose des problèmes aux soldats américains.
"D'un côté, les gars (américains) sont contents de ne plus avoir à faire le gros du boulot, mais d'un autre côté, notre unité doit rester en Irak encore six mois et la dernière chose que nous souhaitons c'est demeurer cantonnés dans le camp tout ce temps".