Iran/AIEA : ElBaradei rejette les accusations de dissimulation de preuves

AFP

Vienne - Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed ElBaradei, s'est vivement défendu lundi contre les récentes accusations de dissimulation de preuves dans le dossier nucléaire iranien controversé, à l'ouverture de la session de septembre du conseil des gouverneurs.

Mohamed ElBaradei
Mohamed ElBaradei
Parallèlement, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad déclarait lundi matin que "la question nucléaire était close" à ses yeux et que l'Iran n'était pas prêt à discuter de ses droits "indéniables" en matière nucléaire tout en n'écartant pas un dialogue "juste" avec le groupe des grandes puissances 5+1.

Accusé récemment par Israël et la France d'avoir dissimulé des documents qui permettraient de prouver la composante militaire du programme nucléaire iranien, que Téhéran a toujours nié, M. ElBaradei a affirmé : "je suis consterné par les accusations de certains Etats membres, qui ont été livrées aux médias, que des informations n'ont pas été communiquées au conseil" des gouverneurs.

"Ces accusations sont motivées politiquement et absolument sans fondement. De telles tentatives d'influencer le travail du secrétariat sont une attaque contre son indépendance et son objectivité et sont en violation (...) des statuts de l'AIEA et devraient cesser sur le champ", a-t-il affirmé.

Ces accusations émanaient récemment d'Israël et de la France alors que M. ElBaradei, qui quitte ses fonctions le 30 novembre prochain, a été plusieurs fois accusé, notamment par Washington, de ne pas s'être montré assez sévère avec l'Iran.

La semaine dernière, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner avait demandé pourquoi M. ElBaradei refusait de publier des annexes de son dernier rapport sur le programme nucléaire iranien controversé.

L'Iran, de son côté, avait réitéré au même moment ses accusations contre les services secrets américains d'avoir produit des documents falsifiés pour prouver cette composante militaire présumée de leur programme qui ne vise, selon Téhéran, qu'à produire de l'électricité.

"Le gouvernement des Etats-Unis n'a pas transmis à l'agence des documents authentiques car il ne dispose pas de documents crédibles et tous les documents ont été falsifiés", a écrit l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh dans une lettre à M. ElBaradei.

M. Soltanieh avait aussi accusé "les ambassadeurs des Etats-Unis, de France et du Royaume Uni (...) de poursuivre des motivations politiques".

A Washington, un responsable américain a qualifié samedi les accusations de falsification de "sans fondement". "L'AIEA elle-même a accepté ces documents comme crédibles", a-t-il dit sous couvert de l'anonymat.

Ces prétendues études réfutées par les Iraniens émanent de plusieurs services de renseignements et suggèrent que l'Iran tente de fabriquer des ogives nucléaires, qu'il enrichit de l'uranium à cette fin et effectue des essais de missiles.

Par ailleurs, M. ElBaradei a regretté le "blocage" de l'enquête de son agence après six années de travaux intensifs.

"L'Iran n'a pas suspendu ses activités liées à l'enrichissement (de l'uranium) ni ses travaux sur des projets liés à des centrales à eau lourde comme cela a été réclamé par le Conseil de sécurité (de l'ONU)", a insisté M. ElBaradei.

"De même l'Iran n'a pas coopéré avec l'Agence sur les questions encore en suspend qui ont été détaillées pleinement et complètement dans les rapports de l'AIEA et qui doivent être éclaircies afin de pouvoir exclure une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien", a encore indiqué le directeur général.


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