Iran: l'Américaine Sarah Shourd libérée après plus d'un an de détention
AFP
Téhéran - L'Américaine Sarah Shourd a été libérée mardi sous caution par l'Iran après plus d'un an de détention, mais ses deux compatriotes arrêtés en même temps qu'elle resteront en prison jusqu'à leur procès pour "espionnage".
Peu après sa sortie de la prison d'Evine (nord de Téhéran), Sarah Shourd, âgée de 32 ans et malade, a pris place à bord d'un vol spécial à destination de la capitale omanaise où elle est arrivée en soirée, selon une source aéroportuaire.
Elle a été accueillie sur le tarmac de l'aéroport de Mascate par sa mère, Nora, et son oncle paternel qui l'attendaient, ainsi que par l'ambassadeur des Etats-Unis à Oman, Richard J. Schmierer.
En tenue traditionnelle iranienne, l'Américaine, couvre-chef rouge, a chaleureusement donné l'accolade à sa mère, dans des retrouvailles émouvantes, selon un correspondant de l'AFP sur place.
Mlle Shourd a été libérée après le versement d'une caution de 5 milliards de rials iraniens (près de 500.000 dollars US), payée à la banque d'Etat iranienne Bank Melli à Oman, selon le procureur de Téhéran Abbas Jafari Dolatabadi, cité par la télévision Press-TV.
Mais les Etats-Unis ont dit n'avoir "rien payé". Quelqu'un a manifestement "fourni des assurances suffisantes au gouvernement iranien. Si de l'argent a changé de mains, nous n'en savons rien", a dit le département d'Etat.
C'est l'ambassadrice de Suisse à Téhéran Livia Leu Agosti qui avait annoncé que Sarah Shourd était "totalement libre" et qu'elle avait quitté Téhéran pour Oman.
L'ambassade de Suisse, chargée des intérêts américains en Iran en l'absence de liens diplomatiques entre Washington et Téhéran, a servi d'intermédiaire pour obtenir sa libération, annoncée la semaine dernière comme imminente par les autorités iraniennes au nom de la "compassion islamique".
Selon la mère de Mlle Shourd, sa fille a été diagnostiquée en phase pré-cancéreuse et souffre de dépression.
L'élargissement de l'Américaine est intervenu après plusieurs jours de valse-hésitation du pouvoir iranien, divisé depuis le début de cette affaire sur le sort à réserver aux trois Américains.
Ces derniers avaient été arrêtés le 31 juillet 2009 en Iran près de la frontière avec le Kurdistan irakien. Ils ont affirmé s'être égarés et avoir franchi la frontière par erreur lors d'une randonnée dans cette région montagneuse, mais ils ont été accusés d'espionnage par la justice iranienne.
MM. Bauer et Fattal devront rester en prison jusqu'à leur procès dont la date n'a pas encore été fixée, selon le parquet de Téhéran.
Les familles et amis des trois Américains ont salué la libération de Sarah Shourd, et appelé l'Iran à libérer ses deux compagnons.
M. Dolatabadi a réaffirmé que les trois randonneurs étaient des "espions", ce que Washington a toujours démenti.
L'avocat Masoud Shafii a indiqué avoir déposé un recours contre le maintien en détention des deux Américains lors d'une audience dimanche devant un tribunal de Téhéran où les randonneurs avaient rejeté l'accusation d'espionnage.
Cette affaire a divisé depuis le début le pouvoir iranien. Le chef de la diplomatie Manouchehr Mottaki évoquait encore en décembre une simple "entrée illégale" en Iran, alors que la ligne dure du régime affirmait que les randonneurs étaient des espions.
Pour le député conservateur, Ahmad Tavakoli, très critique à l'égard du gouvernement, la libération de Sarah Shourd est "une insulte à la nation iranienne" et augmentera les pressions américaines sur l'Iran déjà soumis à des sanctions internationales pour sa politique nucléaire controversée.