Iran: l'UE décide des sanctions plus sévères que celles de l'ONU
AFP
Bruxelles - Les dirigeants de l'UE ont décidé jeudi de prendre des sanctions contre l'Iran sur le nucléaire allant au-delà de celles décidées par l'ONU et visant notamment le secteur sensible du raffinage du pétrole, ce qui a provoqué l'ire de la Russie.
Mahmoud Ahmadinejad
L'UE veut interdire de nouveaux investissements, transferts de technologies, équipements et services dans le secteur du pétrole et du gaz, en particulier liées aux techniques de raffinage et de liquéfaction du gaz.
Il s'agit d'un point crucial pour l'Iran, riche en matière première mais en manque de capacités de raffinage.
Dans le secteur du commerce, les mesures se focaliseront en particulier sur les produits sensibles susceptibles d'être détournés à des fins militaires et des restrictions supplémentaires en matière d'assurance du commerce.
Les Européens proposent également, dans la ligne de ce que préconise l'ONU, de sanctionner la compagnie iranienne de fret maritime IRISL ou d'allonger la liste des personnes frappées de gels d'avoirs ou d'interdictions de visa aux membres des Gardiens de la Révolution.
Le fret aérien et, dans le domaine financier, le gel d'avoirs de nouvelles banques iraniennes et des restrictions en matière de banque et d'assurance sont également cités.
Le détail des mesures doit être défini en juillet par les ministres européens des Affaires étrangères.
Le gouvernement américain a annoncé mercredi qu'il mettait lui aussi en oeuvre les nouvelles sanctions contre l'Iran décidées par l'ONU en allongeant sa liste noire des personnes physiques ou morales iraniennes dont les avoirs éventuels aux Etats-Unis sont gelés.
Les mesures européennes et américaines sont destinées à accompagner celles de la résolution adoptée la semaine dernière au Conseil de sécurité de l'ONU.
Mais le choix des Européens et des Américains d'aller plus loin que l'ONU a été critiqué jeudi par Moscou. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov s'est dit "déçu" de ces mesures unilatérales, prévenant que cela pourrait affecter la coopération sur la crise du nucléaire.
Ce faisant, les Etats-Unis et l'UE ont cherché à se placer "au-dessus du Conseil de sécurité de l'ONU", a-t-il déploré, en prévenant que son pays pourrait en tirer des "conclusions" quant à sa future collaboration avec eux sur ce sujet.
Pour autant, les Européens ne ferment pas la porte aux négociations avec Téhéran. La chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton répète à l'envi qu'elle est prête à discuter directement avec l'Iran des questions nucléaires.
Et jeudi à Bruxelles, le ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, a une nouvelle fois répété que l'Union voulait "maintenir les options diplomatiques".
"Adopter les sanctions de l'ONU ne veut pas dire que nous oublions les options diplomatiques", a-t-il insisté.