Iran: l'ayatollah Montazeri met en garde le pouvoir sur les manifestations

AFP

Teheran - Le grand ayatollah dissident Hossein Ali Montazeri a mis jeudi en garde le pouvoir iranien contre la répression des protestations après la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad.

ayatollah Montazeri
ayatollah Montazeri
Sous la pression des autorités, un des candidats qui accuse le gouvernement de fraude dans le scrutin du 12 juin a par ailleurs renoncé à organiser une cérémonie de deuil en mémoire des victimes de la répression.

Alors que la répression a été critiquée à l'étranger, le président Ahmadinejad a demandé jeudi à son homologue américain Barack Obama de cesser de "s'ingérer" dans les affaires de l'Iran, a rapporté l'agence Fars.

"Si le peuple iranien ne peut pas revendiquer ses droits légitimes dans des manifestations pacifiques et est réprimé, la montée de la frustration pourrait éventuellement détuire les fondations de n’importe quel gouvernement, aussi fort soit-il, a dit M. Montazeri, dans un communiqué transmis à l’AFP.

M. Montazeri, dont le rang est le plus élevé dans le clergé chiite iranien, appelle par ailleurs ses compatriotes qui contestent la légitimité de la réélection du président ultraconservateur à poursuivre leur mouvement.

La contestation a été durement réprimée ces derniers jours et les manifestations de l’opposition qui avaient rassemblé jusqu’à plusieurs centaines de milliers de personnes la semaine dernière ont considérablement perdu de leur ampleur.

Mercredi, la forte présence policière a dissuadé quelques centaines d'Iraniens de se rassembler dans l'après-midi à proximité du Parlement à Téhéran, ont affirmé des témoins.

Selon eux, ces personnes se sont contentées de déambuler sur les trottoirs sans lancer de slogans. La police en a néanmoins chargé certains qui se sont dispersés, a précisé un témoin.

Il a affirmé avoir entendu des détonations, sans pouvoir indiquer l'origine, et ajouté que plusieurs personnes avaient été arrêtées.

Le candidat réformateur à la présidentielle, Mehdi Karoubi, a annulé une cérémonie qu'il avait prévue jeudi à la mémoire des manifestants morts depuis le début des troubles, faute d’autorisation, selon le site web de son parti.

Au moins 17 Iraniens ont été tués et des centaines arrêtés à Téhéran dans les manifestations qui ont suivi le vote. Au moins 140 hommes politiques, universitaires, étudiants et journalistes iraniens sont aussi sous les verrous, ont rapporté jeudi des médias.

M. Karoubi a déploré qu’on "ne donne pas un endroit à des dirigeants politiques (...) pour une cérémonie de deuil, pas même une mosquée".

Des manifestations sporadiques spontanées ne peuvent pour autant être exclues, notamment de partisans de Mir Hossein Moussavi, le principal rival de M. Ahmadinejad, et d'autres opposants à sa réélection.

Le grand ayatollah Montazeri a ainsi appelé jeudi "la grande et chère nation iranienne à poursuivre sa demande juste et logique" de révision des résultats du scrutin qu’il déclaré la semaine dernière ne pas pouvoir accepter.

M. Ahmadinejad a été officiellement élu avec 63% des suffrages. Le Conseil des gardiens, chargé de valider ces résultats, s’est donné jusqu’à lundi pour examiner les plaintes de MM. Karoubi et Moussavi sur la régularité du scrutin. Mais il a clairement indiqué que cet examen ne remettrait pas en cause le résultat final.

M. Montazeri, dont les avis religieux sont suivis par un grand nombre de fidèles, a exprimé sa défiance envers le Conseil en demandant l’établissement d’"une commission impartiale ayant toute autorité pour trouver une issue acceptable à l’élection".

M. Moussavi, qui ne reconnaît pas non plus l’impartialité théorique du conseil, a demandé l’annulation des résultats et l’organisation d’un nouveau scrutin.

La légalité du scrutin ne semble pas faire l’unanimité chez les conservateurs.

Mercredi le maire de Téhéran, Mohammad Baqer Qalibaf, un ancien général des Gardiens de la révolution, a apporté un soutien implicite aux manifestants en remarquant que "une partie de la population se pose des questions sur l’élection et cela doit être pris en compte et ne peut être résolu par la force".


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