Iran: marché des changes perturbé, nouvelle menace contre les Etats-Unis

AFP

Téhéran - Le marché parallèle iranien des changes restait très perturbé mercredi après une intervention de la Banque centrale pour soutenir le rial, fragilisé par les sanctions des Etats-Unis, alors que l'Iran a réitéré ses menaces contre la présence militaire américaine dans le Golfe.

Iran: marché des changes perturbé, nouvelle menace contre les Etats-Unis
Après plusieurs jours d'inaction, la Banque centrale a "interdit la vente du dollar à plus de 14.000 rials", a expliqué un agent de change ayant requis l'anonymat.

La monnaie iranienne, après avoir perdu près de 18% dimanche et lundi, avait atteint lundi soir son plus bas niveau, à un dollar contre 17.800 rials. Elle a ensuite repris du terrain mardi et mercredi.

Le site spécialisé Mesghal.ir a assuré que le rial avait repris mercredi 21% face au dollar, passant à 14.000 rials pour un dollar.

Pour autant, le taux officiel ne semblait pas être respecté par l'ensemble des acteurs. Selon un autre agent de change, le dollar s'échangeait à 15.600 rials sur le marché parallèle. Certains bureaux étaient même fermés, des agents ayant refusé d'appliquer le taux de 14.000 rials jugé artificiel.

Le ministre de l'Industrie, Mehdi Ghazanfari, avait affirmé mardi que la Banque centrale allait "injecter des dollars", tandis que le président de l'institution avait expliqué la baisse du rial par un "effet psychologique" sans lien avec les nouvelles sanctions américaines.

La Banque centrale a imposé mercredi de nouvelles restrictions pour les devises données aux voyageurs. Désormais chaque personne quittant le pays par avion n'a droit qu'à 1.000 dollars (contre 2.000) au taux préférentiel de 13.500 rials.

Les enfants de moins de douze ans, les voyageurs allant en Syrie et en Irak et ceux quittant le pays par route, train ou bateau ont droit à la moitié de cette somme. Les voyageurs peuvent emmener avec eux jusqu'à 5.000 dollars mais doivent se les procurer sur le marché parallèle.

Les Etats-Unis ont renforcé samedi leurs sanctions contre le secteur financier de l'Iran, afin de l'inciter à abandonner son programme nucléaire. Washington peut désormais geler les avoirs aux Etats-Unis de toute institution financière étrangère commerçant avec la Banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole.

Mercredi, un accord de principe a par ailleurs été trouvé entre les pays européens pour imposer un embargo sur l'achat de pétrole brut iranien si Téhéran ne s'engage pas à coopérer avec la communauté internationale sur le nucléaire. Cet embargo pourrait être décidé fin janvier, a affirmé le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.

Les Etats-Unis ont accueilli comme une "très bonne nouvelle" cet accord de principe, en souhaitant "que ce genre de mesures" soient pris "par des pays du monde entier".

Deuxième pays producteur de l'Opep, l'Iran tire 80% de ses rentrées de devises de ses exportations de pétrole, soit environ 100 milliards de dollars pour l'année iranienne en cours (mars 2011 - mars 2012).

L'Iran compte sur la Russie et la Chine, qui ont répété ces derniers jours leur opposition aux sanctions occidentales, ainsi que sur d'autres pays asiatiques pour contrer les sanctions américaines et européennes.

Ces dernières années, l'Iran s'est tourné vers l'Asie pour réduire sa dépendance au marché européen, qui représente désormais moins de 18% de ses exportations pétrolières.

Mercredi, Pékin a répété être hostile aux nouvelles sanctions américaines et au fait "qu'une loi nationale prévale sur les règlements internationaux et impose des sanctions unilatérales à d'autres pays".

Soutien traditionnel de l'Iran, la Chine --qui y achète beaucoup de pétrole-- est devenue son premier partenaire commercial.

Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner sera en Chine et au Japon du 10 au 12 janvier pour parler notamment des sanctions contre la Banque centrale iranienne.

Dans ce contexte, le ministre iranien de la Défense, le général Ahmad Vahidi, a une nouvelle fois mis en garde mercredi les Etats-Unis contre toute présence de leur marine dans le Golfe.

"Nous avons toujours dit que la présence des forces non régionales dans le golfe Persique était nocive et ne pouvait que créer des troubles. Et nous avons par conséquent toujours demandé qu'elles ne soient pas présentes dans cette voie d'eau", a-t-il déclaré, selon l'agence Mehr.

"L'Iran fera tout pour préserver la sécurité dans le détroit d'Ormuz", un point de passage stratégique pour le trafic pétrolier maritime, a-t-il ajouté.


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