Islamabad entame le rapatriement des déplacés de Swat
jean-Philippe Lefief
Les autorités pakistanaises ont entamé lundi le rapatriement des deux millions d'habitants de la vallée de Swat qui ont fui l'offensive gouvernementale de la fin avril contre les taliban locaux
L'offensive, lancée pour mettre fin à la progression des taliban qui paradaient à une centaine de kilomètres de la capitale, a fait 1.700 morts dans les rangs des rebelles et 160 parmi les militaires, selon le bilan officiel. Aucun dignitaire taliban ne figure parmi les victimes et nombreux sont ceux qui craignent un retour de la milice.
Autocars et camions ont toutefois été dépêchés lundi matin dans le camp poussiéreux et étouffant de Jalozai pour entamer le rapatriement des déplacés. La plupart des deux millions d'habitants de la vallée de Swat ayant fui les combats ont trouvé refuge chez des proches, mais 300.000 vivent toujours dans des camps de toile.
Les autorités, qui craignent d'être lâchées par une opinion jusqu'ici globalement favorable à l'offensive, semblent prendre leur sort très au sérieux.
"CONDITIONS INFERNALES"
"Nos espoirs reposent sur le gouvernement parce que nous n'avons pas de travail. Ils (les taliban) ont interdit notre activité", explique Fawad Ali, un barbier âgé de 30 ans résident du camp de Jalozai, en chargeant ses biens dans un camion, sous le regard de ses proches.
"J'espère que les choses vont changer et que je pourrai nourrir ma famille", ajoute-t-il.
Les journalistes qui ont pu se rendre dans la vallée de Swat ont fait état de quelques destructions, mais la zone n'a semble-t-il pas été dévastée par les combats. Beaucoup de récoltes sont toutefois perdues et l'aide des pouvoirs publics sera sans doute nécessaire pendant plusieurs mois.
Personne n'a été contraint de quitter Jalozai et les 108 familles qui devaient être rapatriées lundi sont toutes volontaires, assure le responsable du camp, balayant les craintes des agence humanitaires de l'Onu.
"Ils vivaient dans des conditions infernales, ici. Ils ne sont pas habitués à ce temps", poursuit-il, évoquant la fraîcheur de la haute vallée de Swat.
Les autorités ont promis une aide de 25.000 roupies à chaque famille, mais certains déplacés de Jalozai ont assuré n'avoir rien perçu.