Israël: dans le quartier de colonisation de Har Homa, l'incompréhension domine
AFP
Jerusalem - Les habitants de Har Homa, quartier de colonisation juive à Jérusalem-Est, ne comprennent pas le tollé international suscité par le projet d'y construire un millier de logements, à l'unisson du gouvernement Netanyahu qui compte bien bâtir où il veut dans la Ville sainte.
Aux abords d'une école primaire, au milieu des cris des enfants qui s'égaillent après les cours, Amir Lévy se fait tailler la barbe chez un coiffeur. Il s'est installé à Har Homa il y a huit ans.
"Pour nous, c'est un quartier comme les autres de notre ville où je suis né il y a 40 ans. Je ne suis pas venu ici pour des raisons idéologiques. C'est Jérusalem, voilà tout, et c'est pourquoi je m'y sens bien", assure-t-il.
Il balaie les critiques: "Ridicule ! C'est normal de construire. Cela reviendrait à ajouter cinq bâtiments à New York. La belle affaire".
Son voisin, Benny Cohen, qui vit avec sa femme et leur fille, renchérit qu'"Israël a parfaitement le droit de développer Har Homa, qui appartient au peuple juif, et il n'y a rien à redire à cela".
Un autre voisin, Hephsibar Abraham, 70 ans, venu d'Inde en 1959, ignore la controverse et indique s'y être installé avec l'aide du gouvernement. "Il faut bien que je vive quelque part, et le gouvernement a dit que je devais vivre ici", dit-il.
Il n'empêche, Har Homa, dénoncé par les Etats-Unis et les Palestiniens dès sa construction en 1997 pendant le premier mandat du Premier ministre Benjamin Netanyahu, comme un élément de l'encerclement de Jérusalem-Est par des quartiers de colonisation pour la séparer de la Cisjordanie, est de nouveau au coeur des critiques.
La communauté internationale s'est vivement élevée contre l'approbation par les autorités israéliennes d'un projet de construction d'un millier de logements à Har Homa.
"C'est une provocation du gouvernement israélien à un moment délicat des négociations, qui peut faire capoter le processus de paix", affirme à l'AFP Hagit Ofran, du mouvement israélien anti-colonisation La Paix Maintenant.
"Har Homa, c'est l'enfant chéri de Netanyahu", souligne Hagit Ofran pour qui ce quartier "symbolise le refus de la paix".
Les négociations de paix israélo-palestiniennes lancées le 2 septembre à Washington sont interrompues depuis l'expiration le 26 septembre d'un moratoire israélien sur les nouvelles constructions dans les colonies de Cisjordanie.
Les Palestiniens réclament pour les reprendre un nouveau moratoire, auquel se refuse le gouvernement israélien.
Le président américain Barack Obama a déploré mardi à demi-mot l'attitude israélienne sur cette question, estimant que "ce genre d'activité n'aide jamais quand il s'agit de négociations de paix".
"Israël ne voit aucune connexion entre le processus de paix et la politique de planification et de construction à Jérusalem qui n'a pas changé depuis 40 ans", a rétorqué dans un communiqué le bureau de M. Netanyahu.
"Jérusalem n'est pas une colonie, Jérusalem est la capitale de l'Etat d'Israël", selon le texte, rappelant que le moratoire sur la colonisation en Cisjordanie ne concernait pas Jérusalem-Est.
Israël considère l'ensemble de Jérusalem dans ses limites municipales autoproclamées comme sa "capitale indivisible et éternelle".
La communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion israélienne de Jérusalem-Est, qu'elle considère comme un territoire occupé et dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat.