Israël: élections locales sur fond de scandales de corruption
AFP
Jérusalem - Les Israéliens élisent mardi leurs maires et leurs conseils municipaux, un scrutin qui devrait être boudé par la population, sans illusion sur des autorités locales jugées largement corrompues.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a voté dans la matinée à Jérusalem, a exhorté la population à se rendre aux urnes sans vouloir dire sur quel candidat son choix s'était porté.
Le taux de participation aux municipales est traditionnellement faible en Israël. La dernière fois, en 2008, il s'était établi à 51,85%.
Cette désaffection pourrait être encore renforcée par les multiples scandales de corruption au niveau municipal.
Alors que les révélations sulfureuses continuent dans le procès de l'ancien maire de Jérusalem Ehud Olmert, accusé de corruption dans un scandale politico-financier lié au méga-projet immobilier Holyland, plusieurs édiles mouillés dans des affaires de trafic d'influence ont été arrêtés cette année.
Selon un sondage publié la semaine dernière dans le quotidien Haaretz, près des deux tiers (63%) des Israéliens pensent que leur municipalité est corrompue et seulement 57% des personnes interrogées ont exprimé l'intention de voter.
Les élections municipales ne reflètent pas les tendances politiques au niveau national, le vote se faisant essentiellement sur des personnalités. Les maires sortants sont généralement réélus, comme cela avait été le cas pour deux tiers d'entre eux en 2008.
Mais dans certaines villes, comme Jérusalem, où les tensions sont particulièrement fortes entre populations laïque et religieuse, la bataille pourrait être serrée.
Le maire sortant Nir Barkat, un entrepreneur de 54 ans ayant fait fortune dans la haute technologie, soutenu par la population laïque et certains groupes religieux, est en tête dans les sondages.
Son concurrent le plus sérieux, Moshé Lion, candidat du parti Likoud et ancien directeur général du bureau du Premier ministre Netanyahu, est le candidat de la droite nationaliste et s'efforce de rassembler le vote des religieux.
Il bénéficie du soutien du parti ultraorthodoxe Shass, du chef du parti ultra-nationaliste Israël Beiteinou, Avigdor Lieberman, et de plusieurs ténors du gouvernement dont les ministres de l'Intérieur Gideon Saar et des Renseignements Youval Steinitz.
1.912 candidats aux conseils municipaux
Selon les médias, même s'il est devancé de plusieurs points dans les sondages par Nir Barkat, Moshé Lion pourrait créer la surprise en raison du nombre important d'indécis, notamment dans la population ultra-orthodoxe, dont le taux de participation aux scrutins municipaux est traditionnellement élevé.
Bien que plus d'un tiers des habitants de Jérusalem soient palestiniens, ils boycottent largement les municipales afin de marquer leur refus de l'annexion par Israël de la partie orientale de la ville, occupée depuis 1967.
A Tel-Aviv, après 15 ans à la tête de la ville et un bilan favorable - visibilité internationale (notamment grâce à une forte culture gay locale), développement des institutions culturelles, succès économiques - Ron Huldaï, un ex-pilote de chasse membre du Parti travailliste, est pratiquement assuré de la victoire.
Son concurrent le plus sérieux, le député Meretz (gauche) Nitzan Horowitz, engagé notamment dans la défense de l'environnement et des droits des personnes homosexuelles, est largement distancé dans les sondages.
A l'échelle nationale, la sensation pourrait venir du nombre de femmes de la minorité arabe à être élues conseillères municipales, passant de 6 en 2008 à 15, selon les projections d'un collectif d'organisations de femmes arabes.
Sur 1.912 candidats au poste de conseiller municipal, 173 sont des femmes arabes, contre 149 aux dernières élections. Surtout, elles figurent cette année beaucoup plus haut dans les listes électorales.
A Nazareth, la députée Hanine Zouabi (Balad, gauche nationaliste arabe) est la seule femme à se présenter au poste de maire dans une ville arabe d'Israël, mais les sondages lui donnent peu de chances face au maire sortant.
Mme Zouabi s'est illustrée en refusant de reconnaître Israël comme "Etat du peuple juif" et en participant à une flottille pro-palestinienne qui tentait de briser le blocus de la bande de Gaza en mai 2010.
En décembre, la Commission électorale centrale lui avait interdit pour ces motifs de se présenter aux législatives de janvier 2013, une décision cassée par la Cour suprême.