Israël: le nouveau gouvernement Netanyahu, pro-colons, prête serment
AFP
Jerusalem - Le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui s'annonce intransigeant sur la colonisation, va prêter serment lundi devant le Parlement à deux jours de la visite du président américain Barack Obama en Israël.
Après 40 jours de tractations fébriles qui ont suivi les élections législatives du 22 janvier, M. Netanyahu a mis la toute dernière main dans la nuit de dimanche à lundi à la composition d'un gouvernement comptant 21 ministres en nommant deux caciques de son parti Likoud (droite).
Youval Steinitz, ex- ministre des Finances, s'est vu octroyer le ministère des Relations internationales, des Affaires stratégiques et du Renseignement.
L'ancien vice-Premier ministre Sylvan Shalom hérite d'un ministère de l'Eau, de l'Energie, du Développement régional et est chargé du désert du Néguev et de la Galilée.
Au total, le cabinet est l'émanation d'une majorité de 68 députés sur 120, composée du Likoud, de son allié Israël Beiteinou, la formation nationaliste de l'ex-ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, de Yesh Atid, rassemblement de défense des classes moyennes dirigé par l'ex-journaliste vedette Yaïr Lapid, du Foyer juif de Naftali Bennett, issu de la mouvance nationaliste religieuse et proche des colons, ainsi que de HaTnuha, mouvement centriste de l'ancienne chef de la diplomatie Tzipi Livni.
En revanche, le gouvernement ne comprend aucun représentant des partis religieux ultra-orthodoxes Shass (sépharade) et Judaïsme unifié de la Torah (ashkenaze).
A la veille de la première visite présidentielle de Barack Obama en Israël et dans les Territoires palestiniens, les représentants du lobby des colons, présents en force dans le gouvernement, ont clairement affiché leurs ambitions.
Religieux "out", colons "in"
"L'ère Ehud Barak (l'ex-ministre de la Défense, modéré sur la colonisation) est finie. Le nouveau gouvernement va renforcer la colonisation en Judée-Samarie, en Galilée (nord) et dans le Néguev (sud)", a prévenu à la radio publique Danny Danon, nouveau vice-ministre de la Défense, qui accusait M. Barak d'entraver la construction en Cisjordanie.
Interrogé sur une éventuelle réaction de la Maison Blanche, M. Danon a minimisé les risques de confrontation: "Les Etats-Unis savent qu'il y a eu des élections en Israël et qu'un gouvernement nationaliste a été constitué. Nous voulons la paix mais si on regarde à droite et à gauche dans la région, on ne peut que constater qu'il n'y a pas de partenaire", a argué Danny Danon.
Lors d'une conférence de presse, Avigdor Lieberman a averti que son parti s'opposerait "catégoriquement" à tout moratoire sur la colonisation.
L'entourage du nouveau patron de la Défense Moshé Yaalon a exclu tout geste envers l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas avant l'arrivée de M. Obama.
L'ex-général Yaalon s'oppose à des libérations de prisonniers palestiniens, à un gel de la construction ou à un transfert du contrôle de certains secteurs de la Cisjordanie à l'Autorité palestinienne, que réclame le président Abbas.
Enfin, le nouveau ministre du Logement, Uri Ariel, numéro deux du Foyer juif, a lui aussi annoncé la couleur: "Il ne peut y avoir qu'un seul Etat entre le fleuve Jourdain et la Méditerranée, c'est Israël. Les Palestiniens ne peuvent aspirer qu'à une "autonomie", a averti ce colon dans une interview au Yediot Aharonot.
Dans l'opposition, la députée de gauche Zehava Galon a dénoncé ce "gouvernement de droite qui va continuer à gaspiller des milliards de shekels dans les colonies".
"La seule différence entre le nouveau gouvernement et le précédent c'est que les +harédim+ (ultra-orthodoxes) sont +out+ et les colons +in+", a-t-elle déploré.