Italie: Berlusconi remet en jeu son mandat avec un discours conciliateur
AFP
Rome - Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a prononcé mercredi un discours conciliateur devant la Chambre des députés et obtenu le soutien de principe de dissidents de sa majorité, ce qui devrait permettre à son gouvernement de survivre à un vote de confiance en soirée.
Silvio Berlusconi
A aucun moment de son discours, M. Berlusconi, qui fête ce mercredi ses 74 ans, n'a mentionné M. Fini, chassé par le Cavaliere fin juillet du parti Peuple de la Liberté (PDL) qu'ils avaient cofondé un an avant. Irrité par de nombreuses prises de distance de Fini, M. Berlusconi avait lancé une diatribe contre son allié depuis 16 ans, estimant ses positions "incompatibles" avec celles du PDL.
M. Fini a été suivi dans sa dissidence, formalisée le 30 juillet, par 34 députés et 10 sénateurs, regroupés au sein de Futur et Liberté pour l'Italie (FLI), sans lesquels Berlusconi et son allié la Ligue du Nord n'ont plus de majorité absolue garantie à la Chambre des députés (316 au minimum).
Deux lieutenants de Fini ont annoncé en début d'après-midi que les députés FLI voteraient la confiance à Berlusconi lors du vote prévu vers 17H00 GMT, tout en soulignant que FLI deviendrait très bientôt une entité politique autonome.
"Nous voterons la confiance au discours de Berlusconi qui reprend le programme" électoral de la coalition élue en 2008, a déclaré Italo Bocchino, chef de file des députés FLI, en souhaitant que les promesses faites pour les deux ans et demi à venir soient réalisées.
Auparavant dans un discours inhabituellement modéré, Berlusconi avait multiplié les gestes d'apaisement, en qualifiant par exemple de "nécessaire et légitime" le débat au sein de la majorité et en reconnaissant l'importance d'un "parlement libre et fort".
Même l'opposition a noté le caractère rassembleur de son discours, après des semaines d'invectives entre les deux ex-alliés. "L'avion de la majorité tombe en chute libre et Berlusconi vend du vent en faisant semblant de rien. Il ne manquait plus que la bénédiction finale (du pape, ndlr) Urbi et Orbi", a ironisé Leoluca Orlando de Italie des valeurs.
Berlusconi a énuméré cinq points-clé pour continuer à gouverner jusqu'en 2013: justice, fédéralisme, plan pour le Sud, fiscalité, sécurité.
Il a assuré que le fédéralisme serait une "charnière pour l'unité du pays" et rejeté tout risque d'"écart nord-sud", en affirmant que la plus grande autonomie prévue pour les collectivités locales bénéficierait "à toutes les régions et surtout au Sud".
Conformément à sa ligne politique, il s'est engagé sur des allégements fiscaux pour tous: la recherche scientifique, les entreprises, les familles tout en promettant de ne pas alourdir l'énorme dette du pays.
Sur le dossier brûlant de la justice, il a annoncé une réforme pour "réduire la durée des procès" -- très longue en Italie -- sans évoquer directement l'adoption d'une législation le protégeant de ses propres ennuis judiciaires (des procès pour fraude fiscale et corruption de témoin).
Berlusconi s'est montré consensuel aussi sur l'immigration, autre sujet de discorde avec Fini, se bornant à se féliciter d'une chute de 88% des débarquements de clandestins. En matière de sécurité, il a souligné les succès de son gouvernement dans la lutte anti-mafia qui dispose des "normes les plus efficaces du monde".
Il a aussi annoncé un grand plan d'investissement de 21 milliards d'euros dans le Sud, promettant notamment que l'autoroute entre Salerne (au sud de Naples) et Reggio Calabre, Arlésienne de la politique italienne depuis 40 ans, serait enfin terminée d'ici 2013.