AFP
Tokyo - Le déficit commercial du Japon a quasiment doublé en juillet sur un an, à près de 8 milliards d'euros, à cause d'un renchérissement des importations dû à la faiblesse du yen, a annoncé lundi le ministère des Finances.
En juillet, la troisième puissance économique mondiale a subi un déficit commercial de presque 1.024 milliards de yens (7,88 milliards d'euros), 93,7% plus élevé que celui de l'an passé à la même époque.
Il s'agit du 13e mois consécutif de déficit enregistré par la balance commerciale du Japon, une série inédite depuis plus de 30 ans pour un pays autrefois habitué à des excédents soutenus par la puissance de ses industries exportatrices (électronique, automobile, etc.).
L'archipel doit en effet importer nettement plus d'hydrocarbures depuis l'accident nucléaire de Fukushima de mars 2011 qui a entraîné l'arrêt, par précaution, de la quasi totalité des réacteurs du pays.
"La facture des importations restera élevée, à moins que des réacteurs nucléaires soient relancés" en nombre, ce qui est très incertain à court terme, a prévenu Takeshi Minami, économiste à l'Institut de Recherche Norinchukin. "Il est probable que le déficit se prolonge pendant quelques années", a-t-il expliqué à l'AFP.
Le renchérissement de la facture énergétique a été aggravé depuis la fin 2012 par la dépréciation du yen, entraînée par la perspective d'une politique monétaire assouplie sous l'égide du dirigeant conservateur Shinzo Abe, redevenu Premier ministre en décembre.
Face au dollar, le yen valait en moyenne 24,3% de moins en juillet qu'au même mois de 2012, a précisé le ministère.
En conséquence, la valeur des importations a bondi de 19,6%, à 6.986 milliards de yens (53,74 milliards d'euros). La facture pétrolière a bondi de 30% et celle de gaz naturel liquéfié (GNL) de 17%. Le coût total des achats d'ordinateurs depuis l'étranger a en outre grimpé de presque 27%, celui des semi-conducteurs de 40% et celui des vêtements de 29%.
Une certaine reprise de l'économie
Hormis l'impact de la dépréciation du yen, M. Minami a évoqué "une hausse de la demande en GNL et en autres combustibles (pour les centrales électriques), à cause d'une fin prématurée de la saison des pluies et de l'arrivée d'une vague de chaleur", ce qui entraîne des besoins plus importants de courant pour les climatiseurs.
Il a aussi souligné que la demande du secteur privée avait crû, sur fond d'une certaine reprise de l'économie japonaise.
Par région, la hausse des importations a été particulièrement notable en provenance du Moyen Orient (+26%), principal approvisionneur d'hydrocarbures. Elle a été aussi nette depuis les pays d'Asie du Sud-Est (+20%) et depuis la Chine (+18%), le principal fournisseur du pays (tous produits confondus) envers qui le déficit des échanges japonais s'est accru.
Toujours en juillet, les exportations ont pour leur part augmenté en volume de 1,8% sur un an, leur premier rebond constaté en 14 mois. Elle se sont élevées de 12,2% en valeur à 5.962 milliards de yens (45,86 milliards d'euros). Les contrats d'exportations japonaises sont souvent libellés en devises étrangères, notamment en dollar. Avec la dépréciation du yen, un même volume d'exportations - libellé au même prix en monnaie étrangère - va rapporter davantage en devise japonaise.
La valeur des exportations de machines a ainsi augmenté (+7%), tout comme celle des livraisons à l'étranger de semi-conducteurs (+15%) et de voitures (+17%).
Les ventes ont augmenté vers les Etats-Unis (+18%), le premier client de l'archipel juste devant la Chine (+9%). Fait remarquable, les exportations ont aussi vigoureusement grimpé vers l'Europe de l'Ouest (+14%), longtemps en récession mais où l'activité semble frémir.