Japon: le nouveau Premier ministre s'active pour former son gouvernement

AFP

Tokyo - Le nouveau Premier ministre japonais Naoto Kan a entamé samedi des consultations en vue de former le gouvernement chargé de s'attaquer dès la semaine prochaine aux dossiers les plus urgents, comme la relance de l'économie et l'amélioration des relations avec les Etats-Unis.

Naota Kan
Naota Kan
Kan, 63 ans, a succédé vendredi au très impopulaire Yukio Hatoyama, démissionnaire, devenant ainsi le cinquième Premier ministre en l'espace de quatre ans.

L'arrivée à la tête de la deuxième économie mondiale d'un ancien militant de gauche converti à la rigueur budgétaire a été globalement bien accueillie par la presse, un quotidien soulignant notamment que M. Kan était le premier chef de gouvernement en une décennie à ne pas être un "héritier" d'une dynastie politique.

"La politique japonaise tourne une nouvelle page", s'est exclamé le journal Asahi Shimbun (centre gauche) dans un éditorial.

"M. Kan a grandi dans la famille d'un salarié ordinaire. Il a construit sa propre carrière, contrairement à beaucoup de Premiers ministres de l'après-guerre qui venaient de familles d'hommes politiques ou de hauts fonctionnaires."

M. Kan occupait les postes de vice-Premier ministre et ministre des Finances dans le gouvernement de centre-gauche de Yukio Hatoyama, élu triomphalement l'été dernier après plus d'un demi-siècle de domination des conservateurs sur le Japon.

Mais la lune de miel n'a pas duré longtemps.

En seulement huit mois et demi aux commandes, l'ex Premier ministre a réussi à mécontenter à la fois les Etats-Unis, allié privilégié du Japon, irrités par ses tentatives de retirer une base américaine d'Okinawa, et la population de l'île, qui réclamait sa fermeture comme l'avait promis M. Hatoyama.

"L'alliance nippo-américaine a été profondément endommagée par les erreurs politiques du gouvernement Hatoyama", a estimé le quotidien conservateur Yomiuri Shimbun dans un éditorial. "Il est important de mettre un terme à la défiance de l'Amérique à l'égard du Japon."

La Maison Blanche, certainement satisfaite de voir partir M. Hatoyama, a salué vendredi l'élection de M. Kan et affirmé que le président Barack Obama voulait maintenir "une excellente coopération" avec le nouveau Premier ministre.

M. Kan a dit qu'il annoncerait la composition de son gouvernement mardi. Dès samedi, il s'est enfermé à huis-clos avec ses plus proches collaborateurs au siège du Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre gauche) pour dresser la liste de ses ministres.

Selon les médias, l'ex vice-ministre des Finances Yoshihiko Noda, 52 ans, devrait prendre le portefeuille-clé des Finances, avec pour mission difficile de réduire la dette publique astronomique tout en relançant l'économie.

Yoshito Sengoku, ex ministre chargé du Renouveau de l'administration, prendrait le poste très convoité de secrétaire général et porte-parole du gouvernement, souvent considéré comme le numéro deux du gouvernement.

D'autres ministres du gouvernement sortant, comme le titulaire de la Défense, Toshimi Kitazawa, devraient conserver leur poste.

M. Kan va devoir faire preuve d'habileté pour ménager les différentes factions du PDJ, en particulier celle du tout-puissant Ichiro Ozawa, surnommé "le faiseur de roi", avec lequel il a publiquement annoncé sa rupture.

Contraint de démissionner de son poste de numéro deux du parti, en même temps que M. Hatoyama, M. Ozawa dirige la plus grande faction, forte de quelque 150 élus sur un total de 423.

Cet habile tacticien, éclaboussé par plusieurs scandales de financement occulte, pourrait mettre à profit toute sa capacité de nuisance pour gêner le nouveau gouvernement.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :