Je ne peux pas me dire que j'ai fait tout ça pour rien

Libération

Alassan, 48 ans, arrivé du Mali en 2000

«Avant, à Bamako, j'étais peintre en bâtiment. Je suis venu en France pour chercher des sous. Je me disais, si j'arrive à avoir des papiers, c'est bon. Quand je suis arrivé, j'ai obtenu une carte de séjour d'un an, renouvelée deux fois trois mois. Puis plus rien.

Ça ne m'a pas empêché de travailler, avec les employeurs qui m'avaient embauché quand j'avais des papiers et qui ont continué parce qu'ils savaient que je travaillais bien. Le jardinage, la maçonnerie, j'ai tout fait, pour 1300 euros pas mois en moyenne. J'en envoyais une partie chaque mois à la famille. Le mieux, c'était la pose de cables de dans le métro, parce que le chef était sympa.

Je suis arrivé ici (à la Bourse du travail) parce que, au foyer (de travailleurs, dans le XXe arrondissement), j'avais vu sur France 3 que des gens dans la même situation que moi se réunissaient ici. Je me suis dit: moi aussi je travaille, moi aussi je suis sans papiers, j'y vais. J'ai dormi toutes les nuits ici depuis 14 mois.

Entre-temps, j'ai perdu mon travail: à l'agence d'intérim, maintenant, ils demandent les papiers. Le plus dur, c'est d'être loin de ma femme, de mes enfants. Le dernier a 11 ans. L'aîné est maçon à Bamako. Je lui dis de ne pas partir, de ne pas venir en France, c'est trop dur ici. Moi, je reste, j'ai encore l'espoir d'avoir des papiers. Je ne peux pas me dire que j'ai fait tout ça pour rien.»


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :