Jour J pour la fin de la publicité sur France Télévisions

Le Point.fr/Emmanuel Berretta

Le 1er octobre 1968, la publicité télévisée apparaissait sur la première chaîne, alors publique. Sa durée ne devait pas excéder plus de 2 minutes par jour. Puis, au fil du temps, l'État a desserré la bride jusqu'à autoriser des écrans publicitaires de 6 minutes par heure.

Jour J pour la fin de la publicité sur France Télévisions
Ce lundi soir, la publicité va entamer son retrait du service public : à partir de 20 heures et jusqu'à 6 heures du matin, elle disparaît sur France 2, France 3, France 4 et France 5. Un mouvement a priori irréversible décrété il y a un an par Nicolas Sarkozy. Fin 2011, si rien n'est venu entraver la marche du chef de l'État, France Télévisions sera totalement débarrassée de la publicité.

France Télévisions dispose de 15 minutes pour convaincre

Cette réforme - qui n'exigeait aucune loi - bouleverse les horaires de la soirée. Le journal télévisé de France 2 a été raccourci à 30 minutes. Le programme de prime time débutera à 20 h 35. Une nouvelle donne qui oblige les chaînes concurrentes à se repositionner. TF1, pour l'instant, observe, avec pragmatisme. M6 et Arte ont, quant à elles, avancé le démarrage de leurs programmes à 20 h 45. Le service public dispose donc de 10 minutes à 15 minutes d'avance sur ses concurrents. Il ouvre le ban, à lui de convaincre. Mais si ses programmes ne sont pas jugés assez attractifs, les téléspectateurs disposeront d'une seconde chance sur Arte et M6 avant de se rabattre, finalement, sur TF1 à 20 h 50.

Nul ne sait si les Français vont modifier leurs habitudes : heure des repas, vaisselle, couchage des enfants, fermeture des volets... Le rite familial qui suit le dîner sera-t-il programmé en avance d'un quart d'heure ? En province, où l'on dîne plus tôt qu'à Paris, les nouveaux horaires devraient satisfaire un large public. Dans la capitale, c'est une autre affaire. Mais tous, Parisiens et provinciaux, devraient apprécier que les programmes de deuxième partie de soirée soient désormais avancés aux alentours de 22 h 30. Par exemple, ce soir, Complément d'enquête , le magazine d'investigation de France 2, débutera à 22 h 25 au lieu de 23 h 10... Autre exemple : vendredi 9 janvier, Café littéraire , l'émission de Daniel Picouly, commencera à 22 h 15. Un bon test pour savoir si les foyers français sont aussi friands de littérature qu'on se l'imagine à l'Élysée...

TF1 et M6 obtiennent 9 minutes de pub par heure

Ceci dit, cette problématique des horaires perd, chaque année, un peu de sa pertinence. Les foyers possèdant une Freebox (et qui savent se servir de la fonction "magnétoscope") ne sont plus autant contraints par les grilles des chaînes. En trois clics, l'abonné Free peut à tout moment enregistrer un programme et commencer à le visionner un peu plus tard... Ou même, grâce à la fonction "pause", figer l'image en cours de route le temps de répondre au téléphone, puis reprendre le visionnage plus tard. Bref, les usages "délinéarisés" de la télévision se développent au gré de l'amélioration des équipements numériques des foyers. Certains professionnels estiment qu'à terme, la VOD et toutes les formes d'usage délinéarisés pèseront environ 15 % de l'audience du petit écran.

Tandis que le service public perd sa publicité, un décret du 19 décembre a autorisé les grandes chaînes privées à allonger de 6 à 9 minutes par heure la durée de leurs écrans publicitaires. Une aubaine à manier toutefois avec précaution. Trop de pub tue l'intérêt des programmes et multiplie les occasions de fuite des téléspectateurs vers les chaînes rivales... Un casse-tête à propos duquel leurs plus gros cerveaux planchent depuis plusieurs mois. Le Point développera cet aspect dans son édition à paraître en kiosque jeudi 8 janvier.

L'ensemble de la presse et les radios privées protestent contre les largesses publicitaires offertes par le gouvernement aux chaînes privées. Nicolas Sarkozy y est resté sourd. Le président de la République réserve aux industriels de la presse et de la radio quelques friandises (allégement des seuils anticoncentration, aménagement du droit d'auteur des journalistes...) qu'il annoncera à la fin du mois de janvier, lors des voeux à la presse.


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