Karim Kadiri crée une symbiose spirituelle entre le luth et le jazz

Magharebia.com/Hassan Benmehdi

Le joueur de luth marocain Karim Kadiri a grandi dans un milieu musical. Des réunions régulières de musiciens et d'admirateurs dans la maison familiale l'ont rapproché de ces instruments et suscité une curiosité qui a alimenté sa carrière musicale. Il a récemment parlé à Magharebia des débuts de sa carrière et de ses projets pour 2009.

Karim Kadiri crée une symbiose spirituelle entre le luth et le jazz
Magharebia: Pouvez-vous nous raconter brièvement votre histoire avec le luth ?
Karim Kadiri: Mon histoire avec le luth a commencé chez mes parents, auxquels je rendais visite de temps en temps, puisque j'ai grandi chez mes grands-parents. Mon père adorait cet instrument et en jouait un peu et souvent invitait certains professionnels pour des soirées Tarab.
Toute ma famille porte cette âme musicale orientale classique. Nous avons toujours eu les échos des maîtres, surtout égyptiens, tel que l'incontournable Oum Kalsoum, Sunbati, Abd El Moutalib, Abd El Halim Hafez, et bien d'autres. Parmi ces grands se trouvait un maître marocain, Ahmed El Bidaoui, que nous adorions tous. Il était un proche de ma famille déjà avant ma naissance, et nous avions donc et avons encore des enregistrements inédits de soirées organisées chez mes parents.
Après avoir écouté ces performances tout à fait incroyables - des solos taqassim où ce géant naviguait délicieusement de maqam en maqam, parfois avec une vitesse et une précision fulgurantes -, j'ai été envoûté et ai donc décidé de commencer à tapoter sur cet instrument magique pour voir si je pouvais en sortir quelque chose de cohérent.
Magharebia: Pourquoi alors vous avez opté pour la fusion luth-jazz ?
Kadiri: La raison en est simple ; je n'ai rien choisi, c'est mon destin qui l'a fait. J'adore toutes les musiques sincères de par le monde. J'ai découvert le jazz à l'âge de 15 ans, grâce à Benny Goodman et son big band. Par la suite j'ai découvert le jazz moderne des années 70, avec Al Di Meola, Chick Corea, Keith Jarrett, etc.
Pour en revenir à la question, je ne suis qu'un entonnoir qui prend tous ces sons et toutes ces vibrations artistiques, qu'elles soient tziganes ou berbères, et en ressort un jus filtré sous forme de compositions à la Karim Kadir. L'espoir bien sûr est de ressortir ce que j'entends dans mon inspiration, sans interférences et sans y ajouter du mien, car tel que ces mélodies me parviennent, mon ingrédient est déjà présent.
Magharebia: Un mot sur vos albums ?
Kadiri: Nous enregistrons en live, car ce genre de musique est spirituel, nous interprétons donc le sentiment du moment et nous réagissons l'un à l'autre. Comme je le disais, nous sommes dans le spirituel, donc tout ce qui est soufi peut être notre inspiration de temps à autre. En fait, le morceau 4 de ce CD s'intitule "l'âme soufie". Je voudrais ajouter que le projet M'Oud Swing, où je joue avec mon groupe de jazz, n'est pas mon seul projet. J'ai un CD rock et je viens de finir deux longues compositions arabes classiques d'un style égyptien.
Magharebia: Quel est le rôle de la musique spirituelle dans le rapprochement des cultures du monde ?
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Kadiri: La musique spirituelle porte un message pour l'ensemble de l'humanité. C’est une musique qui, à mon avis, nous rassemble autour des principes fondamentaux et des valeurs universelles de l’humanité. Elle nous rassemble au sommet des valeurs humaines.
Magharebia: Quels sont vos projets pour cette année ?
Kadiri: Pour 2009, je n'ai pas encore trop de projets car je n'ai pas eu le temps de prospecter les festivals, à part Carthage, Dubaï et quelques autres au Maroc. Après avoir quitté les Etats-Unis l'année dernière, il m'a fallu une avoir une bonne année d'adaptation, donc on verra ce qui va se passer. La chose qui est presque sûre, c'est que nous allons enregistrer notre deuxième album à Philadelphie.
L'espoir cette année est de pouvoir participer au festival fabuleux des musiques sacrées de Fez et au festival Mawazine de Rabat.


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