Kouchner contre-attaque et rejette les accusations de conflit d'intérêt
AFP
- Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, mis en cause dans le dernier livre de Pierre Péan "Le monde selon K.", paru mercredi, a démenti tout conflit d'intérêt et dénoncé une attaque parfois "grotesque et nauséabonde", dans un entretien à paraître jeudi dans le Nouvel Observateur.
"Je n'ai jamais signé un seul contrat avec un Etat africain. Jamais. J'ai été un des consultants d'une entreprise française - Imeda - dans un domaine que je connais: celui de la médecine et de la santé publique". "Sur trois ans de travail, j'ai gagné un peu moins de 6.000 euros par mois après impôts", ajoute-t-il.
Pierre Péan a affirmé mercredi qu'il ne reprochait "rien d'illégal" à Bernard Kouchner mais se dit "choqué" par une "distorsion" entre l'image et les actes de l'ancien french Doctor.
"Je fais très attention aux appréciations, à aucun moment je ne parle d'illégalité", a déclaré le journaliste interrogé sur son livre par la radio France Info. "A aucun moment, moi je ne parle d'entrer dans l'illégalité", a-t-il insisté.
"Je parle d'une distorsion entre ce qu'il fait d'une façon générale et l'image qu'ont les Français de lui. L'image, c'est le chevalier blanc avec le socle de la morale. Je trouve dès le début des années 90 un certain nombre de choses qui ne sont pas en accord avec cette image", poursuit le journaliste.
Mardi, plusieurs députés de gauche et de droite ont demandé à Bernard Kouchner de s'expliquer sur les accusations portées par ce livre
La principale allégation de Pierre Péan concerne de lucratives activités de consultant dans le secteur de la santé en Afrique, entre 2002 et 2007, après la défaite électorale de la gauche à laquelle Bernard Kouchner appartenait avant sa nomination dans le gouvernement de François Fillon.
Selon le journaliste-écrivain, Bernard Kouchner a mené ces activités pour deux sociétés privées, Africa Steps et Iméda, gérées par deux proches, alors qu'il présidait en même temps un groupement d'intérêt public, Esther, consacré à la coopération internationale hospitalière. Il affirme que ces sociétés ont vendu pour près de 4,6 millions d'euros de contrats de conseil sur la réforme des systèmes de santé au Gabon et au Congo.
Pierre Péan affirme aussi qu'une partie de ces sommes n'a été recouvrée par les sociétés qu'après l'entrée en fonctions de Bernard Kouchner au Quai d'Orsay, le 18 mai 2007.
Le ministre assure n'être pas intervenu à ce sujet. Les discussions avec le président gabonais Omar Bongo visaient à "lui dire que je ne pouvais plus m'occuper du système gabonais d'assurance maladie", ajoute-t-il.
Selon son entourage, Bernard Kouchner "n'a pas mis d'argent dans sa poche" et les accusations sur les contrats africains "ne s'appuient sur rien".
Dans le Nouvel Observateur, le ministre rejette aussi en bloc les reproches liés à sa politique à l'égard de la Serbie, de la Birmanie et du Rwanda.
Selon lui, le livre de Pierre Péan est le résultat de "la jalousie". "Dans certains cercles, on n'aime pas la réussite. Pas la mienne en l'occurrence, celle d'un homme qui est resté populaire, hors du gouvernement ou dans le gouvernement qu'il soit de gauche ou de droite".
"Certains réseaux me détestent. Lesquels? Certainement les nostalgiques des années 30 et 40 et tous les révisionnistes, ceux d'hier et ceux qui, aujourd'hui, réécrivent l'histoire du génocide tutsi au Rwanda", dit-il.
Interrogé sur le qualificatif "cosmopolite", utilisé par Pierre Péan à son encontre, Bernard Kouchner répond: "Les bras m'en tombent. Cette accusation est grotesque et nauséabonde".
Dans son livre, Pierre Péan associe l'expression "cosmopolitisme anglo-saxon" à Bernard Kouchner et à l'écrivain Bernard-Henri Levy.
L'auteur reproche aux deux hommes leur "haine" de l'héritage politique français, dont l'"indépendance nationale honnie au nom d'un cosmopolitisme anglo-saxon, droit de l'hommiste et néolibéral, fondements de l'idéologie néo-conservatrice (américaine) que nos +nouveaux philosophes+ ont fini par rallier".
Bernard-Henri Lévy a qualifié mercredi de "saloperies" les accusations du journaliste Pierre Péan, qu'il a qualifié de "nain".
"C'est pathétique, c'est nauséabond. Qu'est-ce que c'est que ces petits mecs qui viennent s'en prendre à quelqu'un qui a passé une vie d'engagement, qui a risqué sa peau sur tous les terrains où ça avait un sens, qui a une oeuvre et une vie extraordinaire", s'est exclamé l'écrivain sur France Int
------------------------------
Bernard Kouchner et François Fillon, le 4 février 2009 à la sortie du Conseil des ministres