L'Algérie annule la dette des agriculteurs

Magharebia.com/Achira Mammeri

L'Algérie annulera la dette de 41 milliards de dinars dus aux banques par les agriculteurs et les éleveurs, a annoncé le Président Abdelaziz Bouteflika samedi 28 février lors d'une conférence agricole à Biskra. Cette annonce est une véritable bouffée d'air pour un monde agricole algérien au bord de l'asphyxie.

L'Algérie annule la dette des agriculteurs
Dès cette semaine, les banques cesseront toute procédure de recouvrement de leurs créances.
Il s'agit de la seconde intervention de ce type en huit ans seulement. En 2001, l'Etat avait décidé d'annuler une dette de 14 milliards de dinars. Mais la mesure n'avait pas eu l'effet escompté ; en huit ans, la dette a presque triplé.
L'annonce faite par M. Bouteflika en pleine campagne pré-électorale a fait l'effet d'une surprise, car le gouvernement était apparu quelque peu intransigeant sur ce point.
Il y a quatre mois, le ministre de l'Agriculture Saïd Barkat (qui est maintenant chargé du portefeuille de la Santé) avait déclaré qu'aucune concession ne serait faite aux agriculteurs. Il avait expliqué à Magharebia que "l'ère de l'apurement de la dette des fermiers est révolue. L'Etat s'y était déjà essayé en 2001." Il avait ajouté que les agriculteurs allaient devoir rembourser leurs prêts et leurs primes.
Mais beaucoup de choses ont apparemment changé depuis.
"[Les agriculteurs] ne sont pas en mesure de rembourser leur dette par suite de la sécheresse, qui a entraîné une réduction importante de la production agricole au cours des deux dernières années", a déclaré le président de l'Union Nationale des Exploitants Agricoles Algériens, Mohamed Alioui.
"Le Président a entendu les appels de détresse du monde agricole", a-t-il ajouté. "Cette mesure redonne un espoir à ce secteur et encouragera les agriculteurs à travailler dur pour garantir la sécurité alimentaire du pays."
"Le Président a répondu aux doléances des fermiers", a souligné Amar Ould El Hocine, le président de la Chambre nationale d'agriculture. "Il a annoncé un certain nombre de mesures pour relancer le secteur."
M. Bouteflika a annoncé des mesures spécifiques pour soutenir les différents secteurs de l'agriculture et de l'élevage, comme la production de grains, de plantes, de céréales, de légumes secs, de pommes de terre, d'olives, de dattes, de fruits et de produits du marché, ainsi que la production et le ramassage du lait.
Les partis politiques ont accueilli favorablement l'annonce selon laquelle le Trésor allait racheter la dette des agriculteurs.
"Cette annulation de la dette des fermiers est une mesure juste", a déclaré le Premier ministre Ahmed Ouyahia, par ailleurs secrétaire général du Rassemblement National Démocratique (RND). Il a toutefois ajouté que "nous ne sommes pas entrés dans la saison de l'annulation des dettes", pour couper court à d'éventuelles demandes d'autres secteurs de l'économie.
Les fermiers ont été pour leur part soulagés à l'annonce de cette mesure.
"En entendant la nouvelle, j'ai eu les larmes aux yeux", explique Mustapha, 55 ans, propriétaire d'une exploitation dans la province de Bejaia, à Magharebia. "Ma dette s'établit aujourd'hui à quelque 300 000 dinars, et je n'aurais eu aucun moyen de la rembourser… Je ne pouvais tirer aucun retour de mon investissement."
"C'est un travail difficile, mais aussi attirant. Mais après plus de cinquante ans de dur labeur et de sacrifices, le futur semble peu prometteur. L'Etat avait déjà apuré la dette des fermiers en 2001. Résultat : huit ans après, cette dette a triplé parce que les agriculteurs ont été abandonnés", explique El Hadj Mohamed, un agriculteur de 67 ans qui a travaillé toute sa vie sur les terres familiales.


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