"L'Assaut" a "remué" les gendarmes qui ont participé à l'opération
AFP
Paris - "L'Assaut", film relatant la libération des otages de l'Airbus à Marignane en décembre 1994 par le GIGN, a "remué" les gendarmes qui ont participé à l'opération mais aussi leurs familles et les membres de l'équipage d'Air France qui étaient dans l'appareil.

L'assaut le 26 décembre 1994 à 17h12 des trois équipes du GIGN, juchées sur des passerelles mobiles, avait été filmé pratiquement en direct par une caméra de LCI, née six mois auparavant et dont les images avaient fait le tour du monde.
"Cette partie de l'assaut est merveilleusement retranscrite et je me suis retrouvé dans l'avion", confie à l'AFP Thierry (Vincent Elbaz dans le film), qui avait pénétré le premier dans l'Airbus par la porte avant droite, suivis de sept autres gendarmes.
"Le réalisateur Julien Leclercq a bien pris en compte +mon Marignane à moi+, tel que je le lui avais raconté", ajoute cet ancien gendarme.
Pris sous le feu du commando du GIA retranché dans le cockpit, il avait été grièvement blessé, atteint de sept balles - dont une a fait exploser la visière de son casque - et par de multiples éclats de grenade. "Peu avant l'assaut, nous avons appris que les quatre membres du commando avaient dit la prière des morts", ajoute Thierry.
"Les 15 minutes de l'assaut du film (20 dans la réalité) nous ont fait faire un vrai retour vers ce que nous avons vécu", relève Jef, qui conduisait la passerelle: il était parvenu, non sans difficulté, à la placer sous la porte avant droite de l'Airbus.
"Le film nous a tous remués", ajoute Jef, l'un des cinq derniers gendarmes de l'opération encore au GIGN.
"Sur la passerelle, tout le monde s'est serré la main en pensant +c'est peut-être la dernière fois+", révèle Olivier, ancien membre du GIGN entré dans l'appareil par la porte arrière droite. "L'assaut, avec son intensité, est la partie la plus réaliste du film qui décrit bien le milieu confiné dans lequel nous avons dû progresser pour faire sortir les otages et rejoindre l'avant de l'avion", ajoute-t-il.
Pour ce jeune père de famille à l'époque, "l'angoisse de nos familles, qui ont suivi à la télévision l'assaut, est également bien rendu".
C'était, de fait, la première fois que les épouses des gendarmes voyaient la réalité du travail de leurs maris. "Avant, raconte Jef, on partait en opération. Nos femmes ne savaient pas où nous allions et, quand on rentrait, on parlait peu de la mission".
"Je nous vois encore à Majorque, se souvient Olivier, en train de faire la queue avec mes camarades derrière un téléphone à pièces pour parler quelques instants avec nos épouses". C'est sur cet aéroport des Baléares que l'appareil avait été prépositionné en vue d'un possible assaut.
Lors de la présentation de "L'Assaut", le 15 février à l'Ecole militaire à Paris, plusieurs femmes de gendarmes étaient au bord des larmes à la fin du film. Une émotion également partagée par les douze membres de l'équipage de l'Airbus d'Air France, qui ont gardé des liens très forts avec le GIGN.
"Ce film est un très bel hommage au GIGN qui l'a très bien accueilli", affirme le général Denis Favier, commandant de l'unité. "Il ne colle peut-être pas exactement avec la réalité, mais c'est un film et non un documentaire, et le réalisateur est libre", conclut cet officier qui avait dirigé l'assaut, au milieu de ses hommes, sur la première passerelle.