L'Italie se cherche un gouvernement issu des élections de février
AFP
Rome - Le président italien Giorgio Napolitano a entamé mercredi les consultations politiques en vue de former un gouvernement issu des élections de fin février, une tâche ardue en raison de l'absence d'une majorité claire au parlement.
Le président du Sénat Pietro Grasso
Avec le président, nous avons "la même détermination sur la nécessité absolue de donner un gouvernement au pays", a déclaré M. Grasso, à sa sortie du Quirinal.
Un véritable casse-tête pour le président, car la coalition de gauche emmenée par le secrétaire du Parti démocrate (PD), Pier Luigi Bersani, dispose de la majorité absolue à la Chambre des députés, mais pas au Sénat, où il ne parvient pas à trouver des alliés.
Or une majorité à la chambre haute est indispensable pour permettre à un gouvernement d'obtenir le vote de confiance nécessaire pour entrer en fonction. En Italie, les deux chambres ont en effet un poids équivalent.
"Je pense qu'il devra donner mandat de former le gouvernement à Bersani", estime Sergio Romano, éditorialiste du principal quotidien italien, Il Corriere della Sera, dans un entretien avec l'AFP.
"Bersani devra l'accepter avec des réserves et s'assurer de l'existence d'une majorité. S'il ne trouve pas de majorité, je crains qu'il ne doive retourner au Quirinal et rendre son mandat", explique-t-il.
Une hypothèse probable en l'état actuel des choses, vu que Pier Luigi Bersani s'est échiné en vain depuis des jours à obtenir au Sénat le soutien du Mouvement 5 Étoiles, qui a cristallisé le vote contestataire et est arrivé en troisième position derrière la coalition de droite de Silvio Berlusconi.
Son leader, le charismatique ex-comique Beppe Grillo, lui a claqué à plusieurs reprises la porte au nez.
Selon James Walston, professeur de Relations internationales à l'American University de Rome, "Bersani travaille actuellement sur une liste de nouvelles personnalités qui ne seraient pas stoppées par Grillo. Grillo lui-même (qui n'est pas membre du Parlement, NDLR) ne voterait jamais la confiance, mais ses partisans pourraient s'abstenir au bon moment".
Pour Sergio Romano, le mandat donné à M. Bersani est "une première phase nécessaire mais qui pourrait n'aboutir à aucun résultat".
Et d'expliquer: "Elle est nécessaire pour que le président puisse passer à l'étape suivante. La Constitution lui permet en effet de choisir une autre personne, un sorte de nouveau Mario Monti", le chef de gouvernement actuel, nommé en novembre 2010 lorsque M. Berlusconi avait dû démissionner en pleine tourmente financière.
"A ce stade, Napolitano devrait vérifier que ce nouveau Monti puisse obtenir une majorité au Parlement", observe Sergio Romano.
Plusieurs noms circulent déjà dans la presse italienne pour diriger ce gouvernement formé d'experts, notamment celui du directeur de la Banque d'Italie Fabrizio Saccomanni.
"Il pourrait aussi venir du Parlement, comme le président du Sénat Pietro Grasso, une personnalité indépendante", estime M. Romano.
"Quel que soit le résultat (des consultations en cours), il sera instable", observe pour sa part le Pr Walston.
Les Italiens devraient être fixés au plus tôt vendredi, car le président doit encore recevoir jeudi Beppe Grillo, les représentants du Peuple de la Liberté (PDL) de Silvio Berlusconi et surtout en fin de journée M. Bersani.
Cette situation de blocage politique tombe au plus mal pour l'Italie, comme l'a lui-même reconnu dimanche le président Napolitano dans une intervention télévisée: "Nous les Italiens nous trouvons aujourd'hui dans une situation dure et difficile à cause de l'économie en berne et du chômage en augmentation chez les jeunes".
Dans l'attente d'un hypothétique déblocage, c'est le gouvernement sortant de Mario Monti qui expédie les affaires courantes.