L'UE perd son triple A en plein sommet, Bruxelles riposte

AFP

Bruxelles - L'agence de notation Standard & Poor's a retiré vendredi son triple A à l'Union européenne, une annonce qui a surpris en plein sommet européen et qui a déclenché une riposte immédiate de Bruxelles.

La note de l'UE, qui sert de référence pour les investisseurs, a été abaissée d'un cran, à "AA+", contre "AAA", qui est la meilleure note possible. La perspective est en revanche "stable", ce qui signifie que S&P n'a pas l'intention de la modifier à moyen terme.

"Ca ne changera rien", a assuré le président français, François Hollande, jugeant "étrange de noter l'UE qui fait très peu d'emprunts", lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet européen.

Mais pour l'agence de notation, la "cohésion" de l'UE s'est dégradée, notamment lors des longues négociations sur le budget pluriannuel de l'UE qui ont nécessité deux sommets de chefs d'Etat fin 2012 puis début 2013 puis donné lieu à un long bras de fer avec le Parlement européen.

Les principaux pays contributeurs au budget de l'UE -- le plus souvent notés "AAA"-- avaient demandé, et obtenu, une réduction de leurs versements, souligne S&P.

En première ligne, se trouve la Grande-Bretagne, qui a âprement défendu son rabais. Londres a d'ailleurs vu son triple A confirmé vendredi par S&P, mais l'agence n'exclut pas d'abaisser la note l'année prochaine si la reprise de son économie s'avérait fragile.

L'agence d'évaluation financière a également confirmé la note "BBB+" de l'Irlande après la sortie du pays dimanche de son plan d'aide international, considérée comme un nouveau signal d'une sortie de crise de la zone euro.

Dans ce contexte, la sentence de S&P sur l'UE a fortement déplu. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a dit son "désaccord" avec S&P, l'agence qui "a dégradé les Etats-Unis". Il a rappelé que Moody's et Fitch attribuaient toujours un triple A à l'UE.

"Standards au rabais"

"Les Etats membres ont toujours, y compris pendant la crise financière, apporté leur contribution au budget européen, et dans les temps", a défendu le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn. Et de rappeler qu'en vertu des traités européens, le budget de l'UE ne pouvait pas être en déficit et que l'UE n'avait pas de dette.

"C'est une analyse faite par des experts qui jadis, avant la crise bancaire, avaient trouvé que tout allait bien. Il faut toujours relativiser une opinion", a réagi le Premier ministre belge, Elio Di Rupo.

L'agence américaine n'en est pas à son coup d'essai. Il y a toute juste deux ans, elle avait déjà menacé d'abaisser la note de 15 pays de l'UE, dont les mieux notés, à deux jours d'un sommet de chefs d'Etat et de gouvernement européens.

Plus violent, un responsable européen sous couvert d'anonymat s'en est pris aux "standards au rabais" ("poor standards") de l'agence. "Ce sont ceux qui ont attribué un triple A à la banque Lehman Brothers" qui a par la suite fait faillite, a-t-il ajouté.

L'UE était prévenue d'un possible abaissement de sa note depuis janvier 2012, quand S&P avait porté la perspective à "négative", face à l'intensité de la crise en zone euro.

Depuis, plusieurs grands pays de l'Union, dont la France, ont vu leur note dégradée. Après la perte par les Pays-Bas de leur "AAA" fin novembre, il ne reste plus que six pays de l'UE dotés d'un triple A. Un autre argument mis en avant par Standard & Poor's.


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