L'UE prolonge sa mission en Géorgie malgré les restrictions russes

AFP

Bruxelles - Près d'un an après la guerre entre Tbilissi et Moscou, les pays de l'UE ont prolongé lundi leur mission de surveillance en Géorgie en dépit des restrictions de déplacement de Moscou, mais ils préfèrent temporiser avant d'envisager d'y inclure des observateurs américains.

L'UE prolonge sa mission en Géorgie malgré les restrictions russes
Au cours d'une réunion à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé de la laisser sur place une année supplémentaire, jusqu'au 14 septembre 2010, a annoncé la présidence suédoise de l'UE. Son mandat d'origine arrive à échéance mi-septembre.

Elle avait été mise en place en octobre 2008, après le conflit armé russo-géorgien d'août au sujet des régions séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. Son objectif est de faire respecter l'accord de cessation des hostilités.

La mission européenne, forte de près de 300 personnes, policiers et gendarmes surtout, est aujourd'hui la seule sur le terrain depuis que Moscou a refusé le renouvellement de celles de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et de l'ONU. Ce qui rend "son rôle d'autant plus crucial", ont estimé les ministres.

Mais contrairement à ces dernières, les Européens n'ont jamais obtenu l'accès aux républiques sécessionnistes et se bornent à surveiller les zones adjacentes en Géorgie même, suscitant des interrogations sur l'intérêt de la maintenir.

Lundi, les ministres ont rappelé que leur mission avait un mandat "sur l'ensemble du pays" et réclamé "un accès sans restriction à l'Abkhazie et à l'Ossétie du Sud.

"Il faut passer de l'autre côté", a renchéri le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, "c'est un combat quotidien".

L'arrêt des missions de l'OSCE et de l'ONU pose surtout à présent la question d'une éventuelle extension de la mission européenne aux Etats-Unis ou à la Turquie, pour lui donner des contours plus internationaux.

Tbilissi milite en ce sens et a déjà approché Washington. "Nous espérons qu'avec cette prolongation il sera possible d'élargir le mandat de la mission, y compris l'éventualité de la participation de pays tiers non membres de l'UE", a déclaré à l'AFP à Tbilissi la responsable du Conseil national de sécurité de Géorgie, Eka Tkeshelashvili.

Le gouvernement géorgien a le soutien de principe de plusieurs pays européens, même si tous s'accordent à dire que la question n'est pas d'actualité.

"Nous voulons que la mission soit aussi efficace que possible" donc "si d'autres (pays) veulent venir sous la bannière de l'UE, il n'y pas de problème", a déclaré lundi aux journalistes le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband.

Le chef de la diplomatie finlandaise, Alexander Stubb, a jugé également qu'une participation américaine "enverrait le bon signal", même si le moment n'est "pas mûr" pour prendre une décision. Le sujet sera discuté en septembre.

D'autres pays se montrent plus circonspects, de crainte de se mettre à dos la Russie. "Il est prématuré de discuter de changements" surtout s'il s'agit d'y intégrer de "nouveaux Etats", a estimé le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini.

M. Kouchner s'est montré aussi réservé. "Ce n'est pas le moment je crois de se poser la question" car l'arrivée d'observateurs américains pourrait être "une provocation à peut-être plus d'incidents".

Autre problème: la mission de l'UE a-t-elle vraiment besoin de davantage d'effectifs compte tenu des limites de son action? Tous les pays n'en sont pas convaincus. Et il faudra l'unanimité des Etats de l'Union européenne pour accepter un pays tiers.


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